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Oumar Solet, Udinese : «ma seule obsession est de réaliser de grandes performances en Serie A»

Solide, ambitieux et en pleine ascension, Oumar Solet s’impose comme l’un des défenseurs les plus prometteurs de sa génération. Passé par l’OL avant de briller sur la scène européenne avec le Red Bull Salzbourg, il continue de gravir les échelons avec détermination sous le maillot de l’Udinese. Dans cet entretien exclusif, il revient sur son parcours, ses défis, et ses ambitions pour l’avenir. Entre rigueur, travail et mentalité de gagnant, découvrez un joueur prêt à tout pour atteindre l’excellence.

Par Valentin Feuillette
12 min.
Oumar Solet @Maxppp

Après une période d’inactivité de plusieurs mois, Oumar Solet a rejoint l’Udinese en octobre 2024, bien que son inscription officielle n’ait été effective qu’en janvier 2025. Depuis ses débuts en Serie A le 4 janvier contre l’Hellas Vérone, le défenseur français de 25 ans s’est rapidement imposé comme un pilier de la défense frioulane. En dix rencontres, il a été élu deux fois MVP, figuré trois fois dans l’équipe de la semaine et une fois dans l’équipe du mois, contribuant à six clean sheets pour son équipe. Ces performances remarquables ont attiré l’attention de plusieurs clubs italiens de renom. En exclusivité, l’ancien roc défensif de l’OL se confie au micro de Foot Mercato.

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«Florian Thauvin m’a vite pris sous son aile»

Foot Mercato : Avant l’Udinese, on a assisté à une fin d’aventure un peu particulière avec le RB Salzbourg. Peux-tu nous expliquer un peu plus en détail ce départ ?

Oumar Solet : j’arrivais à un an de la fin de mon contrat à Salzbourg. Ils voulaient me vendre, ce qui est légitime. Et moi aussi, je voulais franchir un nouveau cap et vivre une nouvelle étape. Il y avait des clubs qui étaient intéressés, spécialement en Allemagne. Ça ne s’est pas finalisé comme prévu. J’ai dû revenir à Salzbourg parce qu’il y a eu un problème de visites médicales qui ont échoué. Au final, je n’ai pas pu partir. Le mercato avançait et à la fin du mercato, il fallait bien qu’on trouve un projet, parce qu’à Salzbourg, ils m’avaient fait comprendre clairement que le projet n’était plus avec moi. On sait que dans le football, il y a aussi une question d’argent et de business. Dès qu’ils ont vu que le mercato était fini, et qu’ils ne pouvaient plus me vendre, j’ai dû parler avec eux, on a dû s’asseoir à plusieurs reprises et discuter de comment on pouvait régler cette situation et trouver la meilleure solution. J’avais passé de très belles années au Red Bull Salzbourg, j’ai passé quatre ans là-bas où ils m’ont fait tout découvrir avec la Ligue des Champions… J’ai dû décider avec eux de prendre l’argent pour qu’on puisse résilier mon contrat. Je savais qu’il y avait l’Udinese qui était présent et qui était là aussi avant le mercato. J’ai sauté tout de suite dans le bain et je suis parti direct.

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FM : Pourquoi avoir fait ce choix de rejoindre la Serie A ?

OS : il y avait plusieurs équipes qui me suivaient, mais pendant le mercato, j’ai senti qu’elles n’étaient peut-être pas 100% sûr de vouloir me prendre. Cela peut arriver dans le football. Je pense que tout le monde sait quel genre de joueurs je suis. Le fait que je sois à Salzbourg n’a peut-être pas aidé. Je ne sais pas ce qui a pu freiner les clubs de pas envoyer à Salzbourg la somme qu’ils demandaient. Au final, j’ai dû patienter. Même si je n’ai pas pu réaliser un transfert au dernier mercato, j’avais confiance en moi, peu importe l’équipe où je me rendrai. J’étais convaincu que j’allais faire des bonnes performances et que j’allais montrer mon niveau à tout le monde. L’Udinese est un bon club en Italie. Je suis venu ici sans crainte. J’avais besoin de jouer dans un grand championnat. C’est vrai qu’en jouant à Salzbourg, je disputais la Ligue des Champions et c’est très bien. C’est ça qui m’a permis aussi de me faire mon petit nom, mais le championnat est important. Maintenant, je joue en Serie A, qui est dans le top 2 ou le top 3 au monde.

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FM : Peux-tu nous raconter un peu ton intégration en Serie A ? Tu as pu compter sur beaucoup de francophones, notamment Florian Thauvin, Hassane Kamara ou encore Isaak Touré.

OS : dès que j’ai pu signer à l’Udinese, juste après le mercato et ma résiliation, je suis venu directement. J’ai fait 3-4 mois sans jouer jusqu’à janvier. Ça m’a permis de bien me connecter avec toute l’équipe, et spécialement avec les francophones. Florian Thauvin, Hassane Kamara, Arthur Atta, ou Isaak Touré, on n’est pas mal. On a un Belge aussi, Christian Kabasele. Ça m’a tout de suite aidé dans mon intégration, et j’ai aussi beaucoup appris en les regardant, en regardant tous les matchs. J’ai pu bien analyser notre équipe, et bien repérer nos forces et nos défauts pour être prêt, pour démarrer les matchs, et pour frapper fort d’entrée.

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FM : Justement parle nous un peu de ta relation avec Florian Thauvin.

OS : c’est notre capitaine. Depuis que je suis jeune, je regarde le foot et Flo Thauvin a toujours été un très grand joueur. Il a fait de grandes choses, surtout quand il était à Marseille et encore aujourd’hui, je le vois au quotidien, c’est exceptionnel ce qu’il fait, c’est un joueur dont on a vraiment besoin, il est très important pour nous. Quand je suis arrivé ici, il m’a vite pris sous son aile, il me donnait des conseils tous les jours. C’est une très belle personne. Je suis très content de pouvoir le côtoyer au quotidien parce qu’au-delà de son talent et de ses qualités dont on a vraiment besoin, ça reste un grand joueur. Il a gagné une Coupe du Monde, c’est un joueur exemplaire.

FM : Tu as également Alexis Sanchez parmi tes coéquipiers, grande légende du football des dernières années. Quel impact a-t-il au quotidien sur l’équipe ?

OS : c’est un peu la même chose que Flo, tout le monde connaît la carrière de Alexis Sanchez. Pas besoin de faire un dessin, il a été dans les meilleurs clubs au monde. Quand on était petit, on le voyait à la télé, c’était beau et remarquable. Surtout ses passages à Arsenal et à Barcelone, c’était vraiment incroyable. C’est bien de l’avoir parmi nous, il a beaucoup d’expérience. Il est motivé, déterminé et très professionnel. Je trouve que c’est un joueur qui fait des choses impressionnantes. C’est toujours bon pour nous, pour les plus jeunes ici de pouvoir apprendre un peu de son expérience et de ce qu’il a vécu auparavant. C’est une très bonne personne, il donne des conseils au quotidien, il est toujours en train de parler. Il nous aide tout le temps. Son application au sein de l’équipe, elle est vraiment très professionnelle.

«J’aimerais un jour représenter un de mes pays»

FM : Tu réalises une belle saison à Udinese, au point d’attirer de grands clubs européens qui te suivent. Comment réagis-tu quand tu lis ces rumeurs ? Et quels sont tes objectifs pour les mois à venir avec particulièrement le mercato qui arrive ?

OS : franchement, je ne suis pas quelqu’un qui regarde trop ce qui se passe sur les réseaux ou ce que les médias disent à propos de moi. Je suis concentré sur ce que je fais ici. Ma seule obsession est de bien faire ici à l’Udinese, de réaliser des bonnes performances. C’est très flatteur d’entendre ces grands clubs qui me suivent. Pour l’instant, il n’y a rien, je suis juste concentré sur ce que je fais ici et j’ai envie de bien finir cette saison avec les objectifs qu’on a entre nous ici au club. Si on arrive à pouvoir remplir ces objectifs, je serai très content et moi individuellement, je me dois juste de réaliser de bonnes performances à tous les matchs et d’être un joueur constant, c’est vraiment mon objectif.

FM : Vous avez la chance d’avoir une équipe très cosmopolite à Udine, avec des dizaines de nationalités différentes avec un coach allemand. Est-ce que cela rend l’équipe beaucoup plus polyvalente d’avoir autant de visions tactiques différentes au sein d’une même équipe ?

OS : comme on le sait, le football, ce n’est pas au niveau des langues, c’est ce que tu produis sur le terrain. Tu peux ne pas parler la même langue que moi, mais sur le terrain, on se comprend. Il y a qu’une langue sur le terrain. Un mélange de nationalité dans un vestiaire, je dirais que ça ressent, mais c’est le terrain qui prime. Maintenant, le fait d’avoir par exemple le coach qui est allemand, c’est quelque chose de différent ici en Italie. Mais moi, je trouve que la variété est quelque chose de bien. Il y a des bons joueurs et des bons coachs partout. Il faut juste aller les trouver, les chercher, peu importe le pays. Chacun ramène sa pierre à l’édifice et on devient une équipe. Nous, ça nous réussit bien. On a un mélange de culture, un mélange de pays, mais on arrive quand même à s’en sortir. On ne va pas dire qu’on est dans le top d’Italie, mais on n’est pas très loin derrière. Je pense qu’on va réaliser une bonne fin de saison. Le championnat n’est pas fini. Je pense qu’on peut surprendre. On verra ce que la fin de saison nous réserve. Mais je suis très positif.

FM : Quelle équipe a été la plus compliquée à jouer, celle qui t’a le plus impressionnée en Italie cette saison ?

OS : depuis que je suis arrivé, j’ai deux équipes en tête, mais ce qui est sûr, c’est que je vais mettre le Napoli. C’était un match très compliqué, on a bien géré, j’ai bien aimé comment notre équipe a joué, on a vraiment été très performants, on leur a donné beaucoup de fils à retordre. Et ensuite, je dirais que, même si j’avais pris un carton rouge, je trouve que Como est une équipe qui joue très bien. Mais il nous reste encore beaucoup de grosses équipes à jouer cette saison (Inter, Bologne, Juventus, AC Milan, Fiorentina, ndlr).

FM : Quels joueurs t’ont le plus impressionné en Serie A ?

OS : je n’ai pas eu l’opportunité de jouer contre toutes les équipes encore. Si je devais t’en citer deux, je dirais Lukaku. Quand tu joues contre Lukaku, tu sais le joueur que tu vas devoir affronter. Il faut que tu sois dans ton jour, parce que Lukaku, ça ne va pas être facile. Dans ta tête, tu es déjà en mode "Lukaku sera mon adversaire", il faut s’y mettre complètement, il faut rester concentré sur tous les détails, parce que ce genre d’attaquants, il ne faut pas leur laisser un dixième de centimètre, ou quoi que ce soit, sinon ça peut finir au fond. En deuxième joueur, je dirais Gustav Isaksen de la Lazio. C’est un joueur qui a des qualités, qui est très dangereux par la percussion, et qui nous a mis de temps en temps en difficultés. On en ressort avec un match nul à la Lazio. C’était un bon point de pris pour nous, on était très contents.

FM : Ressens-tu une appréhension quand tu joues face à des clubs historiques dans des stades mythiques comme San Siro ?

OS : je ne fais pas attention à ce qu’il y a autour de moi. San Siro, BlueEnergy, Maradona… Moi, je suis un joueur qui, quand je suis sur le terrain, je suis vraiment focus et concentré sur mon équipe, sur la manière dont on va jouer. C’est vrai que ce sont des grands stades, des grandes ambiances, mais ça ne me fait pas autant d’effet que cela. Moi, la seule chose que je veux, c’est faire des bons matchs, réaliser de bonnes performances et d’être constant.

FM : Par rapport à la découverte de la ville, du pays, comment s’est déroulée ton adaptation ? Est-ce que tu te plais en Italie ?

OS : l’Italie oui, c’est un pays qui me plaît, c’est sûr. On a un très bon championnat, un bon niveau de jeu, la nourriture est bonne. Il n’y a pas à se plaindre, je suis très content, très heureux d’être ici en Italie donc tout irait bien si j’étais amené à rester en Italie, mais je ne fais pas mes choix à travers ça. Je suis quelqu’un qui est assez pragmatique, je fais attention à tout ce que je fais et à toutes les décisions que je prends. Mais je me vois bien être partout, je ne suis pas difficile, je suis quelqu’un qui veut réaliser son rêve, faire des bons matchs, être constant, être performant à tous les matchs, peu importe où je joue.

FM : Quelles différences vois-tu entre le football italien et le football français ?

OS : j’ai pas beaucoup joué en France mais je regarde certains matchs de Ligue 1. Je trouve que le Ligue 1 a beaucoup progressé. Les championnats varient, il y a un moment donné l’Italie avait perdu son fil, et ces dernières années, c’est très bien remonté. Ils ont mis la barre très haut. La Ligue 1 a aussi augmenté en termes de niveau de jeu. On peut le voir dans les équipes qui ont été qualifiées en Ligue des Champions cette année, ils ont vraiment fait briller la France. Je trouve que chaque championnat a différentes manières de jouer, d’aspects et de visions. En Italie, tout dépend de qui tu joues, dans quel système et c’est ça qui fait la différence entre tous les championnats.

FM : Suis-tu toujours l’OL et la Ligue 1 ? Te verrais-tu revenir en France

OS : franchement, je me verrai partout. Je veux juste réaliser mes rêves. J’ai envie d’être l’un des meilleurs défenseurs au monde. Je me concentre juste sur ce que je fais de bien, c’est de jouer au foot et de performer à tous les matchs. Et après, si je dois aller en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Espagne… peu importe. Je suis très content d’être ici et je donnerai le maximum pour l’Udinese. Aujourd’hui, c’est le club qui m’a donné sa confiance et moi, je vais juste leur redonner ça en retour.

FM : D’un point de vue personnel, tu as 25 ans, tu as réalisé de belles saisons à Salzbourg et maintenant en Italie. Pour la sélection nationale, tu as la chance d’avoir plusieurs origines : France, Centrafrique, Côte d’Ivoire. As-tu déjà fait ton choix, est-ce que tu réfléchis encore, as-tu eu des approches concrètes des fédérations respectives ?

OS : tout d’abord, c’est sûr que de représenter un de ses pays, c’est vraiment une fierté. J’aimerais un jour pouvoir représenter un de mes pays, pour l’instant ce n’est pas le cas et comme je te l’ai répété plusieurs fois, si la sélection doit venir, elle viendra un jour. Pour l’instant le plus important pour moi, c’est mon travail, tout ce que je fais à l’Udinese et je vais me concentrer sur ce que je donne ici. Toute mon attention est focalisée sur ce que je fais ici. J’ai envie de donner le meilleur de moi-même et demain, on verra ce qui peut se passer. En tout cas, je serai très fier un jour pour pouvoir représenter un de mes pays.

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