FC Barcelone - Chelsea : les notes du match
Chelsea l'a fait. Menés 2-0 et réduits à dix, les Blues ont réussi l'incroyable exploit de se qualifier pour la finale de la Ligue des Champions en arrachant un match nul riches en rebondissements (2-2).

Pour ce match décisif dans la saison du Barça, Pep Guardiola nous avait réservé trois surprises, et pas des moindres. La première a été le retour à une défense à trois, la seconde fut la titularisation de Piqué et enfin celle de Cuenca en lieu et place d’Alves. De leur côté, les Blues de Chelsea alignaient un onze identique à celui du match aller.
Comme prévu, c’est un attaque-défense qui s’est immédiatement mis en place. Larges dominateurs du cuir, les Blaugrana n’ont pas dérogé à leur système de jeu, à savoir des passes sur toute la largueur du terrain avant de repiquer dans l’axe pour tenter de percer la forteresse londonienne. Messi (4e, 20e), Iniesta (10e) et Sanchez (3e) ont d’ailleurs parfaitement illustré ces propos mais ce sont heurtés à un excellent Cech. Le scénario du match aller entre une équipe anglaise bien regroupée derrière et un Barça en manque d’efficacité semblait alors se reproduire. Mais c’était sans compter sur une cascade d’événements qui ont influé sur la rencontre.
Car si le Barça a perdu Piqué, sonné suite à un contact avec Valdès, à la 26e, les Blues ont vécu un cauchemar. A commencer par la sortie sur blessure précoce de Cahill (12e). Puis, à force de subir les vagues d’assaut catalanes, est venue l’ouverture du score par Busquets (35e). Cent-vingt secondes plus tard, Captain Terry se fait expulser pour avoir donné un coup par derrière à Sanchez (37e). Un carton rouge lourd de conséquence puisqu’en moins de 40 minutes, la charnière centrale de Chelsea est déjà out. Il n’en fallait pas plus au Barça.
En supériorité numérique, les hommes de Guardiola ont logiquement intensifié leur pressing face à une défense anglaise remaniée avant de faire le break à la 43e par Iniesta sur un service de Messi (2-0). Le match était plié. Tout du moins, croyait-on. Averti dans la foulée et donc privé d’une hypothétique finale, Ramires a alors vécu un ascenseur émotionnel en réduisant la marque. Sur un relâchement espagnol, le Brésilien, lancé en profondeur, est venu lobé magnifiquement Valdès dans les arrêts de jeu (2-1, 45e). Un scénario incroyable pour des Blues inoffensifs en première période (hormis une percée de Drogba à la 25e), mais qualifiés à ce stade de la rencontre à dix contre onze. Le suspense était préservé.
Au retour des vestiaires, ce match spectaculaire a de nouveau connu un coup de théâtre. Sur un contact entre Fabregas et Drogba, l’arbitre décide d’accorder un penalty plutôt généreux (48e). Mais décidément, les dieux semblaient être du côté de Chelsea. Incapable de marquer contre les Blues, Messi trouve la barre transversale de Cech. Auteur de la perte de balle qui a amené le but de Drogba à l’aller, l’Argentin se souviendra longtemps de cette demi-finale qui risque fort de lui coûter le FIFA Ballon d’Or. Car ce fait de jeu l’a sorti de son match. Si Sanchez (54e), Puyol (59e) et Cuenca (62e) ont réagi dans la foulée, le manque de mouvement des Blaugrana combiné à un Cech en état de grâce (83e) ont été fatals à un champion d’Europe en titre peu inspiré et multipliant les passes latérales aux abords de la surface adverse sans presque jamais réussir à y pénétrer. Tout le Camp Nou pouvait alors se remémorer le hold-up réussi par l’Inter Milan très défensif de Mourinho en 2010.
Car en face, les Blues semblaient avoir visionné la vidéo du match. Sans s’affoler malgré leur infériorité numérique, les partenaires de Ramires ont su se montrer imperméables tout en comptant sur un Didier Drogba encore auteur d’un gros match. Pesant sur l’arrière-garde adverse sur les très rares occasions londoniennes, l’Ivoirien a, comme Eto’o, joué à merveille les latéraux de service. Et ce n’est pas le but de Sanchez refusé pour un hors-jeu d’Alves (82e) qui a changé la donne. Mieux, c’est un Torres longtemps en proie au doute et muet face au but qui a profité d’un contre pour s’en aller battre Valdès (2-2, 90e). La messe était dite.
Qualifié pour la finale de la Ligue des Champions quatre ans après celle perdue à Moscou contre MU, Chelsea réalise un énorme exploit, mais si le manque de fraîcheur catalan a sans doute joué un rôle important dans cette double confrontation. Mais les Londoniens n’en ont que faire. Seul hic, ils devront se passer des services de quatre piliers de leur défense (Terry, Ramires, Ivanovic et Meireles).
Homme du match : Ramires (7,5) : il a donné le ton d'entrée de jeu, récupérant un nombre important de ballons dans les pieds adverses (5e, 11e, 39e). Il a bien combiné avec Ashley Cole sur les quelques montées de ce dernier et l'a parfaitement épaulé défensivement. Passé arrière droit après l'expulsion de Terry, il a encore réussi à briller. Averti pour contestation et privé de finale, il inscrit dans la foulée le but de l'espoir d'un lob subtil au dessus de Valdes sur un service de Lampard dans la profondeur. Par la suite, il s'est démené défensivement et a été énorme à la récupération. Le meilleur joueur de Chelsea incontestablement.
FC Barcelone :
Valdes (4) : auteur d’une mauvaise sortie qui a couté le remplacement de Piqué, le portier catalan a vécu une sale soirée. Impuissant sur le but de Ramires (45e), il a affiché une énorme fébrilité sur chacune de ses interventions.
Piqué (non noté): pour son retour dans le onze type, il a été énormément sollicité, notamment pour ses relances. Très haut dans son positionnement, il a cependant dû céder sa place, sonné suite à un contact avec son gardien. Remplacé par Alves (26e, noté 5,5) auteur du décalage qui amène le deuxième but de son équipe (35e) et qui a tenté en vain de fournir ses attaquants en munitions.
Mascherano (4,5) : face à un Chelsea inexistant devant, hormis quelques percées de Drogba, l’Argentin n’a quasiment rien eu à faire dans ce match, mais n’a pas affiché une grande sérénité pour autant.
Puyol (5): si Drogba lui a causé quelques soucis, le taulier de la défense a eu le mérite de monter pour placer sa tête mais n’a jamais trouvé le cadre.
Xavi (5) : élu meilleur meneur de jeu de 2011 par l’IFFHS, le cerveau du Barça n’a pas vraiment été très inspiré ce soir. Pour preuve, lors du money time en fin de match, il ne semblait plus quoi faire du cuir et multipliait les passes latérales.
Busquets (5,5) : auteur de l’ouverture du score sur un centre de Cuenca (35e), le milieu défensif espagnol a souvent tenté d’apporter le surnombre devant face à un bloc défensif adverse très compact. Mais comme au match aller, alors qu’il se trouve en bonne position de frappe, il s’est manqué.
Iniesta (6) : à l’instar de Xavi, il s’est éteint au fil de minutes. Pourtant, son début de match était de très bonne facture grâce à ses percées sur le flanc gauche. Il a même inscrit le but du 2-0 (43e), mais s’est montré incapable par la suite de trouver la solution.
Fabregas (5,5): il aurait pu être l’un des hommes du match. A l’origine de deux alertes chaudes sur le but de Cech (3e, 20e), c’est lui qui a obtenu le penalty de la qualification (48e). En vain. Remplacé par Keita (74e).
Cuenca (5) : positionné à droite en lieu et place d’Alves, le jeune Barcelonais a éprouvé de grosses difficultés face à Cole. Battu en un contre un, il a également peiné avec ses centres. Repositionné à gauche, il s’est immédiatement senti plus à l’aise, délivrant au passage une passe décisive (35e). Il rate toutefois un face à face avec Cech (62e). Remplacé par Tello (68e).
Sanchez (5) : alerté en profondeur par Fabregas dès les premières minutes du match(3e), le Chilien a été l’auteur du déboulé gagnant sur le deuxième but du Barça (43e). Mais ce sera à peu près tout en termes d’actions franches, hormis une tête non cadrée (54e) et un but logiquement refusé pour un hors jeu (82e).
Messi (4,5) : le phénomène argentin est essoufflé. Rapidement mis en position de tir, il a manqué toutes ses actions dangereuses (4e, 20e), quand ce n’est pas le poteau de Cech qui s’en est mêlé (83e). Passeur décisif pour Iniesta (43e), il ses souviendra cependant très longtemps de cette demi-finale. Incapable de faire la différence individuellement, il a surtout manqué le penalty qui aurait tout changé dès l’entame de la seconde période (48e). Un raté qui lui a plombé sa fin de match. Irrité, il a multiplié les erreurs techniques. Ce soir, le triple vainqueur du FIFA Ballon d’Or a peut-être perdu son bien.
Chelsea :
Cech (7,5) : il avait réussi à garder ses cages inviolées au match aller grâce à sa vista mais aussi à une réussite insolente. Cette fois il a certes encaissé deux buts sur lesquels il ne pouvait strictement rien mais a encore réussi une partie de haute volée. Une lecture des ballons aériens impeccable (3e, 6e, 9e, 16e) et des arrêts décisifs face à Messi (3e, 19e, 83e), Cuenca (62e) et Mascherano (90e), une présence de tous les instants dans ses cages et un sens de l'anticipation impressionnant. Et pour preuve que sa chance ne l'avait pas abandonné, Messi a touché du bois sur penalty. Averti pour gain de temps (59e).
A. Cole (7) : il a été impérial sur son côté gauche et a mangé tout cru le malheureux Cuenca qui n'a jamais pu trouver la solution. Il a presque systématiquement pris le dessus sur son vis-à-vis, a brillé par son sens de l'anticipation et également tenté quelques montées rageuses.
Terry (2) : pris d'entrée de jeu sur un une-deux entre Sanchez et Messi (3e), il a semblé ensuite bien rentrer dans son match malgré la sortie précoce de Cahill dès la 12e minute. Un dégagement sur un centre de Cuenca (13e) et une intervention dans les pieds de Messi (30e) jusqu'à cette expulsion stupide à la 37ème minute pour un coup de genou dans le dos de Sanchez, inadmissible pour la capitaine des Blues qui voit rouge.
Cahill (non noté) : très bon au match aller, l'international anglais a dû céder sa place dès la 12e minute, touché aux ischios jambiers. Il est remplacé par Bosingwa (5) qui s'installe côté droit et laisse Ivanovic rejoindre Terry dans l'axe (12e). L'international portugais est bien rentré dans son match, récupérant quelques ballons précieux dans son couloir droit avant de devoir glisser dans l'axe après l'expulsion de Terry.
Ivanovic (7) : gros match de l'international serbe baladé entre le côté droit et l'axe de la défense après la sortie de Cahill sur blessure. A l'image de son équipe, il a été héroïque, se jetant sur tous les ballons comme un mort de faim. Il s'est distingué par des interventions décisives devant Cuenca (5e), Xavi (12e), Iniesta (46e) et Fabregas (66e). Averti pour contestation, il ne disputera pas la finale.
Obi Mikel (3) : on a toujours du mal à comprendre pourquoi il bénéficie d'une telle confiance de la part de Roberto Di Matteo tant il peine à briller dans ce genre de matches. Inexistant dans l'élaboration du jeu, il a également eu beaucoup de mal à exister à la récupération. Il a quand même réussi à gratter quelques ballons et à verrouiller l'axe face aux offensives catalanes. Averti pour une grosse faute sur Sanchez (32e).
Meireles (4,5) : très discret en début de match, il n'a pas réussi à mettre le même impact d'entrée de jeu comme il l'avait fait au match aller. Monté en puissance au fil du match, il a récupéré quelques ballons précieux (35e) et s'est mis au service de l'équipe défensivement. Averti en fin de match (89e).
Lampard (4) : aucune présence dans le jeu, son équipe étant privée de ballons. Il a travaillé défensivement avec quelques ballons grattés ici et là, notamment un dans les pieds de Messi (14e). Comme au match aller, son coup d'oeil a fait la différence pour lancer Ramires dans la profondeur qui s'en va battre Valdes d'un lob subtil. Averti pour une faute sur Fabregas (72e), il aurait lui aussi pu (dû?) être expulsé.
Ramires (7,5) : voir ci-dessus.
Mata (3) : une prestation identique à celle du match aller. Tout à fait mal à l'aise dans le système défensif de Di Matteo, il n'a pesé ni offensivement ni défensivement, incapable d'aider son équipe. Son profil technique et fragile ne sied guère à ce genre de joute engagée. Logiquement remplacé par Kalou, au profil plus athlétique (58e).
Drogba (6) : on l'a vu moins conquérant que lors du match aller où il avait mené son équipe jusqu'à l'exploit. Il possède toujours un jeu dos au but exceptionnel et un physique hors-norme mais n'a quasiment jamais réussi à se montrer dangereux ni même à peser véritablement sur la défense catalane pourtant privée de Piqué après seulement 26 minutes. Il est souvent revenu défendre et mettre la tête pour soulager ses coéquipiers. Coupable d'une faute sur Fabregas qui amène le pénalty (48e), il est sauvé par la transversale de Cech. Remplacé par Torres (80e), buteur en fin de match et qui scelle la qualification de son équipe.
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