Comment le PSG a renversé le Barça ?

Par Josué Cassé
7 min.
La joie des Parisiens après la qualification à Barcelone @Maxppp

À Montjüic, le Paris Saint-Germain, dos au mur après sa défaite (2-3) au Parc des Princes, s’est offert une remontada (6-4 sur l’ensemble des deux rencontres) face au FC Barcelone pour valider son ticket pour le dernier carré de la Ligue des Champions. Un exploit XXL aux explications multiples…

Quart de finale retour de la Ligue des Champions. Mardi 16 avril 2024. 12e minute de jeu. Dans l’ambiance incandescente du stade olympique Lluís Companys, le Paris Saint-Germain semble, une fois de plus, rattrapé par ses angoisses passées. Celle d’un club à l’effectif pléthorique mais régulièrement confronté à ce que les experts ont nommé plafond de verre. Annoncé, à tort ou à raison, comme favori de la double confrontation face au FC Barcelone, le club de la capitale sombre. Encore et toujours quand vient l’heure de dessiner un avenir radieux sur la scène européenne. Défaits (2-3) lors du match aller, les hommes de Luis Enrique sortaient pourtant d’une entame plus que convaincante mais sur un premier éclair de Lamine Yamal, Raphinha, auteur d’un doublé au Parc des Princes, assumait un peu plus son statut de bourreau en déviant le cuir du tibia dans les cages de Gianluigi Donnarumma. Sonnés, les champions de France en titre voyaient alors le dernier carré de la compétition s’éloigner inexorablement. Et pourtant.

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Le carton rouge d’Araujo, un tournant

À l’heure où nous écrivons ces lignes, ce sont bien les Rouge et Bleu qui défieront le Borussia Dortmund avec la ferme ambition de rejoindre Wembley pour la grande finale. Comment alors expliquer un tel retournement de situation ? Avant de se plonger dans l’analyse plus fine de ce «moment historique», selon les dires de Nasser al-Khelaïfi, un fait de jeu ne peut être occulté pour justifier, plus ou moins en partie, cette remontada 2.0 : l’expulsion de Ronald Araujo avant même la fin de la première demi-heure (29e). Lancé en profondeur par Nuno Mendes, Bradley Barcola, auteur d’une prestation étincelante en terres catalanes, se voyait en effet accroché par l’Uruguayen à l’entrée de la surface. Istvan Kovacs n’hésitait guère et renvoyait le natif de Rivera, en position de dernier défenseur au moment d’intervenir, au vestiaire. «L’expulsion conditionne le match. Ça nous laisse à dix et le PSG a beaucoup de qualités en attaque et dans l’équipe en général», avouait, à ce titre, Marc-André ter Stegen en zone mixte, bien conscient qu’un premier tournant venait de se jouer. La suite, elle, n’aura finalement que confirmé les craintes évoquées. Relancé juste avant la pause grâce à Ousmane Dembélé, décisif au second poteau (40e), le PSG finissait par totalement faire exploser le Barça au retour des vestiaires.

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Si Vitinha permettait aux siens de revenir à égalité sur l’ensemble des deux rencontres (54e), Dembélé poussait de son côté João Cancelo à la faute et Kylian Mbappé se chargeait de transformer le pénalty (61e). En fin de match, le meilleur buteur de l’histoire du club, opportuniste sur la frappe repoussée de Marco Asensio, y allait même de son doublé pour entériner la qualification francilienne. Une performance d’autant plus remarquable puisque qu’aucune formation française n’avait, jusqu’alors, atteint le tour suivant d’une phase à élimination directe après avoir perdu le match aller. Un succès notamment expliqué par certaines certitudes retrouvées. Dans cette optique, la composition de départ alignée par Luis Enrique - un 4-3-3 où Achraf Hakimi (suspendu à Paris) faisait son retour dans le couloir droit et où Ousmane Dembélé et Bradley Barcola entouraient Kylian Mbappé dans la peau d’un numéro 9 - donnait forcément plus d’automatismes que le onze concocté par le technicien espagnol lors du premier round (Marquinhos latéral droit, le duo Beraldo-Hernandez en défense centrale, Marco Asensio titularisé en faux 9). Globalement dominateur et plus à l’aise collectivement, le PSG aura cependant eu besoin d’un fait de jeu favorable et d’un état d’esprit irréprochable pour venir à bout de l’actuel 2e de Liga. Invisible la semaine passée et largement critiqué, Kylian Mbappé apparaissait, à ce titre, bien plus impliqué dans les desseins de son club.

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Un collectif complice et déterminé…

«Vous devrez revoir le pressing effectué par Kylian Mbappé. Il a été le leader indiscutable de l’équipe. C’est la pression qu’il a exercée avec Ousmane (Dembélé) et Bradley (Barcola) qui a fait qu’on a pressé à 5. Quand Mbappé est leader par l’exemple, l’équipe est beaucoup plus forte. Chapeau ! C’était ce que nous voulions tous. C’est la preuve qu’il peut montrer l’exemple, et quand Kylian le fait, nous sommes largement meilleurs», remarquait notamment Luis Enrique en conférence de presse après avoir diffusé sa confiance dans le vestiaire parisien. Fort d’une sérénité à toute épreuve, même après l’ouverture du score barcelonaise, l’Ibérique de 53 ans aura lui aussi définitivement joué un grand rôle dans cette issue heureuse. «Les supporters croient en nous, mais à part eux, personne ne croit en nous. Il faut leur montrer ça. Même avec le but encaissé, on n’a pas lâché. Le coach nous a dit qu’on allait gagner le match. On est resté tranquille, on a cherché le but. Gagner ici 4-1, c’est incroyable. Je ne veux pas trop parler, mais il (Luis Enrique, ndlr) est incroyable, dans la tactique, dans la tête, dans la façon dont il nous parle, il nous fait croire que tout est de notre côté. Il a le mérite dans cet éliminatoire c’est un coach incroyable», résumait, en ce sens, Vitinha.  

Un esprit conquérant également perceptible dans le discours de Bradley Barcola : «on s’était dit qu’on voulait gagner, qu’on venait pour gagner, on a beaucoup travaillé pendant la semaine, la tactique, on était prêt et on a fait ce qu’on devait faire», confiait l’ancien Lyonnais avant d’être rejoint par Kylian Mbappé. «On est une grande équipe, on a beaucoup travaillé pendant ces six jours. On a toujours été habité par l’idée qu’on allait gagner ici. C’est un grand jour pour le club, pour tous ceux qui y travaillent. Félicitations au groupe». De passage en zone mixte, Nasser al-Khelaïfi, président des Rouge et Bleu, n’hésitait pas non plus à mettre l’accent sur cette cohésion. «C’est une équipe ce soir, ce n’est pas juste un joueur. Tous, les onze. Ils ont tous montré qu’ils voulaient gagner. On a montré de la personnalité, du caractère, à commencer par notre coach Luis Enrique que vous connaissez bien ici à Barcelone». Des propos accompagnés de chiffres puisque le PSG aura tiré 21 fois au but (9 tentatives cadrées) contre seulement 7 pour les Culers. Maître de la possession et déterminé à l’idée de passer par les côtés (23 centres au total), le club de la capitale aura globalement parfaitement géré cette supériorité numérique. Une réussite collective où certains cadres ont malgré tout scintillé un peu plus par leur rendement individuel.

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Marquinhos taille patron, Vitinha et l’habitude de l’excellence

Souvent blâmé pour son efficacité après de telles rencontres, Marquinhos a, à ce titre, parfaitement tenu son rang. Solide dans le duel et précieux à la récupération (5 ballons grattés), le défenseur brésilien s’est aussi distingué par deux énormes retours défensifs en fin de rencontre. À ses côtés, Lucas Hernandez a lui très bien géré la menace Robert Lewandowski. Autoritaire, l’ancien joueur du Bayer Munich a très régulièrement gêné le Polonais dans ses prises de balle, souvent dos au but. Une charnière centrale rigoureuse qui aura, dans le même temps, pu apprécier le nouveau récital de Vitinha. Décisif à l’aller, le Portugais a tout simplement confirmé qu’il avait changé de dimension. Juste techniquement, précis dans ses transmissions et foudroyant de sang-froid au moment d’armer sa frappe qui aura finalement permis aux Parisiens de reprendre l’avantage, celui qui totalise 9 buts et 5 passes décisives en 40 matches toutes compétitions confondues depuis le début de la saison était une fois de plus encensé par son entraîneur. «J’aimerais parler de Viti surtout, il a lutté au milieu de terrain et il a aussi eu beaucoup de qualités les buts ce soir».

«C’est une sensation incroyable, c’est difficile d’expliquer. J’ai rêvé de ça il y a longtemps, de marquer pour aider l’équipe, pour gagner. Il faut souligner le mérite que l’on a. On a beaucoup de mérite, c’est incroyable ce qu’on vient de faire. On est en demi-finale, on est très heureux», avouait de son côté l’intéressé, plus que jamais sur son petit nuage. Enfin, difficile de ne pas mettre à l’honneur le secteur offensif parisien au sortir de cette qualification historique. Souvent jugée trop scolaire, l’attaque francilienne a cette fois-ci pu compter sur trois hommes en pleine réussite. Loin d’avoir réalisé son meilleur match sous les couleurs franciliennes, Kylian Mbappé aura malgré tout porté ses partenaires avec un nouveau doublé. Deux réalisations lui permettant de faire son entrée dans le top 10 des meilleurs buteurs de l’histoire de la compétition. Percutant et passeur décisif, Bradley Barcola restera quant à lui comme le facteur X de ce scénario renversant. Enfin, hué pour son retour à Barcelone et insulté sur chaque ballon touché, Ousmane Dembélé avait lui une mission : faire taire ses détracteurs. Un défi relevé avec brio ouvrant désormais les portes du dernier carré aux hommes de Luis Enrique…

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