Maroc : Hakim Ziyech, un destin tragique

Par Hanif Ben Berkane
5 min.
Hakim Ziyech avec le Maroc @Maxppp

En conflit avec son sélectionneur et plus convoqué avec le Maroc depuis juin 2021, Hakim Ziyech a décidé de prendre sa retraite internationale. Retour sur son histoire mouvementée avec les Lions de l'Atlas.

« Je ne reviendrai pas en équipe nationale. C’est ma décision finale. Tout est clair pour moi. Je me concentre sur ce que je fais, mon club. Je ne reviendrai pas en sélection. » En marge de la demi-finale de la Coupe du monde des clubs, Hakim Ziyech décidait de lâcher une petite bombe dans le football marocain. En conflit depuis plusieurs mois avec son sélectionneur Vahid Halilhodzic qui lui reproche de nombreux problèmes de comportement avec le Maroc, la star de Chelsea décidait donc de mettre un terme à sa carrière internationale, à seulement 28 ans. De quoi penser qu'après 40 sélections, Ziyech est passé à côté d'une belle carrière avec un pays qui ne cesse de le réclamer. Car HZ22 a toujours eu des liens particuliers avec les supporters marocains avec qui il a été d'abord en conflit, puis admiré puis encore en conflit avant d'être une nouvelle fois admiré.

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Dès ses débuts avec le Maroc en octobre 2015, Hakim Ziyech avait tout de suite ébloui par son talent. Gaucher soyeux et doté d'une qualité de passe exceptionnelle, il était vite devenu le maître à jouer de la formation de Badou Zaki, ancien gardien emblématique de l'équipe nationale. Avec l'arrivée d'Hervé Renard en tant que sélectionneur, les débuts étaient du même acabit mais finalement, le caractère du joueur avait fini par causer quelques soucis et un premier conflit avec Renard l'avait privé de la CAN 2017. Le joueur n'avait pas apprécié de ne pas débuter en tant que titulaire face au Cap-Vert. Un conflit qui allait éloigner Ziyech du Maroc pendant quasiment un an. Mais durant toute cette période, les supporters ne cessaient de réclamer son retour, allant même jusqu'à crier son nom dans chaque match de la sélection. Cette situation avait d'ailleurs beaucoup agacé Renard qui avait lancé en après-match : «je ne vais pas passer mon temps dans un stade à entendre des Ziyech partout. Sinon un jour, je pense que vous me verrez partir et vous serez contents. Il reviendra et moi je partirai.» Plusieurs joueurs dont Nabil Dirar et Younes Belhanda avaient aussi été agacés par le comportement des supporters.

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Un statut qu'il a eu du mal à confirmer

Finalement, c'est grâce à une intervention du président de la FRMF (fédération marocaine) Faouzi Lekjaa que les choses rentreront dans l'ordre. Bien plus tard, au micro de RMC, Hervé Renard évoquait ce conflit avec recul. «Lors du match retour contre le Cap-Vert, Hakim Ziyech est rentré seulement 25 minutes, mais il n’était certainement pas satisfait du stage dans son intégralité. Je commets là une erreur : je ne lui parle pas. Chacun part de son côté. La situation se crispe. (...) Passé un an, mon président m’a dit : "il faudrait qu’on aille le voir, vous voyez la saison qu’il fait ?" J’ai dit oui, sur ses qualités, il n’y a rien à dire, c’est ce qu’il nous faut. On est partis à Amsterdam et au bout de trois minutes de conversation, tout était réglé. Lui avait envie de revenir, il est très attaché à son équipe nationale. Moi j’avais besoin de lui et j’ai reconnu mes erreurs.» Par la suite, les deux hommes tisseront de vrais liens et Hakim Ziyech sera l'un des hommes forts de la sélection en étant également l'un des grands artisans de la qualification. Et si sa Coupe du monde 2018 aura été quelconque, la plus grosse déception de sa carrière restera très certainement sa CAN 2019.

Auteur d'une saison exceptionnelle à l'Ajax avec un parcours héroïque en Ligue des champions, le milieu de 28 ans passait totalement à côté de sa Coupe d'Afrique enchaînant les matchs décevants avec surtout ce penalty manqué contre le Bénin qui élimine prématurément son équipe en 8eme de finale. Un raté et une communication par la suite (il ne reviendra pas sur cette élimination) qui vont lui causer quelques soucis avec les supporters. Mais pour Hervé Renard, Ziyech a toujours été au rendez-vous. «Le joueur est remarquable avec une vision du jeu exceptionnelle. Il a un pied gauche de niveau Ligue des champions. En confiance, c'est un joueur extraordinaire qui est capable de changer le cours d’un match à lui seul», lance l'actuel sélectionneur de l'Arabie Saoudite. Pourtant, en colère, les fans décident de le siffler lors des premiers matchs. L'occasion pour le nouveau sélectionneur Vahid Halilhodzic de défendre son joueur. «Je suis déçu qu'on siffle un joueur de l'équipe nationale. Il ne mérite pas ça, ce n'est pas bien. C'est un garçon adorable et un super joueur.» Pour lui montrer sa confiance, Vahid décidait par la suite de lui donner le brassard de capitaine.

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Une personnalité qu'il faut comprendre

Mais le mauvais comportement du joueur lors des entraînements et son manque d'envie dans les matchs dérangent Vahid Halilhodzic qui le met d'abord en garde. À la suite d'une séance où Ziyech refuse de s'entraîner, l'actuel sélectionneur du Maroc décide de le sanctionner et ne le convoque plus avec le Maroc. Et l'ego des deux hommes n'arrangera rien. À chaque conférence de presse, le Bosnien a été questionné sur le sujet, mais a toujours expliqué qu'il ne pouvait plus faire confiance à un joueur qui pourrait faire exploser l'harmonie du groupe qu'il a essayé de construire depuis sa prise de fonction. Le joueur, lui, réagit avec un émoji clown qu'il poste en story sur son compte Instagram.

Mais la finalité est que ce conflit a encore fait rater une CAN à Ziyech qui devrait aussi rater une possible Coupe du monde 2022 avec le Maroc en cas de qualification. Ce qui est une énorme déception quand on connaît la qualité du joueur et sa cote de popularité auprès du peuple marocain. «Hakim est un garçon attachant qu’il faut apprendre à connaître. Son passé fait qu’il est parfois renfermé sur lui-même. Mais lorsqu’on finit par bien le connaître, c’est un très gentil garçon, sensible», analyse Renard. L'histoire de Ziyech avec le Maroc n'aura été que gâchée et tout le peuple n'attend qu'une seule chose, voir le joueur et le sélectionneur mettre leur conflit de côté pour le bien de l'équipe nationale. Mais on en est bien loin...

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