Real Madrid : Florentino Pérez, un président qui fait débat

Par Matthieu Margueritte
4 min.
Real Madrid CF Rafael Benítez Maudes @Maxppp

En remerciant Rafa Benitez du poste d'entraîneur du Real Madrid pour le remplacer par Zinedine Zidane, le président de la Casa Blanca, Florentino Pérez tente de redorer son blason.

Tout le monde en rêvait, Florentino Pérez l'a fait. Ce lundi 4 janvier aux alentours de 20h, le président du Real Madrid a annoncé le départ précipité de Rafa Benitez et l'intronisation de Zinedine Zidane au poste d'entraîneur de la Casa Blnca. Une nomination largement saluée par la presse espagnole («La SoluZZion» pour Marca), française («Royal» pour L'Équipe) et européenne («Real Zizou» pour la Gazzetta dello Sport). Une nomination qui fait le buzz (6000 spectateurs pour le premier entraînement de Zidane ce matin à Valdebebas). Mais une nomination loin d'être innocente. En replaçant Benitez par Zidane, Florentino Pérez a une nouvelle fois joué la carte du glamour pour son Real.

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Conspué par les socios merengues lors de la débâcle face au Barça (0-4) le 21 novembre dernier au Bernabeu, le président de la Casa Blanca cherche à redorer son image avec l'intronisation de Zidane, légende du club. Un choix que la presse espagnole annonce dicté en vue des prochaines élections présidentielles, preuve d'un désamour toujours persistant entre le patron merengue et l'environnement du club. Car si les médias locaux n'ont pas manqué de saluer l'avènement de Zizou, ces derniers n'ont pas adressé autant de louanges à Pérez pour autant. AS et Marca n'ont ainsi pas manqué de ressortir le discours tenu par ce dernier... il y a seulement 18 jours. « Je comparais devant vous pour vous informer que le board a analysé la situation sportive de l’équipe et je dois annoncer que l’entraîneur Rafa Benitez a tout notre soutien et notre confiance. Benitez a été choisi pour son professionnalisme et son expérience. Je comprends le mécontentement des socios après le Clasico. Nous devons rester unis. Benitez vient juste de commencer (sa mission), nous devons le laisser travailler. Nous sommes en huitième de finale de la Ligue des Champions et nous luttons toujours pour le titre en Liga. La solution c’est Rafa Benitez, mais il faut le laisser travailler. (...) Benitez ne sera pas remplacé. Zidane entraînera un jour le Real, mais ce n'est pas encore son moment », indiquait-il à la Cadena SER fin décembre. Visiblement, la patience a été de courte durée.

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D'Ancelotti à Benitez, Pérez fait jaser

Un discours classique souvent utilisé par les présidents de club avant la destitution de leurs entraîneurs me direz-vous. Soit. Mais le 9 septembre dernier, Pérez lançait à la Cadena COPE : «Rafa Benitez est le meilleur entraîneur que j'ai eu.» Autant de propos élogieux envers son ex-coach et de multiples confirmations de statut qui n'arrangent rien selon la presse locale qui, malgré le rendement moyen de Benitez (61,1% de victoires, loin derrière les 76,3% de Mourinho et les 81,6% de Pellegrini, source Goal) et la piteuse image du Real en Liga ainsi qu'en coupe du Roi avec l'affaire Cheryshev, fustige les propos de Pérez qualifiés d'énièmes paroles en l'air. Et ce n'est pas tout. Le comportement du président envers Benitez ces dernières heures est également pointé du doigt. Marca indique que le couplet «annonce du licenciement + remerciements» envers le Madrilène n'aura duré que 22 secondes. Pire, Benitez n'aurait pas été officiellement informé de son limogeage avant que la conférence de presse donnée hier ait lieu. «Une de plus à tout ce qu'ils lui ont fait», a répondu un proche de Benitez.

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Un épisode de six mois chaotique auquel s'ajoutent les interrogations sur la nomination de Benitez l'été dernier. Vainqueur de la tant attendue dixième Ligue des Champions et très apprécié par le vestiaire merengue, Carlo Ancelotti avait été remercié par Pérez au terme d'une saison 2014/2015 jugée terne en dépit d'une Supercoupe d'Europe et un Mondial des clubs remportés en quatre mois. Une manœuvre très peu appréciée par Cristiano Ronaldo et consorts qui n'ont jamais compris pourquoi l'Italien avait été remplacé par un coach chahuté à Naples (5e de Serie A) et critiqué pour le faible niveau de jeu de son équipe malgré les gros investissements consentis par le président De Laurentiis (Higuain, Mertens, Callejon entre autres). Certains diront que cette décision avait été prise pour en finir avec un Ancelotti trop permissif avec ses joueurs. Six mois plus tard, après les brouilles entre Benitez et Ronaldo, James, Isco et Casemiro, le constat est terrible pour un Pérez qui est désormais accusé de ne pas savoir tenir ses stars et de céder à leurs caprices. Le pari Zidane fera-t-il oublier ? C’est tout du moins ce qu'espère un Florentino Pérez dont la gestion de son club est aujourd'hui plus que jamais remise en cause, certains n'hésitant pas à affirmer dès à présent que si ZZ échoue, il aurait déjà prévu de faire appel à José Mourinho.

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