AS Roma : les vérités de Francesco Totti sur son départ crève-coeur

Par Matthieu Margueritte
8 min.
AS Rome Francesco Totti @Maxppp

Présent en conférence de presse, Francesco Totti a annoncé sa démission de l'AS Roma. Mais l'ancien numéro 10 emblématique des Giallorossi en a également profité pour livrer ses vérités sur son départ. Et le tout, sans filtre.

Depuis ce week-end, l'avenir de Francesco Totti à l'AS Roma s'écrivait plus que jamais en pointillés. Pour beaucoup, il n'y avait d'ailleurs plus de suspense lorsque celui qui était jusque-là le directeur technique du club romain avait donné rendez-vous aux médias ce lundi à 14h pour une conférence de presse exceptionnelle. «J’ai envoyé un email au président de la Roma où j’écris des phrases qui sont, pour moi impensables, inimaginables. J’ai donné ma démission à l’AS Roma. J’espérais que ce jour n’arriverait jamais.» Sa décision rapidement rendue officielle, Totti a ensuite donné une conférence de presse comme il en existe que trop rarement. Sans filtre, l'ancien numéro 10 de la Louve n'a éludé aucune question. Véritable amoureux de la Roma, le champion du monde 2006 a tout déballé, mais avec un mot d'ordre : ses confessions n'avaient pas pour but de faire du sensationnalisme ou de cracher dans la soupe vis-à-vis du propriétaire James Pallotta. Non, l'objectif avoué par Totti a été de vouloir faire comprendre avec ses mots pourquoi le club giallorosso ne parvient plus à retrouver les sommets.

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«Je n’avais pas la liberté de travailler dans le domaine technique. J’ai pris la décision la plus juste. La Roma doit passer avant tout. C’est une équipe à aimer. Le seul objectif, c’est la Roma. Il ne doit pas y avoir des pro-Totti, pro-Pallotta, pro-Baldini. (...) Les présidents, les entraîneurs, les joueurs passent mais la Roma reste. Je ne sais plus quoi dire. J'ai toujours mis la Roma avant tout, c'était ma deuxième maison. Prendre cette décision a été très dur. J’ai toujours voulu emmener ce club au plus haut niveau. Ce n’est pas de ma faute. Je n’ai jamais eu l’opportunité de m'exprimer, ils ne m'ont jamais impliqué dans quelconque projet technique. J’ai rapidement compris ce qu’ils voulaient faire. On ne s’est jamais entraidé. Ils connaissaient mes intentions, mon envie de tout donner pour ce club. Mais ils m’ont écarté de tout.»

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«J’aurais préféré mourir»

Touché, Totti a toutefois rapidement fait savoir que son départ n'était pas un adieu. Le tout en remettant un nouveau tacle à l'actuelle direction. «Au peuple de Rome, je dois seulement dire merci. Merci pour la façon dont ils m'ont traité. Mais c’est un au revoir, pas un adieu. Totti ne peut pas partir de Rome. Je prends un chemin différent. A un moment donné, quand un autre propriétaire misera sur moi, je serai là. (...) Assurément, un autre propriétaire. Après, il faut qu’il m’appelle, qu’il croit en mes qualités, qu’il croit que je puisse faire quelque chose bien. Je ne ferai jamais de mal à la Roma. Aujourd’hui, c’est autre chose que le jour de ma retraite. J’ai envie de mourir aujourd’hui. J’aurais préféré mourir. Des gens ont dit que j’étais trop encombrant pour ce club. (...) Ce mois-ci, j’étudierai toutes les offres que j’ai. Celle qui me plaira, je la prendrai. Je donnerai le maximum comme je l’ai toujours fait. Mais je ne veux pas dire c’est de la faute à untel. Je n’ai pas été respecté, et j’ai fait ce choix».

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Un manque de respect qui a vraiment blessé l'ancien international italien. Ce dernier s'est clairement senti poussé vers la sortie, après avoir été exclu de toute décision par ses dirigeants. «Nous savons tous, qu’ils ont tous voulu que je démissionne. J’avais un contrat de six ans. C’était une nouveauté pour moi. J’ai compris qu’être dirigeant était une chose complètement différente qu’être joueur. (...) Il n'y a jamais eu de rapport avec Baldini (ancien DG du club toujours influent) et il n'y en aura jamais. Un des deux devait partir. Ça ne sert à rien avoir deux coqs qui chantent dans un même club. Ça ne fait que des dommages.(...) On connait tous les difficultés financières du club en raison du fair-play financier qui doit vendre des joueurs d’ici le 30 juin. Il faut être transparent, surtout avec les tifosi. Il faut dire la vérité aux gens, même si elle n’est pas belle. Une fois, après une interview, j’ai dit que la Roma allait finir quatrième ou cinquième et que la Juve remporterait le championnat en janvier-février. On m’a traité d’incompétent (la Roma a fini 6e et la Juve a bien gagné le Scudetto). J'ai toujours dit aux dirigeants de dire la vérité aux tifosi. Si tu dis la vérité, tu es inattaquable. Ce n'est pas leur façon de faire, je ne pouvais donc pas rester. Je suis habitué à dire la vérité, même si elle ne plait pas. C’est pesant. (...) Ils ne m’appelaient que quand ils étaient en difficulté, en dernier. Comme s’ils voulaient m’exclure de tout. J’ai toujours essayé de me mettre à disposition, d’apporter quelque chose en plus à ce club.»

Totti voulait Conte, mais...

Triste de ne pas avoir eu sa chance, Totti a ensuite expliqué que la gestion de certains dossiers laissait plus qu'à désirer. «Mettons les points sur les i. Je n’ai jamais fait de l'argent une priorité. Je pense que j’avais les compétences pour ce poste (directeur technique). J’ai demandé à décider, mais si tout le monde ne t’appelle jamais et que vous passez toujours au second plan, quel genre de directeur technique êtes-vous ? On a dit que j’avais appelé tout le monde, mais c’est faux. Je n’ai appelé qu’Antonio Conte. Ils ont décidé de tout. (...) J’ai dit à Guido (Fienga, le directeur général), le seul qui peut changer la Roma, c’est Conte. Il nous avait donné son accord, après il a changé d’idée. C’est ma décision et celle de Guido. Ensuite Pallotta a appris notre choix et il y a eu des problèmes», a-t-il indiqué, avant de rendre hommage à Claudio Ranieri, revenu au chevet de la Roma en cours de saison. «Ils ne voulaient pas faire Ranieri, alors que je l’ai appelé. Aujourd’hui, je le remercie. il serait venu gratuit pour la Roma. A peine je l’avais appelé, il m’a dit : “demain je suis à Trigoria”. Sans même avoir parlé de rien».

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Incapables de prêter attention à ses conseils lorsqu'ils recherchaient un nouvel entraîneur, les patrons de la Roma n'ont également pas bien géré du tout le cas d'un autre Giallorosso emblématique : Daniele De Rossi. Car si le milieu de terrain est parti de Rome par la petite porte, ce n'est pas un hasard. «A Trigoria (le centre d'entraînement de la Roma), une seule personne doit décider, pas dix. Avec Daniele, je lui ai parlé comme à un ami. Je lui a dit de faire attention parce que j'avais compris que, pour eux (les dirigeants), c'était la dernière année de De Rossi. De Rossi est le capitaine de la Roma, il devait être respecté. Il fallait lui dire dès le début s'ils ne comptaient pas le prolonger. Et ne pas faire comme ils avaient fait avec moi, en le disant au dernier moment.» Déçu du manque de respect vis-à-vis des historiques du club, Totti est aujourd'hui très inquiet. De quoi valoir un avertissement à Pallotta.

«A Trigoria, j'ai été poignardé dans le dos»

«Ce n’est pas Totti qui change la Roma, mais j’aurais aidé la Roma. Il y a eu tant de promesses. Mais pas vraiment des promesses réalistes. En tant que tifoso, j’ai des rêves. Voir la Roma être au plus haut niveau. Gagner une coupe, être au moins deuxième du championnat chaque année. (...) A Trigoria, j'ai été poignardé dans le dos. Il y a des personnes qui ne m'aimaient pas et qui font du mal à la Roma. Il y a beaucoup de choses que Pallotta ne sait pas, mais il ne fait que les écouter. Pallotta n'a pas compris que je connais Trigoria comme ma poche, pas parce que je suis le plus intelligent, mais parce que j'y ai grandi. Là, tout le monde dit du mal sur tout le monde. Chaque personne est livrée à elle-même. (...) Ces dernières semaines. Pallotta a essayé de me retenir, mais toujours indirectement. En deux ans, je ne l’ai jamais eu, ni lui, ni Baldini. Que dois-je faire ? Qu’est-ce que je dois penser ? Que je suis le bienvenu ? Non. (...) Pour moi, j’ai été un poids pour ce club. On m’a dit que je suis un personnage trop encombrant, que ce soit en tant que joueur ou comme dirigeant. (...) Il y a eu des offres, dont une ce matin. je prends tout en considération parce que je suis libre. Directeur technique de la Juve ou du Napoli ? N’exagérez pas (rires) !»

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Désabusé sur la situation de son club de coeur et pas vraiment tendre avec son ancienne direction, Totti a quand même tenu à apporter un bémol à ses critiques sur James Pallotta. «Merci à Pallotta pour m’avoir donné la possibilité de travailler à la Roma, de connaître une autre réalité. Je n’aurais jamais pensé connaitre ça, donc je l’en remercie vraiment. Je ne crache pas dans la soupe. J’espère que les gens qui sont à ses côtés lui donneront les bonnes indications; Il va devoir être fort pour reconquérir le coeur des gens. (...) Pallotta doit vraiment comprendre les problèmes à Trigoria. J’aurais pu lui montrer, mais il n’a pas voulu. Il va devoir changer de registre». Resté plus d'une heure dans une conférence de presse relayée par tous les médias italiens, Francesco Totti a bien fait passer ses messages. Et pour beaucoup, il risque d'y avoir un avant et un après cette conférence de presse à la Roma.

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