À quoi sert la Coupe arabe de la FIFA ?

Par Anas Bakhkhar
6 min.
Le trophée de la Coupe Arabe de la FIFA 2021 @Maxppp

Ce mardi débutera la 10e édition de la Coupe arabe de la FIFA avec le match d'ouverture opposant la Tunisie et la Mauritanie à 11 heures (heure française). L'occasion pour le Qatar de préparer l'organisation de la prochaine Coupe du Monde à l'automne 2022...

Comme une répétition à moins d'un an du prochain Mondial, le Qatar organise la Coupe arabe de la FIFA, anciennement appelée Coupe arabe des nations et prise en charge cette année par la FIFA. Une compétition relancée par l'instance du football mondial, puisque cela fait neuf ans qu'elle n'avait plus connu le jour. Pour retrouver la dernière en date, il faut remonter à l'été 2012 en Arabie Saoudite. Cette neuvième édition avait connu le sacre de la sélection locale marocaine, guidée par l'ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille Eric Gerets, aux dépens de la Libye en finale. Mais depuis, l'UAFA (Union des associations arabes de football), non reconnue par la FIFA mais approuvée par les fédérations des pays appartenant à la Ligue arabe, a délaissé ce tournoi avant que la FIFA ne remette la main dessus et permettre d'avoir un avant-goût de la capacité du Qatar à accueillir une compétition internationale.

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À la conquête de ce titre, 15 sélections rejoignent le Qatar : sept d'entre elles ont décroché leur ticket à la suite d'un tour de qualification organisé entre les 14 équipes les moins bien classées selon le classement FIFA (Oman, Liban, Jordanie, Bahreïn, Mauritanie, Palestine, Soudan). Elles retrouvent les huit autres équipes du haut du classement, qui sont l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Égypte, l'Arabie Saoudite, l'Irak, les Émirats Arabes Unis et la Syrie. Ces 16 nations sont divisées en quatre poules, avant la traditionnelle phase à élimination directe qui devrait apporter une belle somme aux participants. En effet, si les équipes participantes reçoivent dès le départ un chèque de 750.000 dollars, les quarts de finalistes toucheront 1 million, puis les récompenses seront réparties selon le classement du dernier carré : la petite finale déterminera le troisième (2 M$) et le quatrième (1,5 M$), tandis que le vainqueur final remportera 5 M$ et le finaliste 3 M$.

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Une promotion des championnats locaux

Organisée en fin de première partie de saison des championnats européens et donc en dehors des trêves internationales de la FIFA, la tenue de la compétition panarabe posait une problématique : quelle équipe envoyer au Qatar ? Si plusieurs sélections ne se poseront pas cette interrogation, puisque les ligues arabes ont aménagé leurs calendriers pour libérer leurs joueurs, d'autres sont contraintes ou décident d'envoyer leurs équipes locales ou évoluant dans ces championnats, comme le Maroc et l'Algérie. Invaincus depuis près de deux ans toutes compétitions confondues, les Lions de l'Atlas A' de Houcine Ammouta sont les favoris de la compétition, avec un groupe convoqué essentiellement composé de locaux de la Botola (D1 marocaine), entre-semés de joueurs évoluant en Égypte, Émirats Arabes Unis et Arabie Saoudite. Du côté des Fennecs, plusieurs cadres de l'équipe A ont pu être convoqués par l'ex-international algérien Majid Bougherra, en charge des locaux : l'ancien défenseur de Geugnon pourra compter sur les présences de Raïs M'Bolhi, Youcef Belaïli, ou encore Baghdad Bounedjah pour tenter d'apporter aux Verts son deuxième trophée en un peu plus de deux ans, après la Coupe d'Afrique des Nations 2019 en Égypte. Tout comme n'importe quel tournoi de sélection, la Coupe arabe de la FIFA pourrait donc mettre la lumière sur des talents qui n'auraient pas eu cette visibilité dans leurs championnats respectifs.

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Tout comme le sélectionneur de l'Arabie Saoudite Hervé Renard, qui a décidé de non seulement faire participer l'équipe olympique et de donner les rêves à son adjoint Laurent Bonadei, passé auparavant par l'AS Nancy-Lorraine et le Paris Saint-Germain. Néanmoins, certains sélectionneurs ont pu avoir certains soucis avec des convocations : celui du Soudan, Hubert Velud, dont l'effectif est principalement composé de locaux, croyait pouvoir compter sur l'arrivée de Yasin Hamed, bloqué par son club hongrois Nyiregyhaza Spartacus. «Même si la Coupe Arabe ne tombe pas dans les dates FIFA, son club avait donné son accord. Mais nous venons de recevoir un mail, nous informant que finalement, Hamed n’était plus mis à la disposition de sa sélection nationale. Le club a justifié cela par rapport aux risques sanitaires, alors que le joueur est vacciné, et qu’au Qatar, un maximum de précautions seront prises. Je ne trouve pas cela très correct de faire cela au dernier moment, et je suis en colère, car nous devons déjà déplorer plusieurs absences liées à des blessures», avait-il déclaré dans des propos récoltés par Sport News Africa.

Le Qatar, un terrain d'expérimentation ?

Et si la FIFA a décidé de relancer la Coupe arabe des nations, ce n'est pas seulement pour avoir un avant-goût de la Coupe du Monde 2022, mais également pour le premier grand test d'une innovation : la détection semi-automatisée du hors-jeu. Cette technologie avait déjà été appliquée «en Allemagne, Espagne et Angleterre», mais il s'agit de sa première utilisation dans une compétition internationale. Pour ce faire, «des caméras seront installées sous le toit de chaque stade, décrit le directeur de la technologie et de l'innovation, Johannes Holzmüller. Les données de suivi des mouvements des joueurs extraites de la vidéo seront envoyées à la salle des opérations. La ligne de hors-jeu détectée et le point de contact seront fournis au technicien vidéo en temps quasi-réel. Le technicien vidéo pourra montrer les données immédiatement à la VAR, ajoute-t-il. Lors de la Coupe Arabe de la FIFA™, un assistant VAR dédié sera en mesure de valider et de confirmer aussitôt l'information.» Ainsi, si cette expérience s'avère concluante, le hors-jeu automatisé pourrait être prêt pour la Coupe du Monde l'automne prochain, comme l'avait teasé le chef du développement du football mondial Arsène Wenger en octobre dernier.

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«La décision est prise après avoir analysé non seulement la position des joueurs, mais aussi leur implication dans le mouvement, a expliqué l'ancien arbitre international Pierluigi Collina. La technologie - aujourd'hui ou demain - peut tracer une ligne mais l'évaluation d'une interférence avec le jeu ou avec un adversaire reste entre les mains de l'arbitre.» Aujourd'hui président de la Commission des Arbitres de la FIFA, Collina a également tenu à expliquer l'importance de cette révolution pour le futur du football : «la technologie est très importante et utile tant dans la préparation d'avant-match, que dans la prise de décision pendant les rencontres. En cas de hors-jeu, la décision est prise après analyse non seulement de la position des joueurs, mais aussi de leur implication dans le mouvement. La technologie pourra tracer une ligne, mais l'évaluation d'une interférence dans le jeu ou avec un adversaire restera du ressort de l'arbitre.»

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