Arsenal : Martin Ødegaard, l’enfant prodige du Real Madrid devenu maestro des Gunners

Par Lucas Billard
7 min.
Martin Odegaard, le capitaine d'Arsenal @Maxppp

Longtemps considéré comme un éternel espoir incapable de confirmer au plus haut niveau au Real Madrid, Martin Ødegaard a bien grandi en Angleterre, où il est devenu le maître à jouer et le capitaine d’un Arsenal impressionnant.

« Tout ce qu’il fait avec le ballon, ou sans le ballon, chapeau ! » Qu’elle semble loin l’époque où l’étiquette d’éternel prodige ne réussissant pas à confirmer collait à la peau de Martin Ødegaard. Ces propos de Mikel Arteta en disent long sur le maestro qu’est devenu l’élégant milieu offensif norvégien, dont le pied gauche soyeux régale autant qu’il émerveille les fans d’Arsenal, match après match, depuis de très nombreuses semaines maintenant. Le 17 décembre 2016, alors qu’il faisait encore ses gammes avec le Real Madrid Castilla et continuait sa formation destinée à faire de lui une star du grand Real Madrid, Ødegaard a fêté ses 18 bougies et atteint la majorité. 6 ans plus tard, il peut fièrement se targuer d’avoir, à 24 ans, atteint la maturité tant espérée et attendue par la Casa Blanca pendant de longues années.

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Recruté 2,8 M€ par le Real en janvier 2015, quand il n’avait que 16 ans, le natif de Drammen n’a fait qu’enchaîner les prêts (Heerenveen, Vitesse Arnhem, Real Sociedad), sans jamais trouver sa place du côté du Santiago-Bernabéu (11 matchs, après avoir fait ses débuts à 16 ans et 157 jours, en mai 2015, en remplaçant un certain Cristiano Ronaldo). Son destin a clairement basculé lorsqu’il a rejoint, toujours en prêt, les Gunners en janvier 2021. En seulement 6 mois, Martin Ødegaard a convaincu Mikel Arteta de le faire signer définitivement pour lui confier les clés du jeu léché mis en place par l’Espagnol.

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Arsenal a redonné vie à la magie d’Ødegaard

Grâce notamment à un travail remarquable d’Edu, le directeur sportif du club londonien, les Merengues ont lâché le Norvégien en échange de "seulement" 35 M€. Un montant dérisoire au regard du talent et du rendement du joueur, mais aussi des prix souvent affolants du marché. Pour sa première saison pleine en Angleterre, Ødegaard a d’abord eu du mal à faire parler son talent avec Arsenal, avant de monter en puissance, tel un timide chef d’orchestre cherchant la note idéale pour trouver son rythme de croisière.

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Dans la continuité de sa fin d’exercice 2021-2022, en boulet de canon, l’ancien Madrilène est désormais le phare des Gunners, dictant le jeu avec précision et beauté, tout en le sublimant d’ouvertures ou de dribbles dont lui seul a le secret. Son nouveau statut de capitaine d’Arsenal, même s’il portait déjà le brassard en fin de saison dernière quand Lacazette était devenu remplaçant, a peut-être contribué à cette transformation radicale en l’espace de quelques mois. « J’ai l’impression qu’il a grandi, dans le sens où il est plus à l’aise quand il parle à la presse et cela rime avec la façon dont ses entraîneurs (Arteta et Solbakken) le décrivent dans le vestiaire, analyse Mats Arntzen, journaliste pour VG Sporten en Norvège. Il est très respecté parce qu’il est très calme, très mature et qu’il a une grande connaissance du football en lui. »

Un capitaine toujours plus influent

Sur le terrain, ce changement se ressent plus que jamais. Là où Ødegaard peinait à faire des différences dans le dernier tiers, il est maintenant un élément décisif, redoutable et redouté dans la zone décisive. La preuve en chiffres : cette saison, Ødegaard a 0,66 d’Expected Goals (xG) par match (90 min), soit presque le double par rapport à la saison dernière (0,35 xG/match). Seuls trois joueurs de Premier League cette année, à savoir Erling Haaland (24), Harry Kane (16) et Ivan Toney (15) ont été impliqués sur plus de buts que Martin Ødegaard (12), que Foot Mercato avait rencontré juste avant le début de saison en Angleterre.

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« Je pense qu’Arteta a déjà dit qu’il voulait qu’il soit plus impliqué dans la surface de réparation. Il l’a fait lui-même. Il sait que si vous voulez être mentionné parmi les meilleurs joueurs du monde, vous devez marquer des buts et délivrer des passes décisives. Si vous regardez ses prévisions de buts et de passes décisives, les chiffres s’améliorent. Cela fait partie de son rôle dans une équipe qui fonctionne bien. C’est plus facile pour lui lorsqu’il peut faire confiance aux défenseurs et aux milieux défensifs pour distribuer le ballon dans des zones plus dangereuses », explique notre confrère norvégien au sujet de son compatriote.

Ødegaard adoubé par Arsène Wenger

Si Arsenal trône en tête de la Premier League, c’est en partie grâce aux performances remarquables de son n°8, qui a d’ailleurs été élu meilleur joueur des mois de novembre-décembre en championnat après avoir inscrit 3 buts et délivré 3 passes décisives en 4 matchs, portant son total à 7 réalisations et 5 offrandes depuis le début de la saison. Martin Ødegaard est au passage devenu le premier "Player of the Month" portant le maillot des Canonniers depuis Pierre-Emerick Aubameyang, en septembre 2019.

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« Il ressemble vraiment à un jeune Cesc Fábregas, je pense qu’il est devenu un joueur complet, a lui analysé Arsène Wenger auprès du média norvégien TV2, rappelant qu’il avait désespérément tenté de le faire signer quand il avait 15 ans, avant qu’il ne file au Real Madrid. C’est un joueur très calme qui analyse bien le jeu. Je suis super impressionné. C’est vraiment un garçon terre-à-terre et gentil. Sa façon d’analyser le jeu. Il faisait aussi ça à 15 ans… » Et Wenger de poursuivre. « Mais je m’inquiétais pour Martin. Après son arrivée à Arsenal, il a retrouvé sa créativité. Il joue incroyablement bien et maîtrise tout dans le jeu. Il est complet. Je l’aime à tous points de vue dans le jeu. Défensif et offensif. Il prend des décisions rapidement, et toujours de manière optimale. C’est remarquable ! Je l’aime et j’aime la façon dont il rend le football si facile. Il s’est très bien développé. C’est vraiment incroyable. Ses décisions, il est aussi un leader dans l’équipe. »

Ødegaard doit aussi porter la Norvège aux côtés d’Haaland

Maintenant qu’il s’est clairement affirmé au plus haut niveau, Martin Ødegaard sera attendu de pied ferme en sélection (47 capes, 2 buts), où il porte également le brassard de capitaine. « Le fait qu’il ne soit pas aussi bon en équipe nationale qu’en club fait l’objet d’un long débat en Norvège, éclaire Mats Arntzen. Je pense que c’est injuste. Presque à chaque match, il est l’un des meilleurs joueurs de l’équipe nationale, mais les attentes sont si élevées. La Norvège n’est souvent pas capable de dominer les matchs comme le fait Arsenal et cela affecte évidemment les forces d’Ødegaard. Et puis il ne faut pas oublier que le football est un jeu avec une opposition. Lorsque vous jouez contre la Norvège, il est évident que le moyen le plus facile de faire taire Haaland est de faire taire Ødegaard. Il est donc beaucoup plus difficile pour lui de recevoir le ballon dans des zones dangereuses lorsqu’il joue pour la Norvège que lorsqu’il joue pour Arsenal, en raison de la force de l’équipe et du niveau de ses coéquipiers », souligne le journaliste norvégien.

En attendant, Martin Ødegaard a bien l’intention de tout faire pour ramener Arsenal au sommet de la Premier League. Le choc sur la pelouse de l’ennemi juré, Tottenham, ce dimanche (17h30), sera une nouvelle fois l’occasion pour le Norvégien de confirmer qu’il a bel et bien changé de dimension. « Nous n’avons pas réussi à atteindre notre objectif l’an passé, donc cette année, nous avons très faim et nous voulons montrer nos qualités », nous confiait-il au début de saison. Et si le retour au premier plan des Gunners marquait définitivement l’avènement du jeune talent norvégien ayant longtemps eu du mal à confirmer les espoirs placés en lui ?

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