Alec Georgen : « quand tu as 16 ans, que Zlatan Ibrahimovic te reprend et qu’il te regarde de travers…»

Par Augustin Delaporte
10 min.
PSG Alec Georgen @Maxppp

Série - Episode 1. Contraint par le fair-play financier et après avoir supprimé son équipe réserve, le Paris Saint-Germain a consenti à plus de 50 départs durant l’été 2019, qu’il s’agisse de membres de son staff ou de joueurs. Pour savoir comment ils ont rebondi, Foot Mercato va aux nouvelles. Premier arrêt à Avranches, là où l'ancien grand espoir du PSG au poste de latéral droit, Alec Georgen (21 ans), a entamé « un nouveau départ. »

Champion d’Europe 2015 avec l’Equipe de France des moins de 17 ans, puis Champion de France et finaliste de la Youth League 2016 avec les moins de 19 ans du PSG, Alec Georgen s’est gravement blessé à l’été 2018. Après une saison blanche, le latéral droit s’est engagé pour trois saisons avec l’US Avranches en… National. Mais alors qu’il retrouvait ses jambes et qu’il prenait la mesure de ce nouveau défi, l’épidémie du coronavirus a de nouveau mis sa carrière sur pause. Depuis son lieu de confinement, la désormais ex-pépite du Paris Saint-Germain a accepté de se confier longuement (par téléphone) à Foot Mercato. Au programme : une anecdote avec Zlatan Ibrahimović, son sentiment quand il voit jouer Colin Dagba avec le PSG et ses (grandes) ambitions pour la suite.

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Foot Mercato : Comment occupez-vous vos journées en cette période de confinement ?

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Alec Georgen : C’est assez simple. Je fais mon sport le matin et je reste avec mes parents l’après-midi pour regarder un film. Mes journées se résument à ça : sport le matin et séries, films ou jeux vidéo le reste de la journée.

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FM : Une série en particulier ?

AG : Là, je suis sur Vikings. Je revois aussi la saga des Star Wars et je joue à Call Of Duty sur Playstation.

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FM : On peut avoir votre contact PSN, pour vous retrouver sur le jeu ?

AG : Je ne suis pas sûr de vouloir le donner… (sourire)

FM : Plus sérieusement, comment vivez-vous l’épidémie mondiale causée par le coronavirus. Vous avez eu peur par moment ?

AG : Peur non. Je pense que le Gouvernement fait ce qu’il faut pour que cela se passe bien. Et puis je suis dans une tranche d’âge qui est censée être moins touchée par le virus.

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FM : Vous arrivez à vous maintenir en forme ?

AG : Ce n’est pas évident mais j’ai la chance d’avoir une famille de sportifs donc mes parents ont pas mal d’appareils à la maison. On a un tapis de course, un rameur, un appareil pour faire de la musculation et puis comme je suis aussi avec mon frère on se motive à deux.

FM : Vous aviez pas mal enchaîné les matches avant la suspension du championnat de National (11 apparitions depuis novembre), cela vous frustre d’être coupé dans votre élan ?

AG : C’est un coup d’arrêt. J’ai l’impression de rester sur ma fin. J’aurais préféré que tout roule et que l’on puisse finir tranquillement le championnat, surtout qu’on avait quelque chose de sympa à jouer avec la montée, donc forcément c’est frustrant. On ne sait pas encore comment ça va se passer mais on espère que ça reprendra le plus vite possible.

FM : Vous n’avez pas été épargné par les blessures depuis deux ans... C’est la fin du tunnel pour vous ?

AG : J’espère. J’ai beaucoup travaillé sur moi pour revenir car en deux ans on perd énormément musculairement. J’espère de tout cœur que je ne vais pas retomber dans ce cercle vicieux…

FM : Vous avez reçu une aide psychologique ?

AG : Je n’ai vraiment pas voulu passer par là parce que je me suis dit que ça allait me prendre encore plus la tête et me faire me poser encore plus de questions.

« Quand on revient on a envie de tout déchirer »

FM : Vous avez signé trois ans à l’US Avranches (club de National) cet été, c’est un moyen de reprendre l’histoire où vous l’aviez laissée ?

AG : C’est un nouveau départ. Quitter le PSG ça n’a pas été facile car c’est mon club de toujours. Mais j’avais besoin de me relancer, de retrouver du temps de jeu, de retrouver du rythme et de la confiance. J’ai sauté sur l’opportunité qui s’offrait à moi avec l’US Avranches. Ils avaient un beau projet avec un coach qui prône le jeu, parfois même à outrance. C’est une nouvelle chance pour moi.

FM : Une blessure comme celle que vous avez connue, ça donne les crocs ?

AG : Quand on est écarté des terrains et qu’on voit les autres progresser et jouer ça frustre… ça frustre… ça frustre. Donc quand on revient on a envie de tout déchirer.

FM : La vie à Avranches c’est comment ?

AG : Ça change de Paris, c’est une petite ville. Mais je suis quelqu’un qui s’adapte très facilement, d’assez casanier, qui ne recherche pas forcément la vie parisienne, rapide, avec beaucoup de monde, beaucoup de mouvement. Et puis c’est sympa de découvrir autre chose puisque je n’étais jamais vraiment parti de la région parisienne.

FM : Avranches, c’est une étape ?

AG : Mon objectif c’est de retrouver un club professionnel le plus rapidement possible, en Ligue 2 ou Ligue 1. Après, s’il faut refaire une saison en National je ne me ferme pas la porte.

FM : Vous avez d’ailleurs déjà été approché.

AG : Oui mais c’est mon agent qui gère ça. J’essaye de me concentrer sur ma saison avec Avranches et de jouer la montée. On fera les comptes ensuite. Chaque chose en son temps.

« Le PSG, c’est mon club de cœur »

FM : Au PSG, vous avez successivement côtoyé Laurent Blanc, Unai Emery et Thomas Tuchel. Quel est leur rapport aux jeunes ?

AG : Ce type de coach aime travailler avec les jeunes pour les faire progresser mais à l’époque de Laurent Blanc il y avait très peu de jeunes qui signaient professionnel ou qui intégraient le groupe. Cela demandait beaucoup d’exigences. Il y a ensuite eu cette « psychose Coman » (parti libre à l’été 2014, ndlr) qui a fait que les jeunes ont signé professionnel rapidement. Que cela soit pour Emery ou Tuchel, il y a eu, je pense, cette obligation-là (d'offrir du temps de jeu aux jeunes, ndlr) de la part de la hiérarchie.

FM : Quand vous voyez Colin Dagba (21 ans aussi) jouer avec l’équipe première, vous vous dîtes que ça aurait pu être vous ?

AG : Cette période-là est passée. Évidemment qu’on se le dit toujours mais c’est la loi du football : quand tu ne joues pas, la place est prise. J’y pense mais je n’ai pas de regret. Chacun son parcours et puis je suis content pour Colin qui est un très bon joueur et qui mérite le temps de jeu qu’il a aujourd’hui.

FM : Quand on est un jeune du club, à quoi pense-t-on quand on intègre le groupe professionnel pour la première fois ?

AG : Au début on ne réalise pas trop. Surtout pour moi qui ai toujours été supporter de Paris, qui ai fait la PSG Academy, qui assistait aux entraînements à l’époque de Pauleta... Et puis même après, j’ai vécu tout le centre de formation, on allait aux matches, on voyait Zlatan (Ibrahimović, ndlr) en bas… Donc quand tu les côtoies (les professionnels du PSG, ndlr), tu ne réalises pas ce que tu es en train de vivre.

FM : Sauf que Zlatan Ibrahimović, justement, vous a vite ramené sur terre...

AG : Oui... (amusé) Une fois, lors d'un exercice je fais deux touches au lieu de trois. Du coup, deux fois, le jeu s’arrête et Zlatan me reprend, mais sévèrement. En fronçant les sourcils et en me regardant de bas en haut (rires). Quand on a 16 ans, que l’on vient d’arriver chez les pros et que Zlatan te reprend comme ça et qu’après il te regarde de travers… C’est impressionnant. Cela montrait l’exigence qu’il fallait avoir et je pense qu’il le faisait aussi pour me mettre directement dans le bain. Comme pour dire : « T’arrives chez les pros, c’est un autre monde, réveille-toi ! »

FM : Quand il vous reprend, que dit-il ?

AG : Il me dit quelque chose comme : « Petit, c’est pas deux touches mais trois. » Et il compte en même temps sur ses doigts. Tout ça avec sa grosse voix, son sourcil levé et en me fixant de bas en haut. Puis il est parti en me regardant un peu de côté.

FM : On entend parfois que le vestiaire est scindé à Paris. C’était votre ressenti ?

AG : Oui et non. Entre sud-américains il y a une certaine relation qui se crée. Ils ont la même culture, la même langue… Donc ils se retrouvent pour rire. Mais sinon, je n’ai vraiment pas l’impression qu’il y ait des groupes. C’est une équipe, tout le monde se mélange, et sur le terrain personne ne pense à ça.

FM : Cet été le PSG a supprimé son équipe réserve, ce qui a occasionné plus de 50 départs au sein de la CFA. Vous avez compris ce choix ?

AG : Antero Henrique (le directeur sportif du PSG entre 2017 et 2019, ndlr) nous a averti de la supression de la CFA un ou deux matches avant la fin du championnat national. Je n’ai pas compris pourquoi ils faisaient ça... Je ne pense pas que c'est une bonne chose. En sortant du centre de formation le fait d’aller faire quelques matches, voir une demi-saison ou une saison entière, en CFA ça peut être très bénéfique. Le passage au football adulte c’est quelque chose que l’on a pas côtoyé en jeunes.

FM : Et vous, comment l’avez-vous vécu ?

AG : Personnellement cela ne me posait pas trop de problèmes puisque de toute façon il fallait soit que je parte en prêt, soit que je trouve un autre projet. Je savais que la saison d’après je ne serais pas au club.

FM : Beaucoup de jeunes ont aussi été vendus…

AG : Je pense qu’ils s’y retrouvent aussi. On sait que ce n’est pas facile de s’imposer au Paris Saint-Germain. C’est dans leur intérêt d’aller chercher un projet qui leur permet de continuer leur progression et d’avoir du temps de jeu.

FM : Vous avez quitté le club en bons termes ?

AG : Oui, totalement.

FM : Vous y restez très attaché ?

AG :** Le PSG, c’est mon club de cœur. Quoi qu’il arrive j’y resterait attaché. C’était normal de partir en bons termes, si j’en suis là aujourd’hui c’est en grande partie grâce au club.

FM : Vous pourriez jouer à l’OM ?

AG : (Silence)… A l’OM ? C’est compliqué quand même (rires). C’est compliqué. On m’a souvent posé cette question et je réponds toujours que si j’arrive à avoir une offre de l’Olympique de Marseille, je pense que j’aurais d’autres opportunités aussi !

FM : Si un jour la porte s’ouvre à nouveau à Paris, vous y retournez les yeux fermés ?

AG : Les yeux fermés non. Peu importe où je signe il faut que j’aie une certaine assurance de jouer. Si par contre j’ai la garantie de jouer au PSG, j’y retourne les yeux fermés.

« Mon ambition c’est d’aller le plus haut possible »

FM : Aujourd’hui vous êtes remis sur pieds et vous n’avez que 21 ans, c’est quoi la suite ?

AG : Mon ambition c’est d’aller le plus haut possible, que ce soit de toucher la Ligue des champions ou l’Equipe de France en A… Cela va être compliqué, il y a des étapes à franchir, mais je ne me fixe aucune limite. Je veux gagner le plus de titres possibles. Surtout, je ne veux pas avoir de regret. Je pense que c’est la chose la plus importante.

FM : Quels sont vos axes de progression ?

AG : Il faut que je m’améliore sur l’aspect défensif. J’ai un petit gabarit et il ne faut pas oublier que les latéraux sont avant tout des défenseurs. J’aimerais progresser dans les duels en un-contre-un, bien verrouiller mon côté. Je veux aussi être vraiment décisif sur une saison. Apporter beaucoup plus de centres, de passes décisives, voir même des buts.

FM : Vous faites l’effet d’une force tranquille. Vous paraissez calme, réfléchi et sûr de vous. C’est aussi comme ça que vous voyez ?

AG : Oui complètement. J’ai aussi mon fort caractère qui peut ressortir mais sur le terrain j’essaye de ne pas montrer mes faiblesses, de montrer que je suis sûr de moi. Cela me reflète très bien, je suis comme ça, même dans la vie de tous les jours.

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