Les raisons de l’épatant retour de Rennes avant son choc contre l’AC Milan

Par Jordan Pardon
6 min.
Les joueurs rennais après leur qualification en Coupe de France @Maxppp

Sur la corde raide en première partie de saison, le Stade Rennais a su rectifier le tir à son retour de trêve. En 2024, aucun club de Ligue 1 n’a pris plus de points que la formation dirigée par Julien Stéphan, fondamental dans cette réussite.

Il en faut parfois peu pour qu’une équipe souffrante reprenne haleine. Du côté de Lyon, l’éviction de Fabio Grosso, remplacé par l’inexpérimenté Pierre Sage fin novembre, a par exemple permis à l’OL de redresser sensiblement sa courbe de résultats. Dans des proportions ressemblantes, Rennes est sorti de son trou noir depuis l’investiture de Julien Stéphan il y a trois mois, pour pallier au départ d’un Bruno Génésio blasé. Pourtant mal embarqué avec trois défaites de rang face à l’OM, Monaco et Villarreal, le fils de Guy a finalement su trouver la recette gagnante depuis le mois de décembre. Alors que son équipe était menée 1-0 à la pause lors d’un déplacement à Clermont, le technicien avait expérimenté un réajustement en 4-4-2, qui lui a finalement donné raison avec 3 buts marqués en seconde période.

La suite après cette publicité

Un système qu’il ne quitte donc plus depuis cette victoire 3-1 en Auvergne. Après une trêve qui a définitivement rendu service à tout le monde, les Rennais ont redémarré pied au plancher en ce début d’année 2024. Depuis ce 1/32es de finale remporté face au voisin guingampais le 7 janvier (0-2), les Rouge et Noir continuent de tisser leur toile avec méthode et application. Au grand bonheur de Julien Stéphan : «L’enchaînement Toulouse-Clermont (fin décembre), deux matches à l’extérieur, avec 4 points sur 6, plus ces trois buts en seconde période à Clermont, a été important dans la tête du groupe. Ensuite, la qualification à Guingamp a renforcé la confiance, comme le très bon match contre Nice. Les gars se prennent de plus en plus au jeu aussi pour retarder au maximum la prochaine défaite», confiait le technicien de 43 ans fin janvier.

À lire Ligue 1 : le FC Metz enrage contre l’arbitrage !

Des cadres qui se responsabilisent enfin

Après avoir traversé de nombreux trous d’air en première partie de saison, Benjamin Bourigeaud retrouve aujourd’hui bien des couleurs, en attestent ses trois buts marqués depuis un mois. Une dynamique qui confirme la thèse selon laquelle l’ancien Lensois reste un baromètre assez fiable de l’état de forme du Stade Rennais. Quand il marche à l’ombre, Rennes est fiévreux, quand il va bien, Rennes va mieux. Autre élément de réponse à ce retour au premier plan : Martin Terrier. Après une pénible traversée du désert qui l’aura éloigné des terrains près de 9 mois, l’ex-Lyonnais est sorti de son trou et retrouve le feu sacré de son exercice 2021/2022. Associé le plus souvent à Arnaud Kalimuendo, lui aussi en forme en ce début d’année, Terrier a inscrit 4 buts sur ses 3 derniers matches. Et à l’évidence, l’attaquant de 26 ans apprécie sa relation naissante avec son jeune partenaire.

La suite après cette publicité

«Avec Kali (Arnaud Kalimuendo), on essaye de se servir l’un de l’autre. Il a besoin d’un joueur autour de lui et moi aussi, on l’a appliqué sur le premier but (contre l’OL) où il m’ouvre un espace, après ce n’est plus qu’une question de prise de risque», analysait-il après son doublé inscrit lors de la victoire face à son ancien club fin janvier (2-3). Une équation qui réjouit Julien Stéphan, lequel préfère toutefois faire allégeance au collectif et insister sur l’implication maximale de son groupe : «il faut louer la qualité et l’investissement des joueurs, leur volonté de montrer un autre visage en termes de performances. Ils ont eu des moments difficiles, on n’en est pas sorti complètement, mais on est vraiment sur le chemin de la guérison à travers des prestations qui s’enchaînent et qui donnent beaucoup de confiance a ce jeune groupe. »

Un mercato agité mais réussi

Attaqué de toutes parts cet hiver, Rennes a su conserver ses meilleurs éléments pour clôturer cette saison ouverte à tous les vents. Si Arthur Theate a longtemps été cité du côté de Naples, Adrien Truffert à l’OM ou encore Désiré Doué en Premier League ou en Bundesliga, Florian Maurice a su tirer sur la corde sensible pour convaincre. Résultat : les trois sont toujours là, et surtout, occupent des rôles centraux, chacun à leur échelle, dans le système de Stéphan. Theate tient son rang dans l’axe, Truffert reste intouchable à gauche, quand Désiré Doué s’apparente au véritable facteur X de son équipe, comme face à l’OL où il avait donné des maux de tête à la défense rhodanienne (il avait marqué et été passeur décisif). Par ailleurs, le club breton a su se renforcer avec l’arrivée de deux valeurs sûres du championnat. L’excellent Azor Matusiwa a débarqué pour densifier le milieu de terrain, dépeuplé après le départ de Nemanja Matic à l’OL - qui ne devrait pas être vécu comme un crève-coeur en Bretagne - et la blessure du fondamental Enzo Le Fée, absent jusqu’à la prochaine trêve internationale.

La suite après cette publicité

Plus bas, l’ex-Clermontois Alidu Seidu a lui été recruté pour renforcer une défense parfois fragile et dissipée, d’autant que Lorenz Assignon a plié bagage pour rejoindre Burnley. Mais dans cette réussite, pas question d’évoquer le hasard. Ce début d’année 2024, ponctué par 7 victoires en autant de rencontres, avait en effet bien été planifié par la cellule de recrutement. Contrairement à certains clubs de Ligue 1, à l’image de l’OM, Monaco, ou Reims, minés par le départ de plusieurs joueurs à la CAN, Rennes n’a essuyé aucune perte significative, si ce n’est celle de Christopher Wooh avec le Cameroun. Amine Gouiri aurait dû faire partie de ce contingent, mais a finalement renoncé au tournoi pour blessure, guérie depuis. Avec toutes ses forces en présence, Stéphan n’a pas eu recours à une séance de bricolage, dont se seraient certainement bien passés plusieurs de ses confrères de Ligue 1…

La course à l’Europe totalement relancée

Nommé à la tête du club lorsque Rennes patinait à la 12e place du championnat avec 12 points, Julien Stéphan a depuis replacé le club dans la course à l’Europe. Dans un championnat où les gros avancent à tâtons, les Bretons sont aujourd’hui 7es de L1, à seulement 4 points des places européennes (Lens est 6e et compte 35 points). Avec le PSG, Rennes reste par ailleurs la seule équipe française à jouer sur trois tableaux cette saison. Vainqueurs de l’OM en 1/16es de finale de Coupe de France (1-1, 9-8 t.a.b) puis de Sochaux en 1/8es (1-6), les joueurs de Stéphan affronteront en 1/4 de finale le Puy En Velay, dernière équipe de National 2 encore en lice. Mais le rendez-vous qui pourrait marquer un tournant dans cette saison, c’est bien ce 1/16es de finale de C3 face à l’AC Milan, demi-finaliste de la dernière Ligue des Champions. «Milan, jeudi prochain, ce sera une autre paire de manches. Mais on va bien savourer cette victoire d’abord», confiait Stéphan après le nouveau succès de son équipe face au Havre dimanche (1-0). Si cette cuvée 2023/2024 reste ouverte à tous les vents pour Rennes, les joueurs, eux, sont désormais dégourdis. Depuis le début de saison, ils ont appris à avancer contre vents et marées.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité