Espagne : le Deportivo La Corogne est en train de revenir d’entre les morts !
Club au passé glorieux dont les nostalgiques des années 2000 se souviendront, le Deportivo La Corogne a ensuite sombré, touchant le fond avec une relégation en D3. Mais ces dernières années, le club galicien revient en force.
Pour les plus jeunes, le Deportivo La Corogne n’évoque probablement pas grand chose. Pour ceux qui ont les golfes qui commencent à se creuser et les premiers cheveux blancs qui pointent le bout de leur nez, le club galicien évoque sûrement de très bons souvenirs footballistiques. Parmi les meilleurs clubs d’Espagne et même du continent à la fin des années 90 et au début des années 2000, le Super Depor a trusté les premières places en Liga et dans les différentes coupes auxquelles il participait, dont cette fameuse Copa del Rey remportée au Bernabéu face au Real Madrid l’année du centenaire du club de la capitale espagnole (2002). Sous la tunique bleue et blanche, on a pu voir des grands noms du ballon rond briller, comme Rivaldo, Bebeto, Djalminha, Fran Gonzalez, Diego Tristan, Juan Carlos Valeron, Nourredine Naybet, Pedro Miguel Pauleta ou Roy Makaay pour n’en citer que quelques-uns. Cependant, la suite a été bien moins glorieuse…
En l’espace de quelques années, le club a connu un déclin drastique. Sur la deuxième partie des années 2000, l’écurie galicienne a traversé une crise financière terrible, payant cher la politique de transferts trop gourmande du président Augusto César Lendoiro lors de la golden era du club. Comme beaucoup de clubs espagnols qui ont vécu au-dessus de leurs moyens sur cette période - on peut aussi citer Valence ou le Betis - le Deportivo a commencé à crouler sous les dettes. Des difficultés sur le plan économique qui se sont logiquement traduites par des difficultés sur le terrain, et les années 2010 ont été particulièrement grises pour le club. Entre redressement judiciaire, relations un peu troubles avec Jorge Mendes et crise institutionnelle permanente, le club est allé jusqu’à couler en troisième division en 2020. Clairement, si le Depor n’avait pas une telle fan base et un tel poids dans sa région, il aurait probablement disparu…
Le Depor a connu le purgatoire
Mais comme un phénix, le club a réussi à renaître de ses cendres. La banque locale Abanca, jusqu’alors sponsor, a pris les commandes du club en 2020. Ce qui n’a pas plu à bon nombre de fans, pas enthousiastes à l’idée de voir une banque diriger leur club de cœur. Mais force est de constater qu’avec une gestion bien plus professionnelle que ce qui avait été fait jusqu’ici et avec une force financière conséquente, Abanca a remis le Deportivo sur le droit chemin institutionnellement et financièrement. Sur le papier, les résultats sont d’ailleurs bluffants. Le Deportivo a ainsi effacé l’intégralité de sa dette en septembre 2024, qui s’élevait à 160 millions d’euros dix ans auparavant.
Sur le terrain, ce fut un peu plus compliqué, puisque le club a tout de même eu du mal à sortir de l’enfer de la troisième division espagnole. Malgré une politique de recrutement intéressante et des fonds bien supérieurs à ceux de leurs rivaux de leur catégorie à disposition, il aura fallu attendre l’été 2024 pour retrouver le football professionnel avec cette montée en deuxième division. Quatre ans en D3, avec un stade très souvent plein il faut le signaler, et une première saison en deuxième division l’an dernier pendant laquelle le club a tout de même bataillé un peu pour se maintenir, terminant à la seizième marche du classement. Cette saison en revanche, les supporters du Deportivo peuvent avoir des motifs d’espoir puisque le club est quatrième au classement après dix journées.
Un avenir radieux ?
Sous les ordres d’Antonio Hidalgo, le Deportivo réalise donc un super début de saison, avec de nombreux joueurs intéressants à suivre. Le fantasque ailier Yeremay (22 ans) fait office de star du projet, lui qui est convoité par des gros clubs européens et qui sera objet d’une très grosse vente cet été. Le défenseur Dani Barcia (22 ans), les milieux Mario Soriano (23 ans) et José Gragera (25 ans), les ailiers Luismi Cruz (25 ans) et David Mella (20 ans) et l’attaquant néerlandais Zakaria Eddahchouri sont aussi des joueurs à suivre. Mais surtout, au-delà de ce qui se passe sur le terrain, c’est en coulisse que le club travaille pour consolider ses bases et éviter, dans un avenir plus ou moins proche, une nouvelle descente aux enfers. Avec le jeune italien Massimo Bennassi (34 ans) à la baguette dans le rôle de directeur général, le Deportivo veut ainsi rattraper le retard accumulé ces dernières années et se développer sérieusement.
Le club vient ainsi d’annoncer un investissement de 40 millions d’euros pour un centre d’entraînement dernier cri, à la manière d’un Valdebebas, qui accueillera l’équipe première, les féminines et les équipes de jeunes. L’objectif est aussi de booster la formation du club, un peu en retard de ce côté-là par rapport à la plupart des clubs espagnols, surtout si on compare avec les voisins du Celta de Vigo par exemple. Le stade de Riazor va lui aussi être agrandi et rénové, avec la volonté d’héberger des rencontres de la Coupe du Monde 2030 et de faire du stade une véritable source de revenus, comme c’est à la mode en Espagne aujourd’hui. Sur le paseo maritimo de la plage d’Orzan, on sait qu’on est encore très loin de retrouver le Super Depor des années 2000. Mais les années les plus tragiques et dures à vivre semblent désormais loin derrière, et le retour tant attendu en Liga risque de ne pas se faire attendre bien longtemps…