L'Angleterre et Leeds découvrent le revers de la méthode Marcelo Bielsa

La série noire se poursuivra-t-elle pour Marcelo Bielsa ? Exceptionnel en première partie de saison en Championship, son Leeds commence à tirer la langue. Sur leurs 11 dernières sorties toutes compétitions confondues, el Loco - porté aux nues par les supporters et les observateurs dès ses premiers mois outre-Manche - et ses hommes ont perdu à 6 reprises. Ils n'ont pris que 13 points sur 30 possibles sur les 10 dernières journées de championnat. Mardi soir, ils ont encore perdu sur la pelouse de QPR (1-0, match en retard de la 33e journée). Même si l'écurie des Highlands reste en course pour la montée en Premier League (3e au classement à 2 points du leader Norwich City) et qu'il reste encore beaucoup de matches à jouer (12 journées), le spectre d'une fin de saison compliquée refait surface.

Comme à Newell's Old Boys en 1991, à l'Athletic Bilbao (2011-2013) et à l'Olympique de Marseille (2014/15) auparavant, l'Argentin voit sa gestion des hommes et son style de jeu remis en question. «Malgré ce que disent les statistiques de kilomètres parcourus, sa petite entreprise commence à manquer de gaz», explique The Independent. Une analyse à laquelle le technicien ne goûte pas du tout, comme l'a laissé entendre son agacement mardi soir en conférence de presse en réponse à une question sur le sujet. «Votre question n'a aucun fondement parce que, si vous avez vu le match, ce que vous pouvez dire, c'est que cette équipe a beaucoup d'énergie à revendre. Vous me demandez si nous avons perdu de l'énergie, mais ce que notre équipe montre à chaque match, c'est son activité», a-t-il lancé, relayé par le Yorkshire Post, avant de poursuivre.

«Leeds commence à manquer de gaz»

«Il est clair que vous ne savez pas de quoi vous parlez parce que s'il y a bien quelque chose dont l'équipe ne manque pas, c'est de l'énergie. Nous avons d'autres problèmes, comme toutes les équipes. Ce n'est pas mon opinion, vous n'avez qu'à regarder les statistiques pour tirer vos conclusions», a-t-il lâché, avouant ensuite sa frustration, visible dans les couloirs de Loftus Road. Évidemment, certaines raisons comme les nombreuses blessures, l'enchaînement des matches et un mercato plutôt calme (Kiko Casilla, Jamal Blackman et Mateusz Bogusz sont arrivés en janvier, alors que l'essentiel Samu Saiz a rejoint Getafe à la surprise générale) expliquent aussi cette mauvaise passe des pensionnaires d'Elland Road, mais la presse anglaise, elle, qui s'était déjà régalée de l'affaire du Spygate (l'Argentin avait fait espionner les séances d'entraînement de Frank Lampard à Derby County avant une rencontre), met désormais le doigt sur la difficulté du natif de Rosario à terminer ses saisons comme il les démarre.

The Independent ressort des témoignages pour argumenter. «C'est une méthode qui provoque un certain niveau de fatigue. Ce n'est pas que de la fatigue physique, mais aussi de l'usure mentale et émotionnelle, parce le niveau est si intense qu'il est difficile à maintenir sur une longue durée. Tous les êtres humains sont différents et réagissent de manière différente. Le style de Bielsa, ses séances, son exigence permanente, demandent de la continuité, tout ça, c'est difficile», expliquait Juan Manuel Llop, ancien de Newell's, dans le livre de Jonathan Wilson Angels With Dirty Faces : The Footballing History of Argentina. Éblouie en début de saison, la presse anglaise commence à remettre en question la patte Marcelo Bielsa. Il lui reste quelques semaines pour en terminer avec la réputation qui lui colle à la peau.