OL : comment Rachid Ghezzal a-t-il pris son envol

Par Khaled Karouri
6 min.
Olympique Lyonnais Rachid Ghezzal @Maxppp

Brillant de mille feux depuis le début d’année 2016 et la nomination de Bruno Genesio comme entraîneur principal, Rachid Ghezzal est un autre homme au poste d’ailier, dans le 4-3-3 désormais privilégié par l’Olympique Lyonnais. Comment l’international algérien est-il devenu une pièce importance du dispositif rhodanien ? Décryptage.

La carrière d’un footballeur ne tient parfois qu’à très peu de choses. Une blessure au mauvais moment, un choix de club discutable, ou bien encore un entraîneur qui croit enfin en vous : nombreux sont les facteurs pouvant faire basculer dans le mauvais ou dans le bon sens le parcours d’un joueur. Et ce n’est assurément pas Rachid Ghezzal qui dira le contraire. Depuis le début d’année 2016, soit la nomination de Bruno Genesio comme entraîneur en chef de l’Olympique Lyonnais, le gaucher est un autre homme. Ayant participé à 13 des 14 rencontres disputées par le club rhodanien, le numéro 11 a inscrit 5 buts dans ce laps de temps, sur un petit nuage. Une question de confiance, comme nous le confirme son conseiller, Pascal Yvars.

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« C’est simple comme bonjour : ça s’explique par l’arrivée d’un nouveau coach, qui a une certaine confiance en lui, et qui l’aligne sur le terrain. C’est une histoire de confiance. Avec Hubert Fournier, la confiance n’existait pas. Quand tu fais entrer un joueur sur le terrain et que tu lui dis "tu as 7-8 minutes pour démontrer quelque chose", comment veux-tu entrer dans de bonnes conditions ? Je pense que le coach n’était pas convaincu par son potentiel et par ce qu’il pouvait apporter à l’équipe, il le mettait par nécessité », avance-t-il ainsi, n’épargnant pas un Hubert Fournier qui rechignait à accorder sa confiance à l’international algérien

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Un avis évidemment partagé par le joueur, qui affirmait lui-même à nos confrères de Lyon Capitale en janvier dernier : « Je ne vais pas vous dire que je méritais d’être titulaire, mais c’est sûr qu’à un moment donné, lorsque je voyais mes semaines d’entraînement et mes quelques entrées, je pense que je méritais plus de temps de jeu. (…) Surtout qu’on me répétait en permanence que j’étais bon, que je ne devais pas lâcher… et que ça allait payer. Finalement, ça ne le faisait pas vraiment. Donc, à force, tu perds patience. (…) Oui, j’en veux à Fournier. Je peux dire que je lui en veux, car tout joueur qui veut jouer et qui n’a pas cette chance le vit très mal. J’aurais aimé avoir plus de temps de jeu et malheureusement, ça n’a pas été le cas », lançait-il à l’époque, un brin amer.

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Ghezzal, le Robben de l’OL

Décidé à témoigner sa confiance au Fennec, Bruno Genesio n’a lui pas hésité à revoir le schéma tactique de l’OL, mettant en place un 4-3-3 au sein duquel Ghezzal vient se placer sur le flanc droit de l’attaque. Loin d’une place de meneur de jeu dans le traditionnel 4-4-2 losange de Fournier, qui n’exploitait pas vraiment ses qualités, la fine patte gauche revit dans ce rôle si particulier : « Je ne me surprends pas à ce poste, car je sais que pratiquement toutes les grandes équipes jouent avec des ailiers en faux-pied. Je ne me surprends pas, au contraire, je m’épanouis pleinement. J’ai eu une période de trou, elle m’a fait du bien mentalement, donc aujourd’hui je savoure. On ne peut que prendre du plaisir quand on voit ses coéquipiers se battre les uns pour les autres », assurait-il après son récital face à Guingamp dimanche soir (5-1), ponctué d’un but et deux passes décisives, lui qui fut présent sur les cinq buts rhodaniens.

Dans un registre à la Robben, le natif de Décines-Charpieu se régale dans sa ville natale au Parc OL, buteur lors de la première face à Troyes, et prenant surtout du poids dans le jeu de son équipe, précieux pour créer des décalages et opérer des changements d’aile grâce à la qualité de son pied gauche : « Sur le match de Paris, il a été moins décisif, mais il a été très important dans son rôle de replacement. Il a amené aussi des brèches offensivement, il est dans la continuité. Je ne juge pas mes joueurs offensifs que sur des statistiques. Ce poste d’ailier droit correspond le mieux à ses qualités je pense, même s’il peut évoluer sur l’autre côté ou derrière l’attaquant. Oui, je pense qu’il est plus à l’aise à ce poste », confirmait récemment Bruno Genesio en conférence de presse, suivi dans ce raisonnement par le conseiller de Ghezzal.

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« Avec Hubert Fournier, Rachid avait le sentiment qu’il ne jouerait jamais, du fait du système et du manque de confiance du coach. Bruno est arrivé, a adapté le système à plusieurs joueurs. Rachid est placé dans ce système, côté droit, et on sait que les gauchers aiment rentrer intérieur, frapper, décaler, voire jouer en remise. Ça lui va très bien. Après, il ne faut pas s’enflammer, mais enchaîner les bonnes performances, travailler, et progresser », poursuit ainsi Pascal Yvars. Cette métamorphose, si on peut l’appeler ainsi, fait en tout cas le bonheur de certains partenaires qui espéraient que leur coéquipier ait enfin sa chance, Nabil Fekir nous le fait savoir : « Je ne suis pas surpris. Je connaissais très bien les qualités de Rachid, qui est un très bon joueur. Avec Bruno Genesio, il a eu l’occasion de s’exprimer, de montrer ce qu’il valait, et je suis très content pour lui », se réjouit le numéro 18.

Quel avenir pour Ghezzal ?

Devenu titulaire sous les ordres de Bruno Genesio, le jeune homme de 23 ans franchit cap sur cap ces dernières semaines. Mais jusqu’où ira-t-il ainsi ? Telle est la question, alors que la concurrence est notamment rude en équipe nationale d’Algérie, où les Brahimi, Feghouli, mais aussi et surtout Mahrez viennent concurrencer directement l’ancien pensionnaire du FC Vaulx-en-Velin : « Certes, le tube du moment c’est Mahrez, mais le fait que Rachid Ghezzal ait toujours privilégié l’équipe d’Algérie, même après son passage en équipe de France au tournoi de Toulon, fait qu’il a une popularité naissante. (…) Ghezzal n’est pas encore perçu comme un titulaire au sein des Verts mais comme une solution de repli. Ses performances plaident pour lui, mais l’immuable 4-4-2 de Christian Gourcuff lui laisse peu de place, à moins que le sélectionneur change quelque peu ses principes et joue à trois attaquants comme face à la Tanzanie. Mais même dans le trident offensif cher au précédent coach, il ne constitue aujourd’hui au mieux que la doublure de Riyad Mahrez », nous indique Hassen Ferroukhi, journaliste à DZ Foot.

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Mais au-delà de sa situation chez les Fennecs, la question de l’avenir de Ghezzal à l’Olympique Lyonnais se pose aussi. Car s’il brille aujourd’hui, l’ailier aurait pu partir à l’hiver, période à laquelle Nantes ou Angers avaient des vues sur lui comme l’assurait L’Équipe : « À partir du moment où le coach le fait jouer, il y a une autre visibilité. Tout est possible, mais il est clair que si Hubert Fournier avait dû rester, on aurait tout fait pour partir. Quand il y a eu le changement de coach, j’ai dit à Rachid d’attendre, de voir ce que ça allait donner, et on a choisi je pense la bonne solution en restant. Et puis partir dans un club beaucoup moins huppé que l’OL, ça enlève aussi de la visibilité, et je connais le potentiel de Rachid », nous précise ainsi son conseiller Pascal Yvars, avant de conclure : « En tout cas, si Lyon veut que Rachid prolonge, on est là, à l’écoute ». En fin de bail en 2017, l’international algérien risque donc de faire parler de lui dans les semaines à venir, aussi bien du fait de ses performances que d’un point du vue contractuel. En tout cas, la concurrence sera rude à l’OL, lorsque les Mathieu Valbuena et autre Nabil Fekir seront de retour. Les intéressés sont prévenus, Rachid Ghezzal tient à son couloir droit.

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