Sébastien Pocognoli détaille son grand projet pour guérir l’AS Monaco
Présenté officiellement ce mardi après-midi devant la presse, Sébastien Pocognoli a livré ses premiers mots en tant qu’entraîneur de l’AS Monaco. Le technicien belge a affiché son enthousiasme et ses ambitions, mêlant lucidité et détermination. Devant les médias, il a détaillé sa philosophie de jeu, sa vision du groupe et son envie de s’inscrire dans la continuité d’un club historique, tourné vers la formation et l’exigence.

À 38 ans seulement, Sébastien Pocognoli s’apprête à écrire une nouvelle page de sa jeune carrière d’entraîneur en prenant les rênes de l’AS Monaco. Nommé en remplacement d’Adi Hütter, le technicien belge débarque en Principauté avec une réputation grandissante, celle d’un entraîneur moderne et ambitieux, auréolé du titre de champion de Belgique avec l’Union Saint-Gilloise dès sa première saison sur un banc professionnel. Ce sacre, 90 ans après le dernier titre du club bruxellois, a fait de lui le plus jeune coach belge titré au 21e siècle, symbole d’une ascension aussi rapide qu’inattendue. C’est donc un pari audacieux mais réfléchi qu’ont décidé de tenter les dirigeants monégasques, séduits par le dynamisme, la clarté des idées et la personnalité entière de celui que ses proches surnomment « Poco ». Derrière son profil de novice au plus haut niveau européen, Pocognoli incarne une vision précise du football. Son Union Saint-Gilloise, souvent disposée en 3-4-1-2, a brillé par sa rigueur défensive et son intensité sans ballon : meilleure défense du championnat, équipe la plus agressive au pressing, et l’une des plus efficaces dans les transitions rapides.
Ces chiffres traduisent une philosophie claire basé sur un football dominant, exigeant, porté sur la récupération haute et la verticalité. Le Belge prône une approche collective fondée sur l’engagement total, mais aussi sur la flexibilité tactique, adaptée aux qualités de ses joueurs. Cette exigence, à la fois physique et mentale, s’accompagne d’une dimension humaine forte, qui constitue l’un des fondements de sa méthode. Quelques heures après sa présentation officielle, Sébastien Pocognoli a dirigé son tout premier entraînement à la tête de l’AS Monaco, ce mardi après-midi, sur les terrains de la Turbie. Une séance forcément allégée, en raison d’un effectif réduit par la trêve internationale. Huit joueurs, dont Akliouche, Caio Henrique, Balogun, Minamino ou encore Diatta, manquaient à l’appel, retenus ou à peine rentrés de sélection. Côté infirmerie, Paul Pogba (cuisse), Lamine Camara (cheville) et Lukas Hradecky (genou) sont restés en soins, tandis que Vanderson et Christian Mawissa ont poursuivi leur travail individuel en marge du groupe. Le capitaine Denis Zakaria, touché aux adducteurs, n’a pas pris part à l’échauffement observé par les médias. Quelques bonnes nouvelles tout de même pour le nouveau coach monégasque, qui a pu retrouver Aleksandr Golovin et le jeune Aladji Bamba, tous deux remis de leurs pépins physiques.
Les premières grandes annonces
En choisissant Pocognoli, l’AS Monaco renoue avec une certaine tradition en misant sur la jeunesse, l’audace et le développement des talents. L’ancien latéral gauche, formé en Belgique et passé par la Bundesliga et la Premier League, connaît l’importance des centres de formation et l’accompagnement des jeunes joueurs, un sujet qui le passionne et qu’il place au cœur de son projet monégasque : «je suis quelqu’un qui aime aussi donner la chance aux jeunes joueurs. Je suis un jeune coach et pour moi, ça m’a donné énormément de confiance qui ait eu cet intérêt de Monaco. C’est ce qui m’a attiré aussi dans la démarche, qu’un grand club de France puisse être attiré par un jeune coach en Belgique qui fait de bonnes choses, certes, mais j’ai trouvé la démarche très intéressante. Si on fait vite et bien, après, on peut avoir une perspective de moyen terme et de long terme. Et dans un très court terme, on peut aussi utiliser des jeunes. S’il faut, au bon moment, utiliser un jeune et lui donner l’opportunité de faire ses débuts, on le fera. Mais je prendrai soin de prendre, bien sûr, conseil auprès de ma direction de l’académie de jeunes pour lancer un jeune au bon moment», a-t-il affirmé en conférence de presse. Sa sensibilité à la formation et à la progression individuelle résonne parfaitement avec la politique sportive du club princier, historiquement tourné vers la promotion des pépites issues de l’Academy. Dans un contexte où Monaco cherche à retrouver la stabilité et la régularité du très haut niveau, son profil de bâtisseur moderne apparaît comme une continuité logique dans la stratégie du club. Alors que les Monégasques souffrent sur ce début de saison en défense, Pocognoli a déjà annoncé travailler sur ce point : «Il y a le volet collectif et le volet individuel. Quand le volet individuel est clair, on peut mettre un collectif. Et mon rôle, c’est de mettre un game plan et de mettre une structure où les défenseurs sont dépendants des attaquants. C’est ce qu’on a très bien fait pour apporter une sécurité à nos défenseurs. Après, individuellement, j’avais des défenseurs qui aimaient défendre. Tout ça combiné, ça a donné certainement une des meilleures défenses d’Europe l’année passée.» Au-delà du rectangle vert, Sébastien Pocognoli séduit par sa personnalité singulière.
Curieux du monde et passionné par les cultures, l’ancien arrière gauche du Standard de Liège revendique un regard ouvert sur l’humain et le collectif : «j’aime la rigueur, j’aime le travail. J’ai été éduqué comme ça. Après, en termes de football, j’aime bien aller vers l’avant. Ce qui est un grand mot à la mode, c’est d’apporter de l’intensité et de dominer, mais il faut le faire d’une certaine manière. J’espère apporter plus de réponses dans les semaines prochaines. Je pense qu’on a un noyau pour jouer plusieurs systèmes, c’est la première chose», a-t-il expliqué avant de poursuivre «je m’adapte aussi avec les forces en présence. Je pense que Monaco a déjà joué comme ça, les 4 arrière dans une certaine structure peut être aussi très intéressant. Donc, on verra, ça dépend aussi d’un noyau à disposition et de faire les meilleurs choix. Mais j’ai un groupe assez hybride et ça, c’est une grande chance aussi. Et quand les joueurs blessés reviendront, on aura encore plus de possibilités. C’est pas forcément en étant en bas sur le terrain, face à une très bonne équipe, puis il y a forcément des transitions. La transition peut être à différents moments, c’est sur le pressing haut, récupérer le ballon, et apporter un peu plus de structure et de discipline. Pour ça il faut s’entraîner, semaine après semaine. Mais il y a déjà beaucoup de joueurs qui peuvent jouer dans des petits espaces avec des qualités. Je pense qu’il faut juste mettre une structure, une rigueur, une discipline, et que les joueurs s’y tiennent». Celui qui rêvait enfant de devenir archéologue voit dans le football un terrain d’expression et d’apprentissage permanent, où la diversité et le partage nourrissent la performance. Inspiré par des figures comme Louis van Gaal ou Vincent Kompany, il combine rigueur tactique, communication directe et leadership bienveillant. Son arrivée à Monaco, au-delà du défi sportif, s’annonce comme la rencontre entre un club d’ambition et un homme en quête d’expression pour un football total, réfléchi et profondément humain.
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