Liga

Real Madrid : Florentino Perez flingue à tout-va le football espagnol !

Le président du Real Madrid a égratigné tout le monde dans son discours tenu lors de l’assemblée générale du Real Madrid. De Javier Tebas au FC Barcelone en passant par les arbitres et les médias, personne n’a été laissé sur le bord de la route.

Par Valentin Feuillette
8 min.
Florentino Pérez, président du Real Madrid. @Maxppp

Lors de la grande assemblée générale, Florentino Perez a sorti la sulfateuse et c’est peu de le dire. En effet, le président des Merengues a profité de son discours d’introduction pour dresser un habituel bilan financier et sportif du club madrilène, en revenant sur plusieurs événements de l’année, allant du nouveau Santiago Bernabeu aux départs de certaines légendes et aux arrivées de nouvelles figures. Mais ce qui a frappé, c’est surtout le ton belliqueux du dirigeant espagnol sur l’état du football espagnol : « j’ai entendu dire que le Real Madrid est contre tout, et ce n’est pas vrai. C’est juste que nous avons tendance à réagir plus que nous ne le voudrions. Il est anormal et illégal d’empêcher les clubs d’organiser leurs propres tournois. Il est anormal que l’UEFA tente de dicter notre sort et d’imposer des formats de compétition qui pénalisent les supporters. Mais n’oublions pas que ses dirigeants sont responsables devant les électeurs. C’est pourquoi nous sommes contraints de jouer des matchs en Asie, près de la Chine. Il n’est pas normal qu’au 21e siècle, regarder du football à la télévision devienne de plus en plus cher, alors que la technologie permet même des formats gratuits ».

La suite après cette publicité

Les arbitres et les médias espagnols prennent cher

Dans la suite de sa prise de parole, Florentino Pérez a tenu à rappeler la position du Real Madrid dans chaque combat pour le football mondial. « Je vais d’abord expliquer pourquoi le Real Madrid devrait mener ce combat. Le Real Madrid est sans doute le seul club en Europe à posséder la force nécessaire pour relever ce défi. Il y a plus de supporters du Real Madrid dans le monde que d’habitants dans l’Union européenne. Nous sommes le club le plus titré et le plus prestigieux financièrement. Et notre force réside dans le fait que nous formons une grande famille unie par des valeurs, ancrées dans l’histoire du Real Madrid. Il n’y a rien à craindre. Nous respectons toutes les règles. Vous ne pouvez pas nous faire pression avec des inscriptions refusées. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour la plupart des clubs. Beaucoup peinent à survivre. Nous savons tous, surtout en championnat, que la vie est plus simple quand on suit les décisions du président. Nous ne sommes pas seuls. De nombreux clubs nous demandent en privé de poursuivre le combat. Et c’est normal ».

La suite après cette publicité

Le dirigeant de 78 ans n’a pas oublié d’attaquer le FC Barcelone et ainsi de rappeler l’affaire Negreira, mais aussi tous les arbitres espagnols et certains médias que Pérez accuse d’être contre le Real Madrid. « Le niveau d’arbitrage en Espagne est également inacceptable. Il est scandaleux que la FIFA n’ait sélectionné aucun arbitre espagnol pour la récente Coupe du Monde des Clubs. Et bien sûr, il est inadmissible que Barcelone ait versé plus de 8 millions d’euros au vice-président des arbitres pendant au moins 17 ans, quelle qu’en soit la raison. Ce vice-président occupait des postes importants. Une période qui, par ailleurs, coïncide avec les meilleurs résultats de Barcelone en Espagne. Il n’est pas normal que le président de la Ligue fasse hypothéquer l’avenir de nos clubs pendant 50 ans par un fonds d’investissement (CVC). Il n’est pas normal que la Liga facture six fois plus cher que la Premier League. Il est également anormal que LaLiga alloue un budget aux médias. Certains médias ont été créés dans le seul but de nuire au Real Madrid, comme ce fut le cas pour Relevo. Et le fait qu’ils agissent de manière opaque est encore plus inquiétant. Leur président a refusé de nous communiquer ces informations. Il n’est pas normal non plus que LaLiga continue de perdre des millions d’euros de notre argent avec l’échec du musée des Légendes, censé justifier les investissements dans les médias. En fin de compte, il est anormal que le football soit gouverné par ceux qui ne cherchent qu’à préserver leurs privilèges ».

Javier Tebas en prend aussi pour son grade

Ennemi public de Florentino Pérez depuis plusieurs années, Javier Tebas, président de la Liga, n’a pas été mis de côté dans le pamphlet du président de la Casa Blanca. « Il est inhabituel que le président de la Liga fasse la promotion d’un match hors d’Espagne. Même le capitaine (du FC Barcelone, ndlr), Frenkie de Jong, trouve cela anormal. De même, il est inhabituel que la Liga accorde des primes supplémentaires à deux équipes, Barcelone et Villarreal, pour jouer à Miami. Et pourtant, nous devons supporter les tentatives de M. Tebas pour comparer cela à un match de NFL. L’événement de la NFL s’est déroulé sans accroc et dans le respect de la loi. La comparaison est absurde, car il bénéficie du soutien de tous les clubs de la compétition. Ce n’est pas le cas du match de Miami, qui ne bénéficie pas non plus du soutien de l’UEFA. Il s’agit simplement d’une nouvelle tentative du président de la ligue pour imposer sa volonté ».

La suite après cette publicité

« L’accord avec CVC a fait prendre conscience à de nombreux clubs que la perte d’une partie de leurs revenus pendant 50 ans compromet leur avenir. Nous sommes convaincus que cet accord sera invalidé par les tribunaux. Le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Atlético de Madrid ont d’ailleurs déjà porté plainte. Je suis désolé, mais je dois mentionner que Barcelone s’y est également opposé, mais, coïncidence, ils ont abandonné cette action en justice lorsque LaLiga a autorisé l’enregistrement des joueurs. Hormis l’Espagne, CVC n’a pu s’implanter qu’en France, et le championnat français est en faillite. Tous les clubs sont perdants dans cette opération. C’est ce qu’ils appellent le projet Impulse. Je tiens à souligner un point important. Il s’avère que Tebas a décuplé son salaire, au détriment des fonds nécessaires à la survie de ses clubs. Il vous appartient désormais de déterminer les responsabilités de chacun. Le président de LaLiga a agi de sa propre initiative et à ses risques et périls. Il a compromis l’intégrité de la Ligue et devra en assumer la responsabilité. Il faut aussi parler d’une honte », a-t-il poursuivi.

Avant les différentes approbations des comptes et des rapports, Florentino Pérez a conclu sa longue présentation avec une nouvelle attaque contre Tebas : « voyez comment la protestation des joueurs de LaLiga a été gérée. Nous avons tous été témoins de la censure honteuse de LaLiga. Je ne sais pas ce qui était le plus embarrassant : le délai de connexion de 30 secondes ou le fait de se cacher derrière un prétendu « engagement pour la paix. Ils nous prennent pour des imbéciles, nous les supporters. Ils ont perdu la tête. Ce genre de comportement n’aurait pas sa place dans un championnat européen et entraînerait la destitution du président. Il n’est pas normal non plus que le président de LaLiga soit vice-président de la RFEF. Et je vais vous confier quelque chose : le président m’a proposé d’adhérer à la Fédération. Et j’ai dû lui répondre : "Vous ne me connaissez pas". Quel que soit le conflit que cela implique, il est indéniable que ces postes doivent être supervisés par des personnes sans préjugés ni phobies ».

La suite après cette publicité

L’UEFA aussi pointée du doigt

« Et je terminerai par la Super League. C’est essentiel. Nous avons démantelé un régime monopolistique de plus de 60 ans en un temps record. En 2021, l’UEFA menaçait les clubs d’exclusion. Et ils ont ouvert une procédure disciplinaire contre nous pour nous exclure de la Ligue des champions. Aujourd’hui, face à des décisions accablantes, la situation est radicalement différente. Et face à ces décisions, la Liga et l’UEFA les minimisent. Elles ne pensent qu’à apaiser les tensions. Elles nous prennent pour des imbéciles. Elles ont statué en notre faveur sur 21 points sur 23 et en ont payé le prix… Personne ne peut nous punir de travailler pour notre avenir. Notre dossier solide nous permet de réclamer des dommages et intérêts à l’UEFA pour le préjudice subi. Nous avons intenté une action en justice contre l’UEFA, demandant réparation et le droit d’organiser la compétition à l’avenir. Notre objectif n’est pas d’obtenir gain de cause, mais de faire aboutir nos revendications. Je tiens à remercier les équipes organisatrices pour leurs efforts. Nous avons tenté de parvenir à un accord, mais cela s’est avéré impossible. L’UEFA nous a incités à saisir l’ECA. Or, l’ECA exige que nous renoncions à tout recours juridique contre l’UEFA. Cela pourrait nous faire perdre des milliards d’euros que nous comptons réclamer ».

En tout cas, Florentino Pérez était déterminé à mettre les points sur les i avec tous les acteurs du football mondial : « à mon avis, ce que nous voulons, c’est la transparence. Pas de compétition à huis clos. Et surtout, la mise en place d’une télévision gratuite pour le football. Nous l’avons fait lors de la Coupe du Monde des Clubs. Grâce à la FIFA, un enfant pauvre d’Afrique a pu regarder les matchs. Nous avons Unify, qui nous permettrait de diffuser les matchs gratuitement. Au moins, la FIFA a compris que c’est la voie à suivre, et je tiens à les en remercier. Je ne vois qu’une seule raison pour laquelle l’UEFA refuserait : reporter la décision d’un an signifierait une année supplémentaire de salaires mirobolants pour elle. C’est le cas, par exemple, du président de LaLiga, dont le salaire est supérieur à celui de son homologue de Premier League, alors même qu’il génère beaucoup moins de revenus. Nous avons gagné la bataille juridique et nous gagnerons les prochaines. Car c’est le meilleur projet pour tous. Et ils nous l’ont tous reconnu en privé ». Voilà un dimanche bien mouvementé dans le football espagnol.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier