Youcef Belaïli, l’enfant terrible du football algérien a encore frappé

Par Maxime Barbaud
4 min.
Youcef Belaïli avec l'AC Ajaccio @Maxppp

Après son départ chaotique du Stade Brestois 29 en début de saison, Youcef Belaïli est en train de conclure son histoire avec l’AC Ajaccio de la même manière. À l’image de ses dribbles, l’international algérien connaît une carrière tortueuse.

Aussi talentueux que problématique. Voilà comment on pourrait résumer les quelques mois passés en Ligue 1 de Youcef Belaïli. On ne devrait pas le revoir de sitôt, lui qui fait désormais l’objet d’une procédure disciplinaire après avoir déserté sans prévenir les terrains d’entraînement de l’AC Ajaccio ces derniers jours. D’après L’Équipe, il aurait été aperçu à l’aéroport Napoléon-Bonaparte mardi soir et serait actuellement à Oran, sa ville natale en Algérie. C’est déjà la seconde fois qu’il "disparaît" sans donner de nouvelle. Il était revenu en retard après la dernière trêve internationale, prétextant une blessure aux adducteurs, échographie envoyée depuis son smartphone à l’appui.

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« Il n’y a jamais eu d’histoire Belaïli, si c’est de cela dont vous voulez parler. Oui, il est revenu en retard de sélection, mais il s’est blessé. Tant que les joueurs mettent de la bonne volonté à l’entraînement, je compte sur eux. Youcef fait partie de ces joueurs-là » s’était justifié Olivier Pantaloni. Cette fois, l’ACA ne passera pas l’éponge, comme expliqué ce vendredi matin. Il faut dire que les espoirs de maintien des Corses sont quasiment réduits à néant. Le technicien l’a lui-même concédé. Malgré le statut de meilleur buteur du club corse (6 buts, à égalité avec Mounaïm El Idrissy), il préfère redescendre en Ligue 2 avec un groupe sain, sans l’international algérien, décidément un cas à problème.

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Une fin déjà difficile à Brest

Belaïli était arrivé libre dans la cité impériale au mois d’octobre dernier, deux semaines après avoir résilié son contrat à Brest. L’aventure en Bretagne ne s’était pas bien terminée non plus. Débarqué à la fin janvier 2022, l’ailier avait eu le temps d’inscrire 3 buts et délivré 2 passes décisives, participant au maintien du club. Des performances qui lui ont permis de prolonger, mais deux mois plus tard, c’est le renversement de situation. Malgré des débuts plutôt corrects en championnat, l’Algérien vit mal l’éloignement et souhaite s’en aller. C’est une surprise, mais derrière ce départ express se cache une autre réalité peu réjouissante. Il a laissé le logement qu’il occupait dans un état déplorable.

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Il y a en a pour environ 50 000 euros de travaux, explique un témoin au Télégramme. « Tous les matelas ont dû être changés, la cuisine à refaire. Comme la maison était chauffée à 28 degrés en permanence, les sols ont gondolé sous l’effet de l’humidité. Sans parler des mégots dans la baignoire, des portes de placards arrachées, des casseroles brûlantes posées à même le plan de travail… Un véritable carnage. » Pendant que le club cherche à minimiser les incidents, sans les démentir, le joueur se défend. « Certains ont voulu salir mon image m’accusant d’actes répréhensibles que j’ai d’ailleurs battu en brèche avec preuves à l’appui, » explique-t-il dans un communiqué publié via la fédération.

Brillant sous certaines conditions

C’est bien la seule qui continue à protéger son international (44 sélections, 9 buts). Fantasque sur le terrain, Belaïli l’est aussi dans la vie. Avant Ajaccio et Brest, il évoluait au Qatar SC. Son contrat a été résilié du jour au lendemain le 16 décembre 2021. Deux jours avant, c’est lui qui inscrivait au bout du temps additionnel (à la 90e+16 !) le but de la victoire en demi-finale de la Coupe Arabe entre le Qatar et l’Algérie. Évidemment, il n’en fallait pas plus pour faire naître des rumeurs d’une possible punition de la direction qatarie envers celui qui les a privés d’une victoire. Des ragots vite écartés. Disposant d’offres en Europe, Belaïli réclamait une revalorisation salariale que son club d’alors ne pouvait lui offrir. Son contrat est cassé avec effet immédiat.

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Il était déjà revenu de loin, car avant cette seconde victoire internationale après la CAN 2019, le joueur de 31 ans a connu une trajectoire chaotique. Révélé au MC Oran puis à l’Esperance de Tunis entre 2010 et 2014, il confirme lors de son passage à l’USM Alger. Ses performances lui ouvrent les portes de la sélection, alors dirigée par Christian Gourcuff. C’est aussi à cette période qu’il connaît les premiers problèmes. À l’été 2015, le joueur est contrôlé positif à la cocaïne. Il reconnaît les faits et plaide une erreur de jeunesse, mais le mal est fait. Il écope d’une suspension de 4 ans, ramenée finalement à deux ans. Son ascension s’arrête net, alors qu’il a 23 ans et une carrière prometteuse devant lui.

L’Europe ne lui réussit pas

L’Europe lui tendait les bras. Ce n’est que partie remise puisqu’une fois la suspension purgée en 2017, Saïd Chabane décide de lui donner sa chance au SCO. «Tout le monde fait des bêtises, même vous, même moi !» Les mots du président angevin se révéleront prophétiques, mais c’est une autre histoire. Stéphane Moulin déchante vite. Jugé à court de forme, Belaïli n’est pas opérationnel, selon son coach, qui ne lui accorde qu’une seule apparition en Coupe de la Ligue entre septembre et décembre. L’expérience s’arrête là. L’Algérien retourne à l’Espérance de Tunis où il reprend son envol pour connaître ses meilleures années. Si brillant au Maghreb, au Moyen-Orient et en sélection, Belaïli ne connaîtra jamais la même réussite sur le Vieux Continent, trop loin des siens.

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