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Kevin Denkey : « C’est flatteur de voir l’intérêt de tous ces clubs »

Par Sebastien Denis
10 min.
Kevin Denkey en action avec le Cercle Bruges face à l'AS Monaco @Maxppp

Parti très jeune de France après des débuts prometteurs en Ligue 1, Kevin Denkey a choisi la Belgique et plus précisément le Cercle Bruges (le club cousin de l’AS Monaco) pour faire décoller sa carrière. Actuel meilleur buteur de Jupiler Pro League avec 15 buts, l’attaquant international togolais ne regrette pas son choix. De passage la semaine dernière au centre de performance de l’AS Monaco pour un stage de quelques jours avec de reprendre le championnat ce samedi face à Genk, l’ancien Nîmois s’est longuement confié. Des clubs qui le courtisent au Togo, en passant par Monaco ou encore son statut de meilleur buteur du championnat belge, l’attaquant de 23 ans, buteur face au groupe Élite de l’AS Monaco, n’a éludé aucune question.

Foot Mercato : vous avez connu une fin d’année compliquée au niveau personnel (ndlr : le décès de sa maman), comment allez-vous ?

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Kevin Denkey : j’ai passé une superbe année 2023 sur le plan professionnel. Et j’ai effectivement dû faire face à cette épreuve… J’ai reçu beaucoup de soutien de mes coéquipiers, des supporters, du Cercle et dans le monde du football. Il y a aussi eu un hommage durant le match face à Anderlecht. Franchement, ça m’a beaucoup aidé. Aujourd’hui, le fait que je puisse voyager avec mon équipe, retrouver des moments de simplicité et de convivialité, ça me donne un peu plus de réconfort et je suis content de rejouer au football.

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FM : comment vit-on avec l’étiquette de meilleur buteur du championnat ? Est-ce que c’est compliqué ?

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KD : après 20 journées, je confirme ma bonne forme. Mais ça ne vient pas comme ça, c’est du travail, c’est beaucoup de travail tous les jours à l’entraînement pour progresser encore et encore. Après naturellement il y a ces résultats qui sont là, donc ça fait plaisir. Est-ce que c’est dur à vivre ? Non, parce que je travaille pour ça. Je n’ai pas envie de dire que c’est normal, mais d’un côté ça ne vient pas par hasard. Le plus important, c’est ce qui va venir après, il faut continuer à travailler dur, à rester focus et à donner le meilleur de moi même à chaque match.

FM : est-ce que vous vous attendiez à atteindre ce niveau aussi vite ?

KD : à la base, je me disais que ça serait bien si je pouvais atteindre les 15 buts avant la fin de saison. 15 c’est un bon chiffre, ça veut dire que tu es un bon attaquant. Aujourd’hui, je suis déjà à 15 buts (rires) après la première partie de saison. Il reste encore la deuxième partie de la saison pour améliorer le score. Donc oui, je suis en avance par rapport à mes objectifs initiaux, mais je ne suis pas surpris parce que je travaille pour ça.

FM : vous dites que vous travaillez pour ça. Justement, quelle est la différence entre le Kevin de Nîmes version 2020 qui découvrait la Ligue 1 et le Kevin d’aujourd’hui au Cercle qui est meilleur buteur du championnat ?

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KD : c’est clair qu’il y a clairement une différence entre le Kevin de Nîmes et celui qui vous parle là. À Nîmes déjà, j’étais très jeune, j’avais à peine 18 ans, j’ai marqué quelques beaux buts, mais la plupart des matches, je faisais des entrées de jeu. Et quand tu joues dans un club qui joue le bas de tableau, il y a toujours une grande différence. Après quand je suis arrivé au Cercle, dès les premiers jours, j’ai trouvé un vrai professionnalisme ici, le staff, la façon de travailler tous ensemble dans une même direction. Que ce soit en dehors du terrain, sur le terrain, tout est vraiment très bien organisé. J’ai eu un peu de mal à m’adapter quand j’ai commencé ici mais au fur et à mesure, j’ai compris et j’ai pris le rythme du club et c’est ce qui a fait la différence aussi.

FM : est-ce que vous senti une différence au niveau du traitement des défenseurs à votre égard ?

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KD : bien sûr qu’il y a une différence. Je sens que les défenseurs sont plus attentifs et les équipes t’analysent encore plus qu’avant, elles savent que le danger peut venir de toi, c’est flatteur. Quand Toby Alderwereld, qui a joué dans les plus grands clubs européens, vous fait un compliment en disant que vous êtes le meilleur attaquant qui évolue en Jupiler Pro League alors que je n’étais même pas encore le meilleur buteur, c’est beau ! C’est vrai que ce genre de marque de respect, surtout venant d’un défenseur comme lui, c’est touchant. Mais ça donne des responsabilités et ça fait que je dois encore plus me concentrer face à des défenseurs qui resserrent encore plus les espaces. Il faut donc que j’enchaîne plus vite, que je surprenne encore plus qu’avant. Il y a cette différence-là aujourd’hui.

FM : vous avez joué 27 matches de L1 et marqué 4 buts avec Nîmes, pourtant on ne vous connaît pas vraiment en France même si aujourd’hui vous êtes l’un des meilleurs joueurs de la Jupiler Pro League. Pouvez-vous nous donner vos principales qualités ?

KD : c’est vrai que j’ai quitté tôt la France pour progresser. J’ai fait ce choix d’être ici. Pour mes qualités, je dirais que je suis un attaquant qui est avant tout un buteur qui aime participer dans le jeu et sait faire des passes décisives. L’année dernière, j’étais le meilleur passeur de l’équipe avec 9 passes décisives. Ça veut dire que je sais faire jouer et faire briller les coéquipiers. Je travaille pour l’équipe aussi grâce à une bonne vision du jeu. Je peux jouer dos au but, j’ai un jeu à l’instinct, je suis capable d’aller marquer tout seul, j’ai ce genre de qualités et je pense c’est déjà pas mal.

« j’ai mis 15 buts. Mais quand je réfléchis, je me dis que j’aurais pu en mettre plus »

FM : ces dernières années, le Cercle développe et vend des joueurs pour les plus grandes compétitions européennes, cela montre que le club est un tremplin idéal pour les jeunes joueurs…

KD : c’est vrai que le Cercle est en train de prendre une autre dimension. Depuis mon arrivée, je peux le constater en tout cas ! Je me rappelle, on était classé dans les derniers et de nombreuses personnes m’ont demandé pourquoi j’avais décidé de rejoindre le Cercle à ce moment-là. Personnellement avant d’arriver ici, j’ai parlé avec les dirigeants du projet. Et dès les premières discussions, j’ai tout de suite senti qu’il y avait un vrai projet qui était prévu et que c’était pas juste comme ça. J’ai suivi, j’ai fait confiance à mon instinct. Aujourd’hui ça paye et ce n’est pas un hasard si le Cercle est à ce niveau là (actuellement 7e à 3 points du 4e, en course pour les play-offs 1). On travaille bien, on est bien organisé, on a un staff énorme, beaucoup de personne qui mettent la main à la patte, on a une équipe très jeune et on se sent vraiment soutenu.

FM : la Belgique est un championnat qui a vu de nombreux buteurs se révéler avant d’aller briller ailleurs (Jonathan David, Victor Boniface, Paul Onuachu pour ne citer qu’eux). Quel est votre modèle ou votre source d’inspiration ?

KD : le championnat belge, c’est un championnat qui est très très compétitif et qui sort beaucoup de talents. Ici, ils forment ou ils vont chercher très jeune. Le championnat est un peu à l’image de l’équipe nationale de Belgique depuis 10 ans, c’est-à-dire quelque chose de très performant. Depuis que je suis arrivé au Cercle, je suis déjà à plus de 100 matches en pro. Ça veut dire que j’accumule beaucoup d’expérience et de jeu, c’est une grande satisfaction pour moi.

FM : dans une récente interview, vous expliquiez que vous aimeriez découvrir où se trouvait votre plafond. Selon vous où se trouve-t-il ?

KD : à la moitié du championnat, j’ai déjà mis 15 buts. Mais quand je me pose et que je réfléchis, je me dis que j’aurais pu en mettre plus. Ça veut dire que j’ai encore une belle marge de progression. La saison passée j’ai marqué des buts, mais j’ai aussi délivré de nombreuses passes décisives. Cette année, je marque plus, mais je fais moins de passes décisives. Il faut que j’arrive désormais à pouvoir faire les deux. À savoir marquer beaucoup de buts, mais aussi faire de nombreuses passes décisives. Je sais que je peux encore progresser, c’est excitant pour la suite et je pense que le meilleur est à venir.

FM : en parlant du meilleur, qui est à venir, on est obligé de vous parler de votre avenir. Il y a plusieurs clubs qui s’intéressent à vous, en France (Lyon l’été dernier notamment) mais aussi plus largement en Europe. Comment percevez-vous ces marques d’intérêt ?

KD : oui, c’est flatteur. C’est vrai que la saison dernière, il y avait des clubs qui étaient intéressés. Aujourd’hui avec mes performances, d’autres clubs s’intéressent à moi. Je m’en rends compte quand j’en parle avec mes agents, quand je vois les noms de club sur moi, c’est flatteur. Mais ce n’est pas quelque chose qui me déconcentre. L’important pour moi c’est d’être focus, d’être à 100 % sur ce que je dois faire. Et je pense que je le fais bien. C’est aussi la raison pour laquelle il y a ces intérêts. Pour résumer, je dirais que c’est une conséquence normale de mes performances, c’est comme ça que je le vois. Je me dis que plus je vais performer plus il y a aura des choses qui arriveront naturellement.

« L’AS Monaco, c’est un grand club »

FM : vous êtes à Monaco dans le sud de la France, vous profitez des installations du club de la Principauté, le Cercle Bruges est un club filial de Monaco, vous voyez où je veux en venir…

KD : on est à Monaco en face du stade Louis II, d’ailleurs où j’ai mis mon premier but en Ligue 1 sur ma première touche de balle (ndlr : le 25 août 2019 2-2 score final). À Monaco, il y a vraiment un cadre magnifique. Bien sûr que l’AS Monaco est un grand club. On verra le moment venu, je serai à l’écoute mais aujourd’hui, je suis concentré à 200% avec le Cercle pour donner le meilleur. On cherche toujours à être dans un environnement dans lequel on se sent désiré avec un projet sportif fort, comme c’est le cas aujourd’hui pour moi avec le Cercle.

FM : durant le stage du Cercle à Monaco, avez-vous l’occasion d’échanger un peu avec les joueurs de l’ASM ?

KD : oui bien sûr, j’ai déjà parlé avec des joueurs, mais aussi des dirigeants. Je sais comment ça marche ici. Je parle bien avec eux, c’est normal d’autant qu’il y a une vraie proximité entre les deux clubs.

FM : au-delà de Monaco, est-ce que vous continuez de suivre la Ligue 1 ?

KD : bien sûr que je suis toujours le championnat de France. J’étais à Nîmes en Ligue 1 quand même. Après les matches du Cercle, je regarde bien les résumés de tout ce qu’il s’est passé, j’ai toujours un oeil ici.

FM : on est obligé de vous poser une question ou deux sur le Togo. Désolé de parler des choses qui fâchent mais, c’est être compliqué de regarder la CAN quand on n’est pas qualifié ?

KD : je suis fier d’être Togolais mais oui ce n’est pas facile de regarder les autres pays jouer et savoir que ton pays n’est pas qualifié. Je vais quand même regarder la CAN et penser très fort à la prochaine édition !

FM : vous êtes très populaire au Togo, cela doit forcément vous faire plaisir de voir que vous représentez quelque chose au pays…

KD : c’est vraiment une fierté. Tout a été très vite pour moi. Au-delà de mes performances sur le terrain, on apprécie aussi beaucoup ma personnalité là-bas. Le Togo était vraiment performant dans les années 2000. Aujourd’hui c’est une nouvelle génération, on a un groupe très jeune. Depuis que je suis arrivé en équipe nationale, j’ai beaucoup observé, j’ai beaucoup appris. On est en train de repartir sur un nouveau cycle et de nouvelles bases avec comme objectif de se qualifier pour la prochaine CAN au Maroc, mais aussi pour la Coupe du Monde.

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