Ligue des Champions : l’Atlético de Madrid est la risée de toute l’Europe

Par Valentin Feuillette
5 min.
L'Atlético de Madrid déçu après l'élimination @Maxppp

Pourtant victorieux à l’aller, l’Atlético de Madrid a coulé au Signal Iduna Park contre Dortmund. C’est bien le club allemand qui file en demi-finale et qui affrontera le Paris Saint-Germain. Un naufrage que l’Europe et surtout l’Espagne ont du mal à digérer.

Alors qu’ils avaient bien maîtrisé le sujet à l’aller au Cívitas Metropolitano (2-1), les Colchoneros se sont effondrés mardi soir au Signal Iduna Park contre le Borussia Dortmund, en quart de finale retour de la Ligue des Champions (4-2). Une élimination à laquelle personne ne s’attendait surtout après être revenu au score dans cette rencontre, étant menés par deux buts à la pause. Ce retour à l’heure de jeu aurait dû être un coup de massue sur la tête des troupes d’Eden Terzic, surtout face aux joueurs de Diego Simeone habitués à conserver une avance facilement avec le couteau entre les dents. Mais à Dortmund, c’est toute une philosophie, toute une identité qui se sont lamentablement écroulées en montrant leurs limites. Les Colchoneros avaient une ouverture pour aller en demi-finale et peut-être même plus loin. Ils resteront finalement à quai, au grand dam du capitaine Koke : «nous avons réalisé une belle campagne de Ligue des Champions, mais cela fait mal. Nous sommes en colère parce que nous voulions passer. C’est le football et ça peut être cruel».

La suite après cette publicité

L’Atlético a encaissé un but lors de ses 11 derniers matchs, il s’agit de la pire série depuis que Diego Simeone est entraîneur des Madrilènes. D’ailleurs, le coach argentin n’a pas caché sa frustration après la rencontre : «on a eu énormément d’occasions de marquer sur les deux rencontres. Notamment à l’aller, et l’écart aurait dû être plus grand. Aujourd’hui, il y a eu le raté d’Alvaro Morata en première période et celui d’Angel Correa après la pause. En face, ils n’ont pas eu des occasions aussi nettes, mais ils ont été réalistes et ils ont réussi à marquer quatre buts ce soir. Nous n’avons pas eu le même sang-froid devant la cage. Si cela avait été le cas, nous serions qualifiés», a-t-il affirmé. La presse espagnole n’a d’ailleurs pas été totalement tendre : le quotidien espagnol Marca a titré «Tragédie de l’Atlético à Dortmund», tandis que AS a été plus incisif dans sa titraille en placardant ce matin sur le site «Mort, résurrection et mort». L’Atlético de Madrid a été éliminé en quart de finale de la Champions League, lors de leurs trois dernières apparitions dans cette manche (2020, 2022 et 2024), ayant atteint les demi-finales dans trois de leurs quatre précédentes (2014, 2016 et 2017).

À lire Liga : la police a identifié l’auteur du chant raciste contre Nico Williams

Une impression de déjà-vu

La désillusion au Signal Iduna Park s’est rapidement faite une place dans la galerie des longues et traumatisantes déceptions des Colchoneros dans l’histoire récente de la Ligue des Champions, avec ce qui s’est passé à Turin contre la Juventus de Cristiano Ronaldo en 2019, ce qui s’est passé à Lisbonne l’année du Covid-19 contre le RB Leipzig ou ce qui s’est passé à Porto en phase de groupes de la Ligue des Champions l’année dernière. Dans tous ces souvenirs amers, les Colchoneros de Cholo Simeone débarquaient comme favoris et faisaient bonne figure jusqu’à une noyade inattendue. «Nous sommes très blessés, je pense que nous avons fait la chose la plus difficile qui a été de marquer deux buts et nous n’avons pas su gérer le résultat, nous n’avons pas été très intelligents, il me semble», a expliqué Rodrigo De Paul en zone mixte mardi soir. Les médias espagnols n’ont pas été tendres avec l’Atlético. Le journal catalan Sport s’est fendu froidement du titre «L’Atlético s’est écrasé contre le mur jaune». Ce qui a été réalisé contre l’Inter Milan en 8e de finale a fait des Rouge et Blanc l’un des candidats évidents pour les demi-finales après une soirée inoubliable au Metropolitano. Le tirage au sort leur a fait croiser le chemin d’un Borussia Dortmund qui ne vit pas sa meilleure période en Bundesliga. Depuis 2019, l’Atlético de Madrid n’a gardé sa cage inviolée qu’à deux reprises en tant que visiteur en Ligue des Champions sur un total de 20 matchs : contre Salzbourg en 2020 et Manchester United en 2022. L’Atlético, en tant que visiteur en Europe, ne fait plus peur à personne. L’essence du Cholo n’est pas la même, l’ADN de l’équipe est en train de muter mais pour le pire et les fans le savent.

La suite après cette publicité

Ce qui surprend, pour ne pas dire choque l’Espagne aujourd’hui, est la différence criante d’expérience sur le papier entre les deux équipes. Les sorties médiatiques de Rodrigo De Paul et de Diego Simeone peuvent paraître tout à fait exactes en raison de la jeunesse de l’équipe du Borussia Dortmund en comparaison à l’expérience de l’Atlético de Madrid qui compte cinq champions du monde dans son effectif(De Paul, Molina, Correa, Griezmann et Lemar) ainsi que des joueurs qui ont remporté la Ligue des Champions, comme César Azpilicueta mais aussi des éléments vétérans qui ont déjà disputé une finale avec les Colchoneros tels que Giménez, Oblak ou Koke entre autres. Pendant longtemps, l’Atlético résonnait avec l’idée d’une équipe qui sait défendre solidement et intensément, tout en sachant jouer à la perfection des doubles confrontations européennes. Mais il n’y a plus grand-chose de reconnaissable dans cet Atlético qui prétendait être l’équipe du Diego Simeone, porteuse de certaines valeurs défensives. La sécurité n’est qu’un lointain souvenir, elle qui lui permettait de gagner des matchs même par inadvertance. Cette équipe a maintenant un jeu plus gai, plus coloré, plus offensif capable de se procurer des occasions mais en encaissant quatre buts. Dans un match de Ligue des Champions, il est impossible de passer à l’étape supérieure dans ces conditions. Encore une fois favori mais encore à la rue. L’avantage du match aller n’a pas été d’une grande utilité, les hommes de Simeone auraient pu envoyer leur rival au tapis à deux reprises et ils ne l’ont pas fait, ce qu’ils ont payé cher, très cher.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité