Diego Armando Maradona, le Pibe de Oro devenu le Dieu du football

Par Aurélien Léger-Moëc
5 min.
Diego Maradona soulève la Coupe du Monde 1986 @Maxppp

Diego Armando Maradona est décédé ce mercredi à l'âge de 60 ans. Retour sur sa carrière extraordinaire et tumultueuse, qui l'a érigé pour beaucoup en dieu du football.

C'est tout le monde du football qui est en deuil. Son représentant le plus génial, le plus fou, le plus charismatique, Diego Armando Maradona, est décédé ce mercredi 25 novembre 2020, à l'âge de 60 ans, des suites d'un arrêt cardio-respiratoire. Légende de l'Argentine, légende du football, celui qui était le Dieu de tellement de supporters et d'amoureux du football nous a quittés après une vie extraordinaire, marquée de coups d'éclats somptueux et d'autres moments moins glorieux. Maradona, c'est d'abord un enfant argentin dont le rêve était de devenir footballeur et de jouer un jour la Coupe du Monde. Un gamin précoce, vite surnommé El Pibe de Oro (le gamin en or), qui démarrera sur les pelouses de son pays avant ses 16 ans, pour son premier match avec les professionnels avec Argentinos Juniors. Trois ans plus tard, le voilà transféré au mythique club de Boca Juniors, où il deviendra un dieu vivant et le joueur le mieux payé.

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C'est notamment pour cette charge économique trop grande que le club acceptera de le transférer au FC Barcelone en 1982. Mais à Barcelone, Maradona connaîtra ses premiers tourments. Arrivé dans la foulée de la Coupe du Monde 1982, où il se distinguera par un premier coup de sang en mondiovision (il inflige un coup de pied à un joueur brésilien et est expulsé), le numéro 10 reçoit un traitement de choc de la part des défenseurs de Liga. Les tacles sont rudes et Maradona connaîtra les affres de la blessure, avec une cheville cassée suite à un tacle de Goikotxea, défenseur de l'Athletic. Outre l'accueil violent sur le terrain, l'Argentin est confronté à un certain scepticisme de la part des observateurs, qui sont moins émerveillés par le Pibe de Oro, dont les frasques extra-sportives commencent à se mettre en place. C'est à Barcelone qu'il commencera à prendre de la cocaïne, addiction qu'il développera par la suite à Naples. Au final, Barcelone ne restera qu'une étape mineure dans sa carrière. Mineure mais pas stérile (38 buts en 58 matches et un titre de meilleur joueur de Liga).

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L'idole de Naples

Qui dit Maradona dit bien évidemment Naples, ville de tous les excès que le gaucher d'1m65 rejoint en 1984. Accueilli par 70 000 supporters napolitains dans un stade San Paolo surchauffé, il se rend compte de la passion sans limite que vouent les locaux à leur club de football. Une passion que Maradona va encore plus transcender par sa folie en dehors et sur le terrain. Loin d'être aussi armé que la Juventus et les autres cadors de l'époque, Naples s'en remet à son génie argentin. Huitième lors de la première année, troisième lors de la deuxième et enfin premier en 1987, le club du sud de l'Italie peut enfin exulter, sous le commandement de son numéro 10. C'est l'âge d'or, avec le doublé Coupe-Serie A de 1987, la Coupe de l'UEFA en 1989 et la Serie A de 1990 qui viennent garnir l'armoire à trophées du Napoli. Naples, sa folie, sa passion, et ses excès dans lesquels Maradona tombe de façon récurrente. Ses liens avec la mafia napolitaine, la Camorra, sont établis et sa consommation de cocaïne plus grande que jamais. Mais à Naples, il est protégé et si toute la ville est au courant, ses frasques ne le détournent pas encore du terrain.

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Cela se compliquera lorsqu'il cherchera à quitter Naples, et que, comme par magie, les tests effectués en marge des rencontres deviendront positifs. Il est ainsi contrôlé positif à la cocaïne en mars 1991 et sera suspendu 15 mois. L'OM se positionne pour le recruter mais c'est finalement le Séville FC qui le recrute en 1992. Le club espagnol ne profitera qu'un an du footballeur argentin, sur le déclin et physiquement en difficulté. Maradona quittera l'Europe pour rejoindre l'Argentine où il finira sa carrière aux Newell's Old Boys puis à Boca Juniors. Il raccrochera définitivement les crampons le 13 juillet 1997, à 37 ans.

La Coupe du Monde 1986, son chef d'oeuvre

Diego Maradona n'a évidemment pas fait chavirer que le cœur des Napolitains. Les plus fous du Pibe de Oro sont bien évidemment les Argentins. Car le numéro 10 leur a offert la Coupe du Monde 1986, qui reste son chef d'œuvre absolu. Devenu capitaine de la sélection voulant oublier le désastre du Mondial 1982 en Espagne, il réalise une compétition sublime d'un bout à l'autre, avec le match qui le fera basculer définitivement dans la légende, face à l'Angleterre en quart de finale. Un but de la main, la main de Dieu comme il le dira lui-même, et un but d'anthologie après un slalom fou dans un contexte tendu entre les deux nations en raison de la guerre des Malouines, et voilà Maradona devenu plus qu'un joueur de football. L'Argentine vaincra la RFA en finale après un match à suspense (3-2).

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La suite sera moins glorieuse et la Coupe du Monde 1990 sera très difficile pour Maradona et ses compatriotes. Ses coups d'éclat permettent à une Albiceleste moins brillante de rallier la finale, mais à quel prix. Joué en Italie, le Mondial sera aussi un déchirement pour le joueur argentin, qui battra la sélection italienne sur la pelouse du San Paolo, son royaume napolitain. Sifflé par le public à Rome lors de la finale face, une nouvelle fois, à la RFA, Maradona ne parviendra pas à rééditer l'exploit. Rappelé pour un dernier tour de piste lors de la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis, Maradona aura le temps de marquer un but sublime face à la Grèce et de disputer deux matches de poule avant d'être contrôlé positif à l'éphédrine et de quitter la compétition par la petite porte.

Après la fin de sa carrière, Maradona enchaînera les cures de désintoxication, les problèmes de santé et les confessions sur les plateaux de télévision. Jamais lisse, souvent effronté, il se distinguera par des comportements exubérants, voire grossiers, lors de ses apparitions publiques, notamment dans certains stades. Sa carrière d'entraîneur ne décollera jamais, même s'il aura l'opportunité d'être le sélectionneur de l'Argentine d'octobre 2008 à juillet 2010. Il passera ensuite par Al Wasl et Fujaïrah Sports Club aux Emirats Arabes Unis, aux Dorados de Sinaloa au Mexique, et terminera en 2019 en Argentine au Gimnasia La Plata, dont il était encore officiellement l'entraîneur.

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