Espagne-Portugal : les notes du match
L'Espagne se qualifie sans briller pour les quarts de finale en battant une équipe du Portugal bien décevante (1-0). La Furia Roja peut remercier David Villa.
Oui, un grand merci à David Villa s'impose pour les Espagnols. Car sans lui et ses nombreuses tentatives, la sélection de Del Bosque aurait pu buter bien plus longtemps sur la défense de fer portugaise. Les Lusitaniens ont vite fait comprendre qu'ils allaient s'appuyer sur leur force défensive (0 but jusqu'alors encaissé) et jouer en contre. Malheureusement, il est difficile d'espérer marquer un but en ne montrant quasiment aucun mouvement collectif. Même la Grèce avait fait quelques efforts en 2004...
C'est donc le Portugal du Brésil et de la Cöte d'Ivoire, pas celui de la Corée du Nord, qui était sur la pelouse du Cap ce soir. Les Espagnols n'en demandaient pas tant, mais mirent un temps fou à se libérer. Pourtant, tout commençait bien avec pas moins de 3 frappes en 7 minutes. Torres semblait en jambes et Villa partait sur le même rythme que ses derniers matches. Mais le premier est vite retombé dans l'anonymat et seul le second semblait avoir les jambes pour débolquer la rencontre. Ce qu'il fit à la 63e minute, après l'un des rares mouvements rapides impulsé par le duo Iniesta-Xavi, dont la subtile talonnade décalait parfaitment son futur coéquipier à Barcelone.
La patte barcelonaise est très présente dans le jeu proposé, mais à la différence du club catalan, Lionel Messi et sa formidable capacité d'accélération ne sont pas là. Il faudra donc trouver d'autres ressources pour espérer aller au bout, car l'Espagne semble parfois se satisfaire de faire tourner la balle de gauche à droite et s'en remettre au talent de Villa. Face au Paraguay en quart de finale, cela pourrait encore suffire. Mais en cas de qualification, pas sûr...
L'homme du match : David Villa (8) : malgré quelques belles frappes, il va connaître une première mi-temps frustrante. Bien plus incisif en seconde période, il va pilonner la défense centrale se créant de nombreuses occasions et finira par trouver la faille à la 63e minute sur un bon service de Xavi. Par la suite, seul un grand Eduardo empêchera le meilleur buteur du Mondial avec 4 buts de corser l'addition. Une prestation hors norme pour un joueur qui a prouvé qu'il était la star offensive de cette Coupe du Monde. Remplacé par Pedro (87e).
Espagne :
Casillas (4) : toujours aussi désastreux, le portier du Real Madrid n'est vraiment pas rassurant. Incapable de renvoyer proprement les tirs portugais, le gardien espagnol est à des années-lumière de son meilleur niveau.
Capdevila (5) : moins offensif que son compère du côté droit, Capdevila a effectué un match sérieux, s'offrant même quelques chevauchées offensives.
Piqué (6) : indispensable en défense centrale, le défenseur barcelonais a effectué une prestation impeccable, étant rarement pris en défaut devant les timides offensives lusitaniennes et en mettant en application un excellent sens du placement.
Puyol (5) : en grande difficulté devant Hugo Almeida, le défenseur central a connu une soirée difficile malgré le peu d'occasions franches du Portugal et aurait même pu inscrire un but contre son camp à la 55e minute sur un centre tir d'Almeida.
Sergio Ramos (7) : un Sergio Ramos des grands soirs pour l'Espagne. Toujours aussi tranchant sur son côté droit, il n'a cessé de prendre son couloir en distillant de nombreux centres. Il aurait même pu inscrire le second but de la rencontre suite à une belle frappe enroulée bien repoussée par ce diable de Eduardo.
Busquets (6) : infatigable milieu de terrain, Busquets a parfaitement tenu son rôle et s'est contenté de bien défendre en laissant l'organisation du jeu à ses compères du milieu de terrain. Toujours aussi propre dans ses interventions, il montre toujours aussi peu de déchets dans son jeu. Discret, mais diablement efficace.
Xabi Alonso (5) : peu de marge de manoeuvre et une prestation très timorée de la part de Xabi Alonso. Devant la muraille portugaise, il ne s'est pas vraiment mis en valeur et n'a pas réellement pesé sur le jeu de l'Espagne. Remplacé par Carlos Marchena (92e)
Xavi (6,5) : s'il n'a pas effectué son meilleur match sous les couleurs de la Furia Roja, le stratège du Barça a une nouvelle fois fait parler sa science de la passe en offrant le but de la victoire à David Villa sur une malicieuse talonnade. Dans un match fermé, la qualité technique de Xavi a été très précieuse pour une équipe ibérique qui a fait une quantité de passe astronomique durant la rencontre.
Iniesta (6) : positionné en soutien du tandem Torres-Villa, Iniesta a beaucoup tenté, mais s'est heurté comme ses partenaires à la muraille portugaise. Pas toujours précis dans la dernière passe, il n'a que rarement pu se mettre en bonne position de frappe.
Fernando Torres (5) : après un début de match prometteur avec notamment une belle frappe enroulée dès l'entame du match, mais qui va peu à peu disparaître au fil de la rencontre englué au sein de la solide défense portugaise. Son remplacement à la 59e par Llorente va coïncider à la belle période espagnole. Ce dernier va d'ailleurs immédiatement s'illustrer en pesant sur la défense portugaise et en se créant une énorme occasion de la tête (61e). Une belle surprise.
Villa (8) : voir ci-dessus.
Portugal :
Eduardo (7) : le meilleur Portugais ce soir, ce qui illustre finalement bien la rencontre livrée par les siens. Villa lui a donné du travail et il a brillamment répondu aux tentatives du néo-Barcelonais (1e,3e,7e, 60e,77e). Il ne peut rien sur le but où il s'interpose une première fois, mais le ballon est revenu dans les pieds de l'attaquant ibérique... Une autre belle parade sur une frappe de Sergio Ramos (70e). Impeccable, mais en vain.
Coentrão (6,5) : l'autre satisfaction avec Eduardo côté Portugais. Le latéral gauche de 22 ans a livré un très bon match, débordant plus souvent que Simão et contrôlant parfaitement les décrochages de Torres sur son aile. Coentrão s'est imposé en l'espace de 4 rencontres comme l'un des meilleurs latéraux gauches de la compétition. On devrait vite retrouver son nom au rayon des transferts.
B. Alves (5,5) : avec Carvalho, il formait jusqu'alors la charnière la plus solide du Mondial, sans aucun but encaissé. Un seul aura suffi à sa peine. Ce n'est pas faute d'avoir pourtant bien défendu face à Fernando Torres.
R. Carvalho (5,5) : le patron de la défense portugaise. De très bons jaillissements face à Torres ou Villa. Pris par l'accélération espagnole sur le but, comme son compère.
R. Costa (2) : il a vécu un calvaire face à un David Villa en fusion. Pas de chance pour l'ex-Lillois, c'est sur son aile que l'Espagnol a sévi. Il a trop souvent vu le dos de son adversaire, et l'énervement est progressivement monté. Expulsé pour un coup de coude grossier sur Capdevila (89e) alors que les Lusitaniens jetaient toutes leurs forces dans la bataille.
Pepe (4) : il se signale malheureusement bien trop souvent par de mauvais gestes en tout genre (semelles, tampons, etc) et semble trop limité techniquement pour réguler le jeu de son équipe. Il n'a jamais réussi à aérer le jeu portugais. Remplacé poste pour poste par Pedro Mendes (72e).
Tiago (5) : il a gagné ses galons de titulaire grâce à son excellente prestation contre la Corée du Nord, poussant Deco sur le banc. Mais il est difficile de rééditer de telles performances face à des nations plus huppées. Face aux Espagnols, il a beaucoup couru dans le vide, mais n'a jamais renoncé. C'est lui qui frappe en première période sur le seul beau mouvement collectif portugais (20e) et qui vient couper un centre de Coentrão d'une belle tête malheureusement non cadrée (43e).
Raul Meireles (4,5) : un match difficile vu la tactique adoptée, à savoir laisser le ballon aux Espagnols et jouer en contre. La principale tâche de Raul Meireles était donc de vite jouer vers ses trois attaquants. Une tâche délicate et le milieu de Porto s'est surtout distingué par quelques beaux retours défensifs. Pas suffisant.
Simão (2) : était-il sur la pelouse ? On l'a bien vu lors de l'hymne, mais sur le terrain, il était introuvable. Repiquant constamment dans l'axe, il a surtout brillé par son absence dans le couloir gauche, arpenté avec gourmandise par Coentrão. Le problème, c'est que Simão est normalement un joueur de débordement. Remplacé logiquement par Liedson (72e), mais il était déjà trop tard.
C. Ronaldo (4) : faut-il le plaindre ou le critiquer ? Il est toujours triste de voir un joueur de classe mondiale évoluer dans une équipe pas à son niveau, mais Ronaldo est également coupable de vouloir endosser le costume du sauveur. Au final, cela donne des chevauchées vouées à l'échec et des frappes sans danger. Il n'a quasiment jamais cherché à servir Almeida ou Simão. Même avec son immense talent, il ne peut pas qualifier à lui seul le Portugal.
H. Almeida (5) : avec son gabarit, on a parfois l'impression qu'il pèse une tonne au moment d'accélérer. Titulaire faute de mieux au sein de cette équipe, Almeida n'a pas démérité et son remplacement précoce était un peu sévère. Une tête trop molle (39e) et surtout un joli numéro qui aurait pu s'achever par un but (51e) à mettre à son actif. C'est peu, mais que pouvait-il faire de plus au regard du très faible nombre de ballons reçus ? Suppléé par Danny (58e), qui s'est distingué par d'innombrables mauvais choix.
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