L’ancrage : la mesure très controversée qui s’apprête à faire entrer la Premier League dans une nouvelle ère
Le bras de fer est déjà engagé en Premier League entre les partisans et les opposants à la mesure dite de "l’ancrage". Sollicitée par 16 des 20 clubs du championnat anglais, elle devrait être adoptée à la fin du mois de novembre pour succéder au fameux PSR, plus connu sous le nom de fair-play financier de la Premier League, mais ses détracteurs sont particulièrement actifs. Il faut dire qu’elle pourrait bien révolutionner l’environnement actuel.

Et si nous étions à l’aube d’un projet révolutionnaire en Premier League ? D’après les informations de The Times, 16 des 20 clubs de première division voteront le mois prochain une proposition en faveur d’une limitation des dépenses en matière de salaires et de frais de transferts. Ce nouveau plafond appelé "l’ancrage" doit succéder au PSR (Profit and Sustainability Rules, le fair-play financier de la Premier League) mais il fait grand bruit en Angleterre. Il remet en cause le modèle même du championnat et devrait, s’il est bel et bien adopté, ouvrir une nouvelle page. Les clubs ne seraient alors disposés qu’à dépenser 5 fois les montants perçus en matière de droits TV et de primes de compétition par le dernier.
Cela laisse tout de même une coquette somme en réserve. À titre d’exemple, Sheffield United, lanterne rouge de la saison 2023/2024, a reçu 125 M€. Avec la nouvelle règle, les clubs devront limiter leurs dépenses à 625 M€ sur l’ensemble de la saison, masse salariale globale et transferts confondus (frais d’agents compris). Pour les clubs jouant le maintien, l’incidence sera limitée mais pour les gros bras du championnat, ça change tout. Liverpool ne pourra pas reproduire le dernier mercato estival avec environ 500 M€ déboursés et une masse salariale estimée à plus de 200 M€.
Des sanctions exemplaires prévues
La Premier League souhaite fixer un ratio coût d’un effectif à 85 % des recettes d’un club, avec l’idée d’y intégrer "l’ancrage". Des sanctions sont bien sûr prévues en cas de non-respect et elles se veulent particulièrement sévères. C’est d’ailleurs l’un des points de préoccupations des clubs. Dans la proposition actuelle, le moindre dépassement entraînerait la perte de 6 points au classement, et encore 1 point supplémentaire par chaque tranche de 7,5 M€ au-dessus du plafond. Intenable pour des clubs anglais réputés pour leurs pertes records et régulièrement sanctionnés ces dernières années pour ne pas avoir respecté le PSR (Everton, Nottingham Forest).
Le projet a pourtant été validé en mars dernier par 16 équipes sur les 20. Manchester City, Manchester United et Aston Villa s’y sont opposés, et Chelsea s’est abstenu. Ils craignent que cette mesure entraîne le déclin de la compétition. L’attractivité de la Premier League serait entamée, et par effet domino, sa compétitivité, perdant son titre officieux de "meilleur championnat du monde", dixit Jim Ratcliffe. «La dernière chose que l’on souhaite, c’est que les meilleurs clubs de Premier League ne puissent pas rivaliser avec le Real Madrid, le FC Barcelone, le Bayern Munich et le PSG. C’est absurde. Et si c’est le cas, la Premier League cesserait d’être le meilleur championnat du monde», redoute le copropriétaire de MU.
«Comment cela peut-il être dans l’intérêt du football anglais ?»
Avec cette mesure, impossible d’offrir les salaires actuels aux stars du championnat comme Erling Haaland ou Florian Wirtz. «Si nous introduisons ces règles d’ancrage, cela pourrait avoir un impact considérable sur la capacité de la Premier League à attirer les meilleurs joueurs du monde, ajoute un responsable d’un club anglais sous couvert d’anonymat. Comment cela peut-il être dans l’intérêt du football anglais ?» Le syndicat des joueurs a d’ailleurs d’ores et déjà annoncé son opposition à "l’ancrage" en cas d’adoption le 21 novembre prochain, et envisage une action en justice contre l’institution déjà empêtrée dans plusieurs litiges.
Pour les thuriféraires de cette mesure, la Premier League doit au contraire gagner en équilibre et garantir la fameuse incertitude du sport, qui permettra de maintenir un haut niveau de revenus commerciaux, publicitaires et de droits de diffusion, alors même que les grosses écuries multiplient leurs gains grâce à la Ligue des Champions, et désormais au Mondial des Clubs de la FIFA. Le besoin de cette loi n’a jamais été aussi grand. Faux, répondent les opposants, argumentant qu’il y a eu 4 champions différents sur la dernière décennie, que le club détenant la plus grande masse salariale n’a été champion qu’à trois reprises sur la même période, et que 5 des 8 championnats remportés par City l’ont été lors de la 38e journée. Ce nouveau modèle obligerait le Championship à suivre le mouvement.
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