Comment l'Inter Milan a digéré son titre et ses lourds départs

Par Aurélien Macedo
6 min.
Les joueurs de l'Inter Milan savourent @Maxppp

Après avoir glané le Scudetto la saison dernière au terme d'un exercice rondement mené, l'Inter Milan a connu trois départs majeurs et de gros soucis économiques. Ainsi, Antonio Conte a quitté le club avant de prendre Tottenham en main en cours de saison, Romelu Lukaku a rallié Chelsea tandis que Achraf Hakimi a signé au PSG. On pouvait s'attendre à un exercice compliqué et finalement, les Nerazzurri se retrouvent leaders à l'approche des fêtes avec un jeu séduisant et quatre points d'avance sur leur premier poursuivant. Le titre de champion d'automne est d'ailleurs déjà acquis.

Onze années d'attente, voilà ce que l'Inter Milan a dû rassasier l'été dernier en glanant son 19e titre national. Avec une deuxième partie de saison folle où les Lombards ont terminé avec 12 points d'avance sur l'AC Milan leur plus proche poursuivant, ils ont aussi pu mettre fin à neuf saisons de suprématie de la Juventus. Un sprint final totalement bien géré, mais qui a vite laissé place aux doutes. En proie à de grands soucis économiques, l'Inter Milan était résolue à vendre certains cadres. Estimant qu'il aura du mal à faire mieux avec les moyens dont il disposera, le coach Antonio Conte avait décidé de rendre le tablier. «Le FC Internazionale Milan annonce avoir trouvé un accord pour résilier le contrat consensuel avec l’entraîneur Antonio Conte. Tout le club tient à remercier Antonio pour son travail extraordinaire, qui a abouti à la conquête du 19e bouclier. Antonio Conte restera à jamais dans l’histoire de notre club» expliquait l'Inter Milan dans un communiqué au moment de son départ.

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Un petit tremblement de terre qui a vite été suivi par la nomination presque confidentielle de Simone Inzaghi. Pourtant auteur d'un solide travail à la Lazio depuis 2016 avec notamment une victoire en Coupe d'Italie 2019, le technicien italien était vu comme l'élément le plus adéquat pour provoquer une transition douce. Et le moins que l'on puisse dire c'est que les dirigeants ont eu le nez creux. Malgré les pertes d'Achraf Hakimi (PSG) et Romelu Lukaku (Chelsea), contre les arrivées de Denzel Dumfries (PSV Eindhoven), Joaquin Correa (Lazio), Hakan Çalhanoglu (AC Milan) et Edin Dzeko (AS Roma), il a su tirer la quintessence d'un effectif qui avait déjà bien fait ses preuves la saison dernière et a su installer une nouvelle dynamique positive en compensant les départs. Auteur de premiers pas réussis où il a su capitaliser sur le 3-5-2 d'Antonio Conte tout en apportant différentes touches à sa formation. Malgré quelques failles défensives en début de saison, il a su rectifier le tir et son Inter Milan avance à vive allure.

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Une machine parfaitement huilée

Disposant ainsi de la meilleure attaque (48 buts inscrits, 10 réalisations de plus que l'Atalanta 2e) et de la deuxième meilleure défense (15 buts concédés, seul Naples avec 13 buts concédés a un meilleur bilan), l'Inter Milan est sur une série solide de six victoires de rang. Mieux, les Lombards n'ont plus connu la défaite depuis le 16 octobre dernier en championnat et un revers 3-1 contre la Lazio. Sur les cinq derniers, ils ont d'ailleurs marqué 16 buts tout en encaissant 0. Une machine parfaitement huilée désormais qui a mis du temps à se lancer et qui semble capable d'aller au bout de nouveau. Accrochée par la Juventus pour le compte de la 9e journée de Serie A (1-1), l'Inter Milan comptait 18 points après 9 journées. Situés à 7 points du Napoli et de l'AC Milan, les Interistes ont totalement inversé la donne pour se retrouver avec quatre points d'avance sur leurs deux rivaux et obtenir le titre honorifique de champion d'automne. Disposant d'une structure stable, l'Inter Milan peut se targuer d'avoir un groupe performant et quantitativement fourni. Certes, défensivement cela repose sur quatre hommes avec Samir Handanovic dans les buts derrière le trio composé de Stefan de Vrij, Alessandro Bastoni et Milan Skriniar. Federico De Marco pouvant dépanner si besoin en défense centrale.

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Néanmoins ce quatuor a fait ses preuves sur la durée et malgré un début de saison balbutiant par séquence, il a retrouvé son rythme de croisière. Dans les couloirs, Matteo Darmian et Denzel Dumfries sur la droite (et parfois Danilo D'Ambrosio) ainsi qu'un Ivan Perisic complètement retrouvé sur le côté gauche et Federico Di Marco qui use de sa polyvalence. Dans l'entrejeu, Marcelo Brozovic est certes irremplaçable dans son rôle de sentinelle et continue d'exceller. À ses côtés, Hakan Çalhanoglu se montre très décisif (6 buts et 8 offrandes en 16 matches) tout comme Nicolo Barella (1 but et 8 offrandes en 17 matches). Malgré les présences de Matias Vecino, Arturo Vidal, Stefano Sensi ou encore Roberto Gagliardini, on sent que la différence entre titulaires et remplaçants est trop importante. Devant en revanche, l'alchimie est totale entre les trois attaquants. La rotation se passe bien avec Lautaro Martinez qui s'est affranchi de Romelu Lukaku avec déjà 11 buts et 2 offrandes en 16 matches disputés. À ses côtés, que ce soit Edin Dzeko (8 réalisations et 3 passes décisives en 17 matches) et Joaquin Correa (4 buts et 1 offrande en 12 matches), cela fonctionne bien. Même Alexis Sanchez (2 buts et 3 offrandes en 11 matches) continue de rendre de bons services.

L'Inter Milan savoure

Ne manquant pas de talent aux différents postes, cet Inter Milan dispose également d'un fond de jeu séduisant et se retrouve bien plus attirée vers le but adverse. Cette équipe reste défensivement imperméable, mais en plus sait tenir davantage le ballon et fournit de belles séquences de jeu. Obtenant en Ligue des Champions une première qualification pour les huitièmes de finale depuis la saison 2011/2012 - et une défaite 1-0/1-2 contre l'Olympique de Marseille - l'Inter Milan vit actuellement une période faste. «On est en tête du classement et en Ligue des champions, on s'est qualifiés pour la première fois depuis dix ans. On a disputé 23 matches depuis le début de la saison, les choses se passent bien, mais la route est encore longue. Favoris pour le titre honorifique de champions d'hiver ? Maintenant qu'on est en tête, c'est normal de vouloir y rester. Mais on sait aussi qu'on était à sept ou huit points, il y a un mois. On est confiant, mais on ne doit pas regarder le classement, mais regarder devant et penser aux prochains adversaires» expliquait Simone Inzaghi après la victoire contre Cagliari de la semaine précédente. Sur la méfiance, il a vu son équipe cartonner Salernitana ce vendredi (5-0).

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Une dynamique plaisante et qui a même conquis les dirigeants. Le directeur sportif Piero Ausilio avait notamment fait part de sa satisfaction pour Sky Italia : «Nous n'avons jamais perdu courage, il est normal de perdre des gens de ce type pour ce qu'ils nous ont donné, cela peut sembler une énorme montagne à gravir, mais c'est aussi la beauté de ce sport et de ce travail, que le lendemain vous pouvez avoir immédiatement une opportunité. Il faut imaginer Inzaghi comme un architecte d'intérieur. C'est penser à travailler sur une structure déjà existante puis se consacrer à ce qui sera plus tard le meilleur, en essayant de laisser un peu de liberté à l'équipe. Donner de la qualité par la possession du ballon, par le jeu, par l'imagination, cela ne peut être ignoré en regardant l'équipe jouer, sur une structure solide et solide.» Des propos également tenus par son homologue Giusseppe Marotta à Sky Italia : «pour Inzaghi, j'imaginais plus de difficultés à s'adapter. En réalité, il était plus facile que prévu grâce au soutien du club et son travail authentique. Le club a été touché par de violents orages cet été, mais nous avons trouvé notre étoile du Nord et rééquilibré le club.»* Le présent est beau pour l'Inter Milan qui rêve d'un avenir chantant après avoir vécu un sacré stress estival.

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