Genoa : la belle histoire d’Albert Guðmundsson charme toute l’Italie

Par Valentin Feuillette
5 min.
Albert Guðmundsson, joueur islandais du Genoa @Maxppp

Auteur d’une formidable saison avec le Genoa, de retour en Serie A après une saison dans l’antichambre italienne, l’attaquant islandais, Albert Guðmundsson, s’est mis toute l’Italie à ses pieds grâce à ses performances sportives mais aussi son histoire personnelle, aussi belle que particulière.

Son nom vous dit peut-être rien en France mais l’attaquant islandais, Albert Guðmundsson (26 ans), ne laisse personne indifférent en Italie. Après un début de carrière au Pays-Bas, où il a porté les couleurs de son club formateur du PSV Eindhoven (12 matchs) puis de l’AZ Alkmaar (101 matchs), le natif de Reykjavik a rejoint le monde du Calcio italien le 31 janvier 2022, lors du mercato hivernal, lorsqu’il s’est engagé avec le club italien du Genoa. Si Guðmundsson s’est rapidement acclimaté dans la capitale de la région de Ligurie, il n’a pas pu empêcher la descente du Grifone génois en Serie B. Dans l’antichambre italienne, l’Islandais de 26 ans a été l’un des artisans majeurs de la montée et du retour du Genoa en Serie A, terminant la saison dernière avec 14 buts inscrits en 38 rencontres disputées, toutes compétitions confondues. Et cette saison, Albert Guðmundsson continue son développement de manière impressionnante. Il est l’un des éléments offensifs indispensables au bon fonctionnement du système collectif de l’entraîneur italien, Alberto Gilardino. Lors des deux derniers matchs, contre la Juventus (1-1) et Sassuolo (1-2), il inscrit son sixième et septième but en Serie A, soit deux fois plus que Rafael Leão cette saison. Il a également délivré sa première passe décisive hier contre les Neroverdi.

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Les chiffres de l’Islandais sont impressionnants : le numéro 11 du Genoa est l’un des meilleurs dribbleurs du championnat italien avec 27 réussites, tout en étant le premier de Serie A en centres réussis (28) avec Federico Dimarco de l’Inter et le troisième en passes clefs. C’est un attaquant atypique, un joueur moderne, parfait pour l’équipe de Gilardino qui profite des espaces dans différentes zones du terrain. : «Je me mets au service de l’équipe. Je travaille dur et je veux profiter de chaque jour, conscient qu’une bonne routine peut m’aider à grandir davantage. Nous sommes un excellent groupe, mais encore en phase de croissance. Nous venons de Serie B, cela prend du temps, mais pour moi, d’ici deux ans, ce Gênes pourra entrer parmi les dix meilleurs clubs de Serie A. L’équipe m’a fait grandir, j’ai ensuite eu beaucoup d’aide de la part de mes coéquipiers. Et quelle entente avec Retegui, Ekuban et Puscas», a affirmé le chouchou du stade Luigi-Ferraris dans un entretien exclusif accordé à nos confrères italiens de la Gazzetta dello Sport. Mais derrière cette ascension sportive fulgurante se cache une incroyable histoire familiale, un récit merveilleux dont l’Italie raffole.

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Sur les traces de son grand-père…

Parfois un destin peut être écrit à l’avance. Albert Guðmundsson est issu d’une grande famille de footballeurs. Son père est l’ancien attaquant international Guðmundur Benediktsson. Sa mère d’Albert est l’ancienne joueuse internationale Kristbjörg Ingadóttir, elle-même fille de l’ancien attaquant international Ingi Björn Albertsson, qui détenait le record du plus grand nombre de buts en première division islandaise de 1987 à 2012 : «Il y avait une vingtaine d’heures de soleil et nous en profitions pour jouer au football, sans jamais nous arrêter. Il arrivait que ma mère doive venir m’appeler à deux heures du matin pour que je m’arrête et que je rentre à la maison», avait alors déclaré le joueur de 26 ans dans les colonnes de La Repubblica. Mais l’attaquant du Genoa, qui fait rêver toute l’Italie, est surtout l’arrière-petit-fils de… Albert Sigurdur Guðmundsson. Né à Reykiavik en 1923, l’arrière grand-père du numéro 11 du Grifone est un pionnier dans l’histoire du football, en tant que premier joueur professionnel islandais. Après avoir débuté le foot dans un petit club local islandais à Valur, il s’est ensuite rendu en Écosse pour étudier le commerce au Skerry’s College de Glasgow, tout en portant le maillot des Rangers. Suite à son court séjour là-bas, Albert Sigurdur Guðmundsson est ensuite allé en Angleterre où il a joué pour Arsenal en tant qu’amateur. Cependant, une fois sa carrière universitaire terminée, il a été contraint de quitter Londres car il n’avait pas son permis de séjour en règle. Resté sans club, l’idée de mettre un terme à sa carrière prématurément, à seulement 24 ans, ne lui était pas du tout venue à l’esprit. Il décide donc de poursuivre son tour d’Europe en France et s’installe à l’AS Nancy-Lorraine jusqu’en 1948.

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Mais Albert Sigurdur Guðmundsson est aussi le premier joueur islandais à débarquer en Italie. Après de longues et harassantes négociations durant le mercato, Papi Albert a en effet signé à l’AC Milan à l’automne 1948, lorsque les dirigeants des Rossoneri ont décidé de racheter son contrat pour 11 millions de lires. Un pionnier qui a sans l’ombre d’un doute ouvert la voie à des dizaines de talents venus dans les décennies suivantes des autres terres boréales froides (Suède, Norvège, Danemark, Finlande, Islande). Le 24 avril 1949, suite à plusieurs blessures graves dont au ménisque, il dispute son dernier match avec le Milan contre… le Genoa. Le même club qui, soixante-quatorze ans plus tard, accueillera son arrière petit-fils du même nom. Placé sur la liste des transferts, Albert Sigurdur Guðmundsson revient en France à l’été 1949, où il a joué trois saisons au Racing Paris puis trois autres campagnes avec l’OGC Nice, avant de rentrer dans son pays natal pour boucler la boucle avec Valur et vivre une nouvelle vie en dehors des terrains. A la retraite sportive, il s’est lancé dans une carrière politique en devenant président de la Fédération islandaise de football puis à atteindre le poste de ministre de l’Industrie. Depuis février 2010, une statue à son effigie a été installée devant le siège de la Fédération islandaise de football, prouvant l’impact considérable qu’Albert Senior a eu sur la diffusion du football sur son île natale : «Mon arrière-grand-père jouait à un niveau élevé et, bien sûr, j’aimerais atteindre ces sommets. Depuis que je suis enfant, je rêvais de jouer dans une équipe de haut niveau pour me battre pour les titres et remporter la Ligue des Champion», avait alors expliqué l’attaquant du Genoa.

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