Isaac Hemans Arday : « le foot m’a permis de quitter le foyer »

Par Augustin Delaporte
7 min.
PSG Isaac Hemans Arday @Maxppp

Série - Episode 3. Contraint par le fair-play financier et après avoir supprimé son équipe réserve, le Paris Saint-Germain a consenti à plus de 50 départs durant l’été 2019, qu’il s’agisse de membres de son staff ou de joueurs. Pour savoir comment ils ont rebondi, Foot Mercato va aux nouvelles. Rencontre avec Isaac Hemans Arday pour ce troisième opus, pour parler du PSG bien sûr, mais aussi de boulangerie et de son « grand frère » Bafé Gomis.

Foot Mercato : Le 24 mai 2019 le PSG supprime l’équipe réserve dont vous êtes un cadre (55 apparitions en deux saisons de National 2), comment l’avez-vous vécu ?

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Isaac Hemans Arday : (Il réfléchit) C’était triste. Déjà, on ne s’y attendait pas. Il restait un match avant la fin du championnat… et on apprend ça. C’est un problème. Pour moi bien sûr, mais surtout pour ceux en fin de contrat qui pensaient rester avec la réserve comme Abdallah (Yaisien, ndlr) notre capitaine… Ils pouvaient se retrouver avec rien. Moi il me restait deux ans de contrat donc j'avais le temps de me retourner. Mais je m’inquiétais pour ceux qui n’avaient rien. Ça fait mal mais c’est le choix du PSG. On doit le respecter.

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FM : Vous en avez parlé entre vous ?

IHA : Pas trop. C’est arrivé en fin de saison… (déçu) On nous a dit : «vous jouez le dernier match et après c’est fini.»

FM : Vous avez alors dû quitter le PSG.

IHA : Je me suis assis avec le coach (Thomas Tuchel, ndlr), on a discuté et il m’a clairement dit que je devais trouver une solution.

FM : Ça vous a fait un pincement au cœur de devoir partir ?

IHA : Oui clairement. En plus je m’entendais bien avec l'entraîneur de la réserve (Leeroy Echteld, ndlr). On avait des choses en commun au niveau du jeu, sur et en dehors du terrain. On avait même commencé à penser pour les années à venir donc vous imaginez… Ça m’a fait du mal.

FM : Durant vos deux saisons à Paris vous avez croisé de nombreux jeunes du centre, il y en a un qui vous a tapé dans l’œil ?

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IHA : (Il coupe) Tanguy Kouassi !

FM : Pourquoi ?

IHA : Au niveau du volume, de la technique, du physique ou de la vision, c’est incroyable ce qu’il fait à son âge. Et puis il est gentil et humble. Il n’est pas du genre à attraper la grosse tête. Il écoute énormément quand on lui parle aussi. C’est pour ça qu’il progresse très vite. Il a envie d’apprendre.

FM : Vous avez aussi une relation particulière avec Colin Dagba…

IHA : Je l’ai connu lors de ma première année et dans le vestiaire on rigolait, on jouait, on faisait n’importe quoi ensemble ! Une fois, il faisait froid et il me frappait avec la neige alors j’en ai gardé plein jusque dans le vestiaire (de la neige, ndlr) et je lui aie tout lancé dessus (rire fort) ! Parfois dans un vestiaire certains joueurs sont plus que des coéquipiers. Des gens sur qui on peut compter. Avec Colin, j’ai partagé beaucoup de choses.

FM : Vous suivez sa progression ?

IHA : Oui. Je lui écris aussi. Quand il s’est blessé j’ai tout de suite pris de ses nouvelles. C’est important.

FM : Avant de quitter le PSG, vous avez participé à la tournée de pré-saison avec l’équipe première. C’est un autre monde ?

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IHA : Au milieu de joueurs comme (Marco) Verratti ou Kylian (Mbappé) tu progresses vite. Tout va vite en fait. Si tu fais une erreur, ça se paye cash. Quand tu es dedans (au sein du groupe) tu sais très bien que tu dois bosser plus qu’eux si tu veux y arriver.

FM : Et en dehors du terrain ?

IHA : J’étais choqué ! Quand on se réveillait à l’hôtel il y avait déjà des gens qui attendaient. Tu te dis : «ils ne dorment pas ou quoi ?» (rires) Là tu te rends compte que ce n’est pas juste du foot. Les gens arrivent à six heures pour venir voir des joueurs. Franchement ce n’est pas juste du foot… (songeur)

FM : Puis en septembre vous atterrissez à Cholet (National).

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IHA : Oui, avec mon agent on a trouvé que Cholet était la meilleure option donc j’y suis allé pour un prêt d’un an.

FM : Pourquoi la meilleure option ?

IHA : Pour jouer.

FM : Vous êtes satisfait ?

IHA : Oui. Et puis au niveau du vestiaire c’est très différent (par rapport à Lyon et Paris, ndlr), les gens sont vraiment gentils, plus simples, bien quoi. Ça m’a beaucoup aidé au niveau de l’adaptation.

FM : Issa Cissokho a rejoint le SO Cholet cet hiver. Son parcours vous inspire (il est devenu professionnel à 25 ans) ?

IHA : Il a un poids très important dans le vestiaire et sur le terrain. Avec Ismaël Keita ils apportent de l’expérience.

FM : Vous suivez ses recommandations cinématographiques postées sur LinkedIn pour le confinement ?

IHA : Non je ne suis pas trop sur les réseaux … (rires)

FM : La vie à Cholet c’est…

IHA : (grande respiration) … C’est différent, c’est différent. C’est une petite ville. J’ai été à Lyon, à Paris, et là je suis à Cholet. Mais d’un côté c’est bien aussi parce que tu te concentres que sur le foot. A Lyon et Paris j’avais des amis alors qu’ici je ne connais pratiquement personne. Tu joues au foot, tu rentres à la maison, tu fais deux trois courses, … T’es vraiment à fond sur le foot.

FM : Vous avez aussi acquis un CAP boulangerie durant vos années lyonnaises.

IHA : Oui je voulais avoir quelque chose à côté du football. Le foot c’est bien mais on ne sait jamais dans la vie. Moi la boulangerie cela me plaisait. Donc de cinq heures du matin à midi je travaillais et ensuite je partais à l’entraînement. J’ai fait ça pendant un an et demi. Puis, quand j’ai eu mon diplôme je me suis focalisé sur le foot.

FM : Vous avez alors changé de vie.

IHA : Le foot m’a permis de quitter le foyer, d’habiter seul, d’apprendre certaines choses. Tu te fais à manger, tu fais tes courses, … Ça m’a permis de grandir. Entre vivre avec beaucoup de gens qui viennent de différents pays et vivre seul, ça n’a rien avoir. (silence)

FM : Vous avez une spécialité en tant que boulanger ?

IHA : (longue réflexion) Le pain au lait.

FM : A Lyon vous avez également noué une relation particulière avec Bafetimbi Gomis.

IHA : Quand je suis arrivé à Lyon, il avait des soucis avec le club à propos de la signature d’une prolongation de contrat. Il s’entraînait avec la réserve. Et c’est à partir de là que l’on a commencé à discuter. Il a appris mon histoire et a commencé à me parler de sa femme… (Il se coupe) Comme on s’entraînait tous les jours ensemble, c’est devenu comme un grand frère pour moi. Il m’a invité chez lui, je connais sa femme, ses enfants, … C’est un frère à vie. Il me conseille énormément. Il y a des moments où je voulais arrêter (le foot, ndlr) quand j’étais blessé parce que j’avais une double fracture de la cheville, c’était vraiment difficile, et il était là pour moi. Il m’a permis de garder la tête haute, de travailler et il m’a dit qu’avec la patience ça allait aller.

FM : Vous êtes lié avec le PSG jusqu’en 2021, c’est quoi la suite ?

IHA : C’est dans un coin de ma tête. Quand la saison sera terminée, je m’assiérais avec Paris et mon agent et on verra ce qui est mieux pour moi et le club. J’aimerais bien rester mais j’ai envie de jouer.

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