Bordeaux, Bruno Fiévet : « président, c’est le poste que je brigue que je sois propriétaire ou non »

Par Constant Wicherek
9 min.
Bruno Fiévet au Matmut Atlantique lors d'une rencontre de Bordeaux @Maxppp

Ancien recruteur pour les Girondins de Bordeaux en Suisse, Bruno Fiévet est un candidat au rachat des Girondins de Bordeaux. Pour Foot Mercato, il a balayé l'actualité du club aquitain et évoqué à nouveau son projet de rachat.

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Bruno Fiévet : c'était tendu sur les réseaux. Je ne sais pas si c'était la réalité même s'il doit y avoir une part de vérité. Il faut saluer l'effort de l'actionnaire, qui a convaincu l'instance. C'était certainement délicat. C'était délicat pour tout le monde avec le manque de revenu à cette dure période. Il n'y avait pas que Bordeaux qui devait être inquiet.

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FM : dans les coulisses, aussi, c'est compliqué avec le cas Paulo Sousa, le départ d'Eduardo Macia...

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BF : je n'ai pas tout à fait cette lecture-là. J'avais dit auparavant que Macia, Sousa, Cissé et Giao (coordinateur technique du centre de formation, ndlr), c'était l'héritage de GACP. À partir du moment où King Street a repris la main, ce n'était pas inconcevable qu'imaginer que les gens qui étaient venus avec Hugo Varela, allaient quitter le club. Pour moi, ce n'est pas une surprise. Je pense qu'Eduardo Macia, malgré ses qualités, n'était pas l'homme de la situation. Quand on prend un directeur sportif avec un très gros réseau, il faut avoir matière à investir, ce qui n'était pas vraiment le cas. Cela n'avait plus d'intérêt d'avoir quelqu'un comme lui. Surtout, je trouve que, dans l'affaire Khacef (l'arrière gauche algérien, ndlr), il y a eu beaucoup trop de choses qui sont sorties sur le directeur sportif. Il y avait des gros signes sur le fait que certains transferts étaient très borderline dans la gestion et que l'agent initial (Mehdi Aït Ahmed, ndlr) n'avait pas été très bien traité (qui a chargé Macia). Il n'y a pas que ce transfert-là. J'ai eu quelques éléments du dossier entre les mains et je pense qu'il paye cette gestion particulière de transfert. Je trouve cela inconvenant qu'un directeur sportif, un président ou un entraîneur touche de l'argent sur un transfert. C'est une bonne chose qu'on mette fin à ce système qui était tout sauf vertueux. C'est une bonne nouvelle et une bonne décision. Je pense que c'est la même chose pour Cissé et Giao. Ces trois départs étaient attendus.

FM : vous pensez que King Street fait donc du bon travail ?

BF : je pense que c'est bien fait. Si j'avais été à leur place, j'aurais fait la même chose. Pour en revenir à Paulo Sousa, tout le monde sait que je n'en suis pas fan et que j'aurais privilégié un entraîneur français. Jean-Louis Gasset était une très bonne idée. Ce qui me choque, ce n'est pas qu'il ait voulu partir, c'est qu'il y a une faute professionnelle quand on annonce à ses joueurs son souhait de partir. Quelqu'un qui veut quitter une entreprise, il n'y a pas de problème. Mais dès lors qu'on l'affiche sur la place publique, et qu'on met ses joueurs en porte à faux, il y a faute professionnelle. C'est ce qui me fait peur. J'ai peur que ça plombe le début de la saison. Entre l'ambiance générale et le cas Sousa, qui va encore augmenter l'animosité entre présidence et entraîneur, mais aussi qui va scinder le groupe, entre déçus de son départ et des mécontents qui restent. Pour ce que j'en sais, ça va créer une fracture. L'ambiance sera pesante alors que l'ambiance de présaison est propice à la bonne humeur puisqu'il n'y a pas de pression. Je suis un peu inquiet, je peux le comprendre, mais ce n'était pas à lui de l'annoncer à ses joueurs.

FM : il y a aussi eu l'affaire Thiodet

BF : depuis de longs mois que je me bats contre le projet commercial, avec les dérives qu’il a entrainées (affaire de la billetterie du VS, prix des places en constante augmentation, 0 match à guichet fermé, ndlr), et sans parler des déclarations hors du temps dans les vidéos fournies par les ultras, je suis content d’apprendre le départ de Monsieur Anthony Thiodet. Il faut désormais remettre le sportif au centre du projet des Girondins et donner les moyens à l’équipe de réaliser une bonne saison.

FM : doivent-ils continuer à faire le ménage ?

BF : sur ce nettoyage, j'ai le sentiment qu'il va falloir redonner aux hommes qui aiment les Girondins la possibilité de s'exprimer. Je m'explique. Des hommes comme Mathieu Chalmé, Jaroslav Plasil, on a redonné du pouvoir à Ulrich Ramé, en intérim, mais qui est là. Un jour les ultras avaient fait une banderole qui disait en substance qu'on est toujours sauvé par les fidèles du club. Je pense que c'est vrai. Cela doit être les gens qui aiment le club qui s'en occupent. L'histoire de Cissé ou de Giao, c'était une escroquerie. Ils ne connaissent rien aux Girondins et ils ont été propulsés à la direction. Jusque là, c'étaient des hommes comme Marius Trésor et Patrick Battiston qui étaient en charge du club. Il fallait les remplacer, car, malgré tout le respect que j'ai pour eux, ils ont fait leur temps. Il faut rendre ça à ceux qui aiment le club. Mathieu Chalmé est un excellent entraîneur à qui on a enlevé l'équipe réserve pour lui donner les moins de 17 ans, je crois. Jaro était dans l'expectative, il était parti à Dinard pour superviser certains jeunes. Rio Mavuba arrive. Il y a Pierre Espanol, dont l'excellent travail n'a jamais été souligné. Je pense aujourd'hui c'est bien de faire du ménage, mais il faut aussi mettre les bonnes aux bons postes. Si c'est pour déshabiller Pierre pour habiller Paul, mais que Paul n'est pas mieux que Pierre, ça n'a aucun intérêt. On parle d'Alain Roche comme directeur sportif. C'est une bonne idée. Je reste en revanche surpris que tous les noms qui sortent (Gasset, Roche, ndlr), soient des anciens du PSG.

FM : vous pensez que Frédéric Longuépée refait ce qu'il a connu à Paris ?

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BF : je ne voudrais pas que Frédéric Longuépée fasse à Bordeaux ce qui a été fait à Paris. On a vu que le logo ça ne marche pas, on a vu que faire un club d'abord très visible à l'étranger, ça ne marche pas, que le trading, ça ne marche pas. Il ne faut pas vouloir refaire ça, car ce n'est pas la même mentalité, ce ne sont pas les mêmes moyens et ce n'est pas le même club. C'est la seule chose qui m'inquiète. Gasset et Roche étaient avec Longuépée à Paris. Au-delà de ça, j'aime beaucoup qu'Alain Roche arrive, c'est un gros bosseur et quelqu'un de formidable. Mais seulement si on lui donne les moyens de travailler correctement. Si c'est pour faire taire la colère des supporters, ça n'a aucun intérêt.

FM : ça ne se passe pas bien non plus entre Frédéric Longuépée et les supporters et la mairie

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BF : non. Quand on parle d'ambiance, aujourd'hui il reste ce problème avec les supporters. Frédéric Longuépée minimise. Ce ne sont pas cinq ou six éléments. On a pu voir lors de la réunion, qui a eu lieu deux jours avant les élections, qu'ils étaient plusieurs milliers, sans compter ceux qui n'ont pas pu y aller. Il y a une grande partie des supporters bordelais, ultras, familles et même partenaires. Je suis en contact avec certains partenaires qui me font le même son de cloche. Il y a une minimisation du mécontentement général fait par la présidence. King Street va aussi devoir régler ce problème, parce qu'on ne pourra pas mettre tous les maux sur l'équipe ou l'entraîneur. Il faut prendre ses responsabilités, l'ambiance générale pèse sur l'équipe et sur les salariés. Il faut sortir de l'impasse et il n'y a pas cinquante solutions. King Street fera ce qu'il a à faire en temps voulu, enfin je l'espère.

FM : si King Street vous propose la présidence, ça vous plairait ?

BF : oui. Je l'ai déjà dit et je le redis : oui bien sûr. C'est le poste que je brigue que je sois propriétaire ou non. C'est plus simple si je suis le propriétaire puisque je peux dérouler mon plan comme je l'entends. Aujourd'hui dans une volonté de sortie de crise rapide, je pense que les contacts que j'ai sont bons avec l'ensemble des acteurs et de l'écosystème bordelais et que je pourrai aider les Girondins de Bordeaux.

FM : vous avez eu des contacts avec Pierre Hurmic, le nouveau maire de Bordeaux ?

BF : pas depuis qu'il a été élu maire.

FM : ce dernier n'est pas tendre avec la direction actuelle

BF : non, il n'est pas tendre. Il est dans son rôle. J'ai lu que l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP, ndlr) avait pris position. Le maire de Bordeaux est partie prenante de l'histoire. Le stade appartient, via le partenariat public-privé, à la mairie et à SBA (Stade de Bordeaux Atlantique, ndlr). Je pense une des problématiques du maire est de se dire que moins le stade va être rempli plus ça va être dur de payer ce qui doit l'être. Et que ce sera ses administrés qui devront payer les pots cassés. Je trouve cela normal qu'il s'inquiète de la situation des Girondins. Il réclame le calme. Vous savez que le football est un acteur de la vie des sociétés et que si ça se passe mal entre le club et ses supporters, ça va rejaillir dans la rue. À Bordeaux, on a de la chance, on a des supporters très rigoureux, mais on n'est pas à l'abri qu'il y ait un jour des débordements et que ça se traduira dans la rue. Je comprends qu'il veuille qu'un bon climat entre le club et ses supporters existe et que cette relation ne soit pas un catalyseur de problèmes pour la ville de Bordeaux. Je comprends sa position. Néanmoins, nous n'avons pas parlé de cela, on a parlé d'autres choses et des Girondins bien sûr (rires).

FM : est-ce que vous avez des contacts avec King Street

BF : non, je n'ai pas de contacts directs avec eux.

FM : vous évoquiez le fait de vous structurer et de vous rapprocher d'une banque d'affaires. Est-ce fait ?

BF : une banque d'affaires, ce n'est pas pour emprunter de l'argent, c'est fait pour faciliter les discussions entre un acheteur et un vendeur. Non ça n'a pas été fait. J'ai rencontré les hautes instances fin juin, je viens de rentrer de vacances, les banques le sont aussi, ça se fera clairement à la rentrée, début septembre.

FM : de votre côté, tout est bouclé ?

BF : non. Tout n'est jamais bouclé pour plusieurs raisons. La première, c'est que King Street n'est pas vendeur, il faut respecter ça. Il faudra que tout soit bouclé quand ils seront vendeurs. Comme ils ne le sont pas, on ne connaît pas l'étendue de la dette et du déficit et du prix qu'ils demandent pour le club. Cela ne sera bouclé que ce jour-là, un jour où je pourrais étudier les comptes et donc voir de quel argent on doit disposer pour faire quelque chose de bien. C'est un point important. Je ne veux pas venir pour venir. Je veux que les Girondins aient un club à la hauteur de leur histoire et de leur ambition. Si c'est pour faire moins bien que ce qu'il y a actuellement, je n'ai aucun intérêt à venir. L'argent ne fait pas le bonheur, mais dans le football il y contribue un petit peu.

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