Le projet pharaonique de la ville de Ris-Orangis pour le futur stade du Paris Saint-Germain
Alors que le PSG cherche activement un nouveau site pour bâtir son propre stade, la ville de Ris-Orangis, en Essonne, dévoile une ambition hors norme : transformer l’ancien hippodrome en un véritable temple du football. Entre enjeux territoriaux, attractivité métropolitaine et rêve de grandeur, ce projet pourrait bien redessiner le paysage sportif du sud francilien.

Le Paris Saint-Germain est plongé dans un bras de fer tendu avec la mairie de Paris autour du Parc des Princes depuis plusieurs années, son enceinte mythique depuis 1974. Le club, détenu par le fonds qatari QSI depuis 2011, souhaite acquérir le stade afin de pouvoir y engager un vaste projet de rénovation et d’agrandissement. Le but : faire passer la capacité de 48 000 à environ 60 000 places, tout en modernisant les installations pour répondre aux standards des plus grands clubs européens et générer davantage de revenus (billetterie, hospitalités, naming). Mais la maire de Paris, Anne Hidalgo, a catégoriquement refusé de vendre le stade, évoquant des raisons de patrimoine, de cohérence urbaine et d’équilibre budgétaire pour la Ville. Le PSG, de son côté, affirme qu’il a investi plus de 85 millions d’euros dans le Parc depuis 2011, sans pour autant avoir la pleine maîtrise de son outil. Le conflit est désormais public, durable, et a poussé le club à menacer officiellement de quitter le Parc des Princes, évoquant une «situation devenue intenable» pour son développement stratégique. Nasser Al-Khelaïfi avait d’ailleurs affirmé à ce sujet en novembre dernier : «j’aime beaucoup le Parc des Princes, tout le monde l’aime. Si je décide avec mon cœur, je dis qu’on ne part pas. Mais quand je réfléchis avec la tête, on est mort. En Europe, tous les grands clubs ont 80 000 ou 90 000 places. Si on veut être de ce niveau pour nos supporters, il faut agrandir le stade. On n’a pas d’autre solution. Si c’est acté ? On va partir. On n’a pas le choix. La ville ne nous laisse pas le choix. C’est une décision de la ville parce qu’on ne peut pas faire ce qu’on veut dans le stade».
Dans ce contexte, plusieurs communes d’Île-de-France se sont dites prêtes à accueillir le futur "hub" du PSG, qui ne serait pas un simple stade, mais un complexe multifonctionnel à l’image des grands clubs comme le Real Madrid ou le Bayern Munich. Le club cherche un espace suffisant (environ 50 à 70 hectares) pour construire une enceinte de plus de 60 000 places, accompagnée de commerces, restaurants, hôtel, musée du club, fan zones, centre d’affaires et infrastructures logistiques. Parmi les sites potentiels, Massy (Essonne) et Poissy (Yvelines) – où le PSG a déjà implanté son Campus d’entraînement – figurent en bonne position. Gonesse (Val-d’Oise), qui cherche à relancer l’aménagement de la zone du Triangle de Gonesse après l’abandon du projet EuropaCity, est aussi en lice. Montigny-le-Bretonneux (dans les Yvelines), ou encore Saint-Denis, près du Stade de France, ont également été mentionnées. Ces municipalités y voient une chance de dynamiser leur territoire économiquement et symboliquement. Ce projet de nouveau stade représenterait un tournant historique pour le PSG, à la croisée entre un attachement sentimental à son lieu d’origine et la nécessité de grandir à l’échelle mondiale. Mais une autre municipalité est prête à contrecarrer les plans de ses concurrents : la ville de Ris-Orangis dans l’Essonne a des arguments pour contenter la direction du PSG avec un site d’une surface de 100 hectares qui englobe l’ancien hippodrome et l’ex-usine de LU-Danone, située à 25 kilomètres de la capitale, accessible avec les lignes D et C du RER, le Tram T12, l’autoroute A6, ainsi que les routes nationales N7 et N14. Le projet pourra possiblement jouir d’un renforcement des transports en commun dans le cadre du développement du Grand Paris. Ce dossier, sobrement intitulé «Objectif 2030», porte plusieurs avantages stratégiques pour le Paris Saint-Germain que les élus ont tenu à présenter à la presse ce mercredi 14 mai.
Un stade de 90 000 places ?
La ville a mis les petits plats dans les grands pour son dossier de candidature. Entre l’ancien hippodrome désaffecté de 83 hectares, la friche de l’ex-usine LU-Danone et le Bois Saint-Eutrope, la municipalité de Ris-Orangis peut proposer un total de 100 hectares aménageables pour 2030 sans servitude afin d’éviter une catastrophe écologique, ni habitation proche pour minimiser le risque de pollution sonore : «c’est vrai que ça fait un an que les premiers contacts ont eu lieu avec le club et que jusqu’à présent, nous avons décidé, c’est une vraie décision, d’être le plus discret possible pour préserver l’intégrité du dialogue avec les instructeurs du dossier, avec les décideurs aussi du dossier. Sauf que la presse s’est saisie de cette question et on a vu un flot de papier et il y avait plein de choses qui étaient dites, qui étaient fausses, totalement fausses. Et donc pour reprendre la main et pour initier un débat public et pour permettre surtout au club d’instruire avec le plus d’objectivité possible, il était normal qu’on présente nos atouts devant l’opinion publique, devant la presse, en incarnant les arguments qui viennent d’être développés très rapidement. Nous avons l’intime conviction que le site que nous proposons, c’est un site exceptionnel, unique et idéal pour l’implantation du futur stade du Paris Saint-Germain et de son village. Pourquoi ce site est idéal ? D’abord, parce qu’il est grand. Il est extrêmement généreux. On indique que nos plans et nos documents transmis à la direction générale du club, les 100 hectares de la friche de l’hippodrome, mais aussi les 17 hectares de la friche de l’ex-usine LU-Danone. Plus de 100 hectares dans la zone urbaine dense et en même temps suffisamment éloignés des premières habitations pour nous permettre d’avoir l’ambition de développer un projet urbain aussi ambitieux que celui du Paris Saint-Germain», a expliqué longuement le Maire de Ris-Orangis et conseiller départemental d’Essonne, Stéphane Raffalli. L’hippodrome est fermé et laissé à l’abandon depuis 1996 lorsque France-Galop a décidé de quitter les lieux pour s’installer à Vincennes et Boulogne. Dans les années 70, il était un lieu familial très prisé des habitants du sud de Paris.
La ville de Ris-Orangis promet justement de nombreux aménagements pour créer un véritable village-hub dédié au Paris Saint-Germain où la direction qatarie pourra aisément installer des restaurants, des boutiques, des musées et toutes autres activités liées à l’histoire et à l’actualité du PSG : «sa première caractéristique est d’être un espace extrêmement grand, vaste et confortable pour un projet urbain d’envergure. Si on dézoome légèrement, au-delà des 100 hectares, vous avez à quelques centaines de mètres sur la commune de Bondoufle, un autre foncier qui peut être intéressant pour le PSG. C’est le fameux Stade Bobin, un stade de 20 000 places disponibles, qui n’a pas tout à fait trouvé sa vocation depuis sa création et qui pourrait servir à des activités proposées par ce grand club du Paris Saint-Germain, on pense évidemment et très spontanément aux équipes féminines qui ont besoin d’un lieu à la fois d’entraînement et de diffusion de leur match. Tous ces terrains, et essentiellement les deux terrains principaux, sont des terrains publics. Ils appartiennent à la communauté d’agglomérations Grands Paris Sud et sont actuellement portés par un outil que les élus connaissent bien, l’établissement foncier de la région Île-de-France pour le compte de notre intercommunalité. C’est un avantage considérable, puisque ce sont le bloc local, l’agglomération et les communes concernées qui sont titulaires de l’ensemble des prérogatives pouvant décider avec le club de l’avenir de ce foncier. On unifie le dialogue entre un acteur économique, un grand club sportif et un bloc local qui est unifié autour de l’idée de la cession», a ajouté Stéphane Raffalli qui décrit le dossier de Ris-Orangis comme «cochant toutes les cases». Le département de l’Essonne et les communes concernées (Ris-Orangis et Grigny notamment) sont favorables au projet, voire proactifs pour accueillir le PSG. Cette friche de l’Hippodrome avait d’ailleurs déjà fait l’objet de convoitises de la Fédération française de rugby (FFR) pour installer sa grande enceinte, avant que le projet soit abandonné par le président nouvellement élu Bernard Laporte.

Le Maire de Ris-Orangis, Stéphane Raffalli, fait visiter en exclusivité l'ancien hippodrome de plus de 100 hectares. La municipalité est déterminée à accueillir le futur village et stade du Paris Saint-Germain.
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Le PSG, nouveau visage de la capitale ?
Ce projet colossal est également soutenu par d’autres acteurs majeurs de la région notamment l’Agglomération Grand Paris Sud et Coeur d’Essonne Agglomération. De quoi ressouder les liens locaux et donner du poids à un dossier aux belles allures : «il y a une envie commune de porter cette candidature. Je ne doute pas un seul instant que le PSG arrive ici avant 2030, ce qui d’ailleurs va nous permettre d’y aller plus souvent, puisque finalement, ça sera juste à côté. A Coeur d’Essonne, ça nous a semblé tout de suite naturel et les élus n’ont pas hésité une seule seconde à soutenir cette candidature. Ce qui est quand même important, et c’est sans doute le seul dossier où on a deux territoires qui s’associent et qui portent ensemble cette candidature. Ce projet a de grandes forces. Ce sud francilien est vraiment la locomotive dans cette grande Île-de-France. C’est pour ça que nous sommes nombreux. C’est pour ça qu’avec nos collègues, nous nous associons avec beaucoup d’enthousiasme et beaucoup d’envie», a poursuivi longuement Eric Braive, président de Coeur d’Essonne Agglomération et Maire de Leuville-sur-Orge. «Il n’y a pas en France un grand projet qui sort s’il n’y a pas une unité politique. Cette unité politique aujourd’hui, elle existe sur le territoire puisque les 23 maires sont ici. C’est un bassin de vie de 600.000 habitants qui portent d’une certaine manière cette candidature. Notre site est hors-norme pour un projet hors-norme à très fort potentiel. Le futur de l’Île-de-France se construit ici, dans nos jeunes territoires, innovants où le sport est un moteur essentiel. Ce projet connecté à la capitale et à sa région est fortement soutenu par tous les acteurs, qui sont unis pour construire avec le PSG, un équipement unique» a complété Michel Bison, président de l’Agglomération Grand Paris Sud et Maire de Lieusaint. Quitter la Porte d’Auteuil pour déménager à 25 kilomètres de Paris pourrait néanmoins refroidir certains supporters parisiens issus des 20 arrondissements ou de la Petite Couronne.
Mais pour Stéphane Raffalli, l’impact du PSG doit se généraliser à toute l’Île-de-France, afin de faire du club de la capitale un symbole aussi puissant que la Tour Eiffel, le Louvre ou l’Arc de Triomphe. : «le projet du Paris Saint-Germain, c’est par nature un projet populaire. Et qu’il soit installé sur un territoire populaire, ça me paraît être cohérent. Le fait que, historiquement, le Paris Saint-Germain ait trouvé sa place et son jardin à la porte d’Auteuil, ça a évidemment déterminé sans doute une part de son identité. Mais ici, nous le revendiquons tout le temps, comme élus locaux de la seconde couronne, nous sommes le Grand Paris. Ici, c’est Paris en grand. C’est ça notre slogan. Ici, c’est Paris en grand. Pourquoi on a scandé ça dès les premiers instants de notre candidature ? D’abord, pour être respectueux de l’affiliation avec les supporters. C’est leur slogan à chaque match. Ici, c’est Paris. La deuxième chose, c’est qu’ici, on peut penser à un projet d’équipement en grand. C’est tout le débat sur les frontières du Grand Paris. Moi, j’imagine qu’ici, c’est l’entrée de Paris et qu’à l’entrée de Paris, on verra le stade du Paris Saint-Germain. C’est le PSG qui marquera l’entrée sud de Paris, parce qu’il y a tous ceux qui viendront dans le village du Paris Saint-Germain, parce que c’est un lieu de destination pas simplement les jours de match. Le stade sera un totem. Il sera vu et sera fait pour être vu. Il sera vu depuis la Francilienne, depuis l’autoroute A6…», a conclu Raffalli. Si le choix final appartient au PSG, les atouts de Ris-Orangis en font un candidat de poids. Reste à savoir si le club parisien pariera sur l’Essonne pour écrire une nouvelle page de son histoire. Entre passé équestre et rêves de gloire, Ris-Orangis espère offrir au PSG plus qu’un stade : un écrin pour sa légende. Le destin du club parisien s’écrira-t-il sur ces terres en quête de renaissance ?