PSG : Thiago Silva, capitaine trop fragile

Par Matthieu Margueritte
5 min.
PSG Thiago Emiliano da Silva @Maxppp

S'il n'est pas directement impliqué sur les six buts encaissés par le Paris Saint-Germain hier soir, le Brésilien a une nouvelle fois brillé par son incapacité à remobiliser une équipe perdue sur le terrain.

Dans un match au scénario aussi catastrophique qu'irréel, difficile de ne pas attribuer la déroute du Paris Saint-Germain à l'ensemble de l'équipe. Dans les cages, Kevin Trapp a une nouvelle fois prouvé qu'il savait être au rendez-vous pour craquer (dès la 3e minute) lors d'un match à enjeu (après sa boulette face au Real Madrid la saison passée). En défense, Marquinhos a vécu un réel cauchemar en étant directement impliqué sur deux des six buts encaissés. Sur les côtés, Thomas Meunier, excellent à l'aller, a cette fois-ci été fortement chahuté par Neymar, provoquant même un penalty après une glissade face au Brésilien.

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Au milieu, le chef d'orchestre Marco Verratti n'a eu aucune influence à l'heure où Paris suffoquait sous le pressing catalan. Idem pour Adrien Rabiot. Incapable de ressortir un ballon, l'international tricolore (1 sélection) a commis beaucoup trop d'erreurs. Meilleur milieu de terrain du match aller, il a sombré. Même constat pour Blaise Matuidi dont le manque de précision technique lui a été fatal. Enfin, pour ce qui est des attaquants, seul Edinson Cavani a pu tirer son épingle du jeu. À ses côtés, Lucas a encore prouvé qu'il n'avait toujours pas réussi à passer un cap dans son jeu, tandis que Julian Draxler n'a pas été aussi tranchant qu'en championnat, même si le but parisien lui a permis de se créer quelques situations dangereuses.

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Où est le leader Thiago Silva ?

Et Thiago Silva dans tout ça ? Au regard du match, il n'est pas impliqué personnellement sur les six buts encaissés par son équipe. En revanche, le capitaine des Rouge-et-Bleu a une nouvelle fois failli dans son rôle de leader. Monstrueux à l'aller, et forts de quatre buts d'avance, les Parisiens ont rapidement cédé à la panique avec un bloc positionné très bas, et ce, alors que le Barça ne s'est jamais véritablement créé d'action franche hormis sur la bourde de Trapp. Patron de sa défense, Thiago Silva n'a jamais réagi face à ce constat. Spectateur du naufrage des siens, l'international auriverde (60 sélections/4 buts) aurait dû haranguer ses coéquipiers. Les pousser à aller presser les Blaugranas plus haut. D'autant que, selon l'aveu d'Adrien Rabiot, Unai Emery n'avait pas vraiment opté pour un tel choix tactique. «À peine le match commencé, on s'est tous mis derrière. Ce n'est pas du tout ce qui était prévu, ce n'était pas la consigne. On n'a pas joué avec la même personnalité qu'à l'aller. Ça me fait chier parce que tout le travail qu'on a mis en oeuvre au match aller et toute la préparation qu'on a faite sont réduits à néant», a déclaré le milieu de terrain à l'issue du match.

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Le manque de réaction de la part du Brésilien peut donc légitimement interpeller, surtout si l'on compare sa prestation avec celle plus incisive de son jeune partenaire Presnel Kimpembe à l'aller. Au terme de la rencontre, celui par qui passent bon nombre de relances dans le jeu parisien affichait d'ailleurs 58% de passes réussies. Pire, sur l'ensemble de la deuxième période, O Monstro n'a fait que trois passes. Des statistiques accablantes. Pourtant, face aux médias, l'ancien Rossonero a tenu à féliciter ses coéquipiers avant de réfuter tout problème de mental. «Comme capitaine, je suis très fier de mes joueurs, malheureusement aujourd'hui rien n'a marché, on n'a pas réussi à mettre en place ce qu'on avait préparé et le Barça a concrétisé beaucoup de ses occasions. Malheureusement ça fait mal. Mais les grands joueurs, ce sont ceux qui sortent le plus vite de ça. (...) Ce n'est pas un problème de confiance, à l'aller on avait joué avec la maîtrise, on avait fait un très bon match, avec de la personnalité. Là, on joue avec presque les mêmes joueurs aujourd'hui, dans un stade très chaud, une ambiance très forte, mais on a manqué de personnalité. On n'a pas réussi à jouer.»

Un passif chargé en défaillances

Des propos qui auront toutefois du mal à passer auprès des supporters, mais aussi des médias brésiliens tant le parallèle avec les drames qu'a vécu le joueur lors du Mondial 2014 et de la Copa América 2015 saute aux yeux. «Thiago Silva a peur d'être marqué par un autre "blackout" dans sa carrière, après la prestation que le PSG a livrée hier devant le Barcelone, en prenant six buts et laissant filer la qualification pour la prochaine phase de la Ligue des Champions dans les derniers instants», écrit le média local Lance!. Il y a près de trois ans, dans son pays, Thiago Silva avait été incapable de surmonter la pression liée à son statut de capitaine de la Seleção.

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Une fragilité psychologique (il avait fini en larmes dans le rond central) qui l'avait même poussé à refuser de participer à la séance de tirs au but lors du huitième de finale de coupe du Monde face au Chili. Une scène qui avait marqué l'opinion brésilienne durant de longs mois, et ce, alors que Thiago Silva n'avait pas vécu sur le terrain l'humiliation infligée par l'Allemagne en demi-finale (7-1). Un an plus tard, après une longue absence en sélection, il avait encore flanché en Copa América en étant directement impliqué lors de l'élimination en quart face au Paraguay après un penalty provoqué suite à une grossière faute de main. Autant d'éléments qui, comparé au but égalisateur synonyme de qualification contre Chelsea en 2015 (huitièmes de finale), font de Thiago Silva un poissard des grands rendez-vous. Une dernière statistique vient d'ailleurs confirmer cette tendance : longtemps considéré comme l'un des meilleurs défenseurs du monde, Thiago Silva n'a jamais disputé la moindre demi-finale de Ligue des Champions.

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