France - Nigeria : les notes du match

« C'est une autre compétition qui commence, on va prendre les matches les uns après les autres ». Alors que le débat sur les nouvelles ambitions des Bleus a été lancé cette semaine en marge des huitièmes de finale de la Coupe du Monde, Didier Deschamps a de nouveau posé les siens en outsiders, quand bien même ils apparaissent favoris face au Nigeria. Si le sélectionneur de l'équipe de France se méfie de son adversaire, les premières minutes de la fameuse rencontre lui donnent raison : ce sont bien les Super Eagles, qui contre toute attente, mettent le pied sur le ballon pour occuper le camp français. La physionomie est étonnante, dans la mesure où les Bleus, qui apparaissent empruntés et exercent un faible pressing, laissent l'initiative à l'adversaire pour s'exprimer en contre. Et même dans ce registre, l'efficacité n'est pas au rendez-vous, avec un déchet évident à l'approche de la zone de vérité.

Les Eagles profitent du caractère amorphe de cette EdF pour se rapprocher des cages d'Hugo Lloris, notamment via des coups de pieds arrêtés. Leur confiance grandit au fil des minutes, et Emenike croit bien ouvrir le score en leur faveur en coupant un centre de Musa, mais le but est refusé pour une position de hors-jeu (19e). À croire qu'il fallait une occasion pour que les Bleus se réveillent. Première offensive rondement menée, et Pogba, bien servi par Valbuena, claque une reprise qui met Enyeama en difficulté (22e). Dès lors plus présents, les Bleus conservent le déchet qui leur fait défaut, et les empêche de se montrer de nouveau dangereux. D'ici la pause, on n'entreverra qu'une seule autre occasion, une frappe de Debuchy hors-cadre à la suite d'un beau mouvement (40e). Une frappe d'Emenike (44e) vient boucler le premier acte et rappelle que les Bleus, malgré un regain de forme, sont encore en deçà de leur niveau.

L'éventuel speech de coach Deschamps à la pause n'a pas eu l'effet escompté, les défauts des Bleus se répétant dans le second acte. Pire, l'embellie de la fin de période a disparu. Pas de mouvement, d'inspiration offensive et de réelles carences derrière, l'EdF étonne, tandis que le Nigeria reprend le contrôle. Odemwingie est le premier à frapper, sollicitant à nouveau Lloris (64e). Encore une fois, c'est cette occasion qui remet les Bleus sur les rails. Ça, et l'entrée en jeu de Griezmann, qui offre une balle de but, finalement manquée, à Karim Benzema (70e). Cabaye allume une deuxième mèche, c'est cette fois la barre qui sauve le Nigeria (77e). Benzema récidive (79e), la France se rapproche et est finalement récompensée : sur un corner botté par Valbuena, Pogba profite de la sortie hasardeuse d'Enyeama pour marquer de la tête dans un but vide (1-0, 80e). L'affaire sera bouclée dans les arrêts de jeu, lorsqu'un centre de Valbuena à destination de Griezmann sera poussé dans ses buts par Yobo (2-0, 90e+2). Empruntée, cette EdF est finalement parvenue à se qualifier grâce à sa bonne fin de match.

L'homme du match : Mathieu Valbuena (8) : sans aucun doute le Français qui a affiché le plus de constance. Toujours juste, y compris en début de match, il a distillé son lot de bons ballons habituel. Auteur du centre qui a manqué de profiter à Pogba (22e), d'une passe pour Debuchy (40e), d'un corner dangereux (80e), il a fini par se montrer décisif en fin de match, lui qui est impliqué sur les deux buts, d'abord avec le corner où Pogba a trouvé la faille (80e), puis avec le centre qui a poussé Yobo à l'erreur (90e+2). Indispensable.

France :

• Lloris (6,5) : match sérieux de la part du capitaine tricolore, qui à défaut d'être sollicité, a dû se montrer vigilant tout au long de la partie. Il a répondu présent à chaque occasion chaude, avec de bonnes sorties aériennes et les arrêts adéquats sur des frappes d'Emenike (44e) et d'Odemwingie (64e).

• Debuchy (5,5) : le latéral de Newcastle a livré une bonne partie. Comme à son habitude, il n'a pas lésiné sur les efforts et multiplié les allers retours dans son couloir. Très présent offensivement, il a créé les surnombres mais néanmoins manqué de justesse dans ses centres ou frappes (33e, 40e). Beaucoup de bonne volonté.

• Varane (6,5) : beaucoup de sobriété de la part du jeune central. Et surtout, d'efficacité : lorsque la France fut en difficulté, il a assuré en dégageant au plus pressé, s'appliquant dans ses relances lorsqu'elle contrôlait le match. Une sortie sérieuse.

• Koscielny (6) : le central d'Arsenal n'a jamais été franchement rassurant, voilà qui est certain. Mais s'il n'a pas toujours respiré la confiance, ses dégagement peu orthodoxes ont eu le mérite de faire du bien à l'ensemble de son arrière-garde. Et ils ont été nombreux.

• Evra (2,5) : les centres nigérians sont souvent venus de son côté, et pour cause, l'expérimenté latéral a souffert face à la vitesse des Musa et Moses. Peu rassurant, peu impliqué offensivement, il s'est avéré comme le véritable point faible de l'EdF. Notons que son ceinturage sur Odemwingie dans la surface aurait de plus pu coûter un pénalty aux siens (39e).

• Pogba (7) : le Bleu qui a touché le plus grand nombre de ballons. Toujours dans le tempo, il a cependant été longtemps handicapé par un certain déchet, ne parvenant pas à faire les bons choix ou bonnes transmissions à l'approche de la zone de vérité. De plus en plus libéré au fil de minutes, il s'est avéré décisif en ouvrant la marque, de la tête à la suite d'un corner (80e).

• Cabaye (4) : une relative discrétion. Le milieu du PSG n'a pas pesé, ni à la récupération, ni dans les transmissions, lui qui était pourtant considéré de par sa position comme une rampe de lancement. Notons qu'il aurait néanmoins pu ouvrir le score, avec une frappe lointaine qui a touché la barre (77e).

• Matuidi (5,5) : pas toujours dans le tempo dans l'entrejeu, où il a perdu bon nombre de ballons, le Parisien a néanmoins rendu une copie satisfaisante : comme à son habitude, sa faculté à se projeter lui a permis d'effectuer d'excellents appels, qui ont apporté le surnombre devant et créé de bonne situations (31e, 40e). A baissé le pied dans le second acte, et fut averti pour un vilain tacle qui aurait pu lui coûter plus cher (54e).

• Valbuena (8) : voir ci-dessus.

• Giroud (3) : son association avec Karim Benzema avait séduit sur la phase de poules, pas cette fois. Assez lent dans l'exécution de ses gestes, et de ce fait prévisible, il n'a pas été dangereux et n'a pas pu distiller de bons ballons à ses acolytes d'attaque. Remplacé par Griezmann (62e), qui a apporté une vivacité bienvenue. Il fut notamment à l'origine de l'opportunité de Benzema (70e), et aurait pu battre Enyeama (84e).

• Benzema (4) : le principal danger des Bleus depuis le début du Mondial fut absent cet après-midi. Tout du moins, du moment que Giroud était sur la pelouse : effacé et peu servi au côté du Gunner, il n'a pas su faire fructifier les ballons dont il a disposé, lui qui a fait preuve de beaucoup d'approximation. Inoffensif durant plus d'une heure, il s'est libéré en repassant l'axe après la rentrée de Griezmann, lequel lui a offert une première occasion de but, avant qu'il ne bute à nouveau sur Enyeama (70e, 79e). De quoi faire réfléchir son sélectionneur.

Nigeria :

• Enyeama (7) : malheureux Enyeama. Il a encore délivré des parades impressionnantes pour garder son équipe dans la course (22e, 67e, 70e, 76e, 79e, 84e). Il a bien jailli dans son duel face à Benzema. Mais c'est une sortie aérienne un peu manquée qui a abouti au but de Pogba.

• Ambrose (5) : moins offensif qu'à l'accoutumée, il s'est quand même autorisé quelques montées, sans toutefois apporter un véritable danger. Par contre, il s'est montré très appliqué sur le plan défensif, contrôlant bien Benzema. Un beau sauvetage après un centre tendu de Benzema (77e).

• Yobo (5,5) : match sérieux du capitaine, qui n'a pas été dépassé par la vivacité toute relative des attaquants tricolores, c'est le moins que l'on puisse dire. Il a coupé sans problème les trajectoires des centres. Des relances propres. Il marque contre-son-camp dans les arrêts de jeu.

• Omeruo (5) : beaucoup moins serein que son partenaire, il a surtout tendance à beaucoup monter et à lâcher le marquage. Résultat, il laisse souvent d'immenses espaces dans son dos, que les Français n'ont pas assez exploité.

• Oshaniwa (4) : l'équipe de France est principalement passée par le côté droit, il a donc eu beaucoup de travail sur son aile gauche, avec les montées de Debuchy et les appels de Valbuena. Son placement a clairement laissé à désirer à de nombreuses occasions et il n'a pas vraiment apporté sur le plan offensif.

• Obi Mikel (4) : il joue à un rythme de sénateur. Certes, sa technique le lui permet mais il a mis son équipe en danger à deux reprises en première période en se faisant chiper le ballon dans les pieds. Il a contrôlé la manoeuvre mais n'a pas su impulser de vrais bons mouvements. Il a aussi joué assez haut, laissant trop d'espace entre ses défenseurs et lui.

• Onazi (6) : plus vif et tonique qu'Obi Mikel, il a été très intéressant dans l'entrejeu nigérian. Et il n'a pas été épargné par les fautes. Touché dès la 12e minute dans un choc avec Pogba, il a été contraint de sortir à la 57e suite à une vilaine semelle de Matuidi sur sa cheville. Remplacé à la 59e par Gabriel, moins à l'aise techniquement.

• Moses (4) : à l'image de sa saison et de son début de Coupe du Monde, une prestation assez terne. Oui, il fournit des efforts et se replace correctement, non, il ne crée pas de différences balle au pied. Il a manqué de précisions dans ses transmissions et dans ses centres. Remplacé à la 89e par Nwofor.

• Musa (5) : un début de match intéressant avec des accélérations et des centres dangereux. Il n'a pas rechigné aux tâches défensives et a beaucoup aidé Oshaniwa sur les montées de Debuchy. Mais il a peu à peu disparu de la circulation, heureusement pour les Bleus.

• Odemwingie (6) : discret en début de rencontre, il a réussi à trouver de l'espace dans le dos du milieu de terrain français. Son positionnement a alors gêné les Bleus. Quelques dribbles de classe et surtout une belle frappe cadrée après s'être débarrassé de 2 adversaires (64e). Un danger périodique mais tranchant.

• Emenike (5) : son gabarit et sa puissance faisaient un peu peur aux Français. Mais finalement, il ne s'est pas tant frotté aux défenseurs tricolores et a beaucoup dézoné pour toucher le ballon. Il a par contre été le Nigérian le plus dangereux. (coup-franc 17e, frappe lourde 44e, frappe non cadrée 60e). Il aurait dû être plus attentif aux situations de hors-jeu puisqu'il a été sanctionné à plusieurs reprises, notamment après avoir marqué un but (19e).