Liga : le retour en force du Deportivo Alavés

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Deportivo Alaves @Maxppp

Club emblématique de Liga à la fin des années 90 et début des années 2000, l'Alavés a touché le fond ces derniers temps, allant même jusqu'à tomber en troisième division espagnole. Promu en première division, le club de Vitoria s'en sort particulièrement bien.

Le football basque est à la fête cette saison. C'est simple ; un quart des clubs participant à cette édition 2016/2017 de la Liga sont Basques en incluant Osasuna, de Navarre administrativement et géographiquement mais basque culturellement parlant. La Real Sociedad, l'Athletic et même Eibar sont déjà bien installés dans l'élite du football ibérique, les Rojillos et l'Alavés ont été promus cette saison. Le nouveau club de Sirigu s'en sort plutôt mal, pointant à l'avant-dernière place du championnat, mais l'autre promu s'en sort particulièrement bien, du haut de sa douzième place au classement, mais surtout, de sa qualification pour les demi-finales de la Copa del Rey. Et mercredi soir, les troupes de Mauricio Pellegrino sont en position favorable pour obtenir leur ticket pour la finale, puisqu'après un match nul 0-0 chez le Celta, le retour se joue à la maison, à Mendizorroza.

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Contrairement à la croyance populaire - notamment influencée par la finale de Coupe UEFA disputée par le club en 2001 - l'Alavés n'est pas un grand club si on raisonne en termes de trophées. Son palmarès est vide. Le Glorioso ne compte d'ailleurs que douze saisons en première division dans son histoire. En revanche, c'est un club très populaire en Espagne, et la présence des deux monstres que sont la Real Sociedad et surtout l'Athletic dans la région n'ôte pas de supporters aux Albiazules. Il faut dire que la ville de Vitoria est particulièrement puissante sportivement parlant pour une ville de "seulement" 240.000 habitants, puisqu'en plus de l'Alavés, on retrouve le Baskonia, qui fait partie des meilleures formations d'Europe en basket. Pour l'anecdote, Vitoria est d'ailleurs régulièrement citée parmi les villes où la qualité de vie est le plus agréable de l'autre côté des Pyrénées.

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Et le club revient de loin. C'est en 2008/2009 que la situation a commencé à se compliquer. Alors en deuxième division, le club est relégué en D3, ruiné par la gestion calamiteuse du précédent président Dmitry Piterman, dont les agissements désastreux, tant à l'Alavés qu'au Racing Santander, auraient de quoi compléter plusieurs encyclopédies. Le club était notamment en ley concursal, une procédure pendant laquelle un administrateur de l'état prend le contrôle d'un club/société pour le remettre à flot financièrement. C'est en 2011 que le principal point d'inflexion de l'histoire récente du club est survenu. Josean Querejeta, président du club de basket de la ville cité plus haut, prenait aussi le contrôle du club de foot. En 2013, le club signe son retour en deuxième division, avant de remonter l'été dernier...

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L'intersaison a été parfaitement négociée

Le passage de la Liga 1,2,3 à la Liga est un passage généralement délicat à négocier pour les clubs. Certains, avec un budget boosté par l'entrée massive d'argent, principalement en provenance des droits TV, ont tendance à le dépenser de façon plutôt hasardeuse. Le mercato semblait d'ailleurs bien mal commencer pour le Glorioso, puisque le club annonçait la destitution du coach Pepe Bordalas alors qu'il avait mené l'équipe de retour en Ligue 1. Le jeu prôné par ce dernier était jugé trop limité et rudimentaire, bien qu'efficace. C'est Mauricio Pellegrino qui débarquait, dans une certaine incertitude, puisque l'Argentin a certes eu des bons résultats avec l'Independiente et Estudiantes au pays, mais sa seule aventure européenne, à Valence, avait mal tourné.

Derrière, le club a cependant bien négocié son mercato. Se sont mêlés joueurs déjà confirmés et jeunes qui ont toutes leurs preuves à faire au plus haut niveau. Ainsi, l'ancien goleador de Levante Deyverson, le redoutable ailier de l'Athletic Ibai Gomez ou le défenseur marocain Zouhair Feddal sont dans la première catégorie, pendant que des joueurs talentueux comme Marcos Llorente ou Theo Hernandez, qu'on ne présente plus, font eux partie du deuxième prototype de joueurs. La sauce a rapidement pris. Cet hiver encore, le club a recruté la pépite paraguayenne Oscar Romero, arrivé tout droit du Racing Avellaneda. Et la principale force de l'équipe réside dans son banc pour le moins impressionnant. On y retrouve ainsi des joueurs comme Dani Torres, pourtant indiscutable avec la sélection colombienne ou Christian Santos, qui sort d'une saison à 18 buts en Eredivisie. Ce week-end par exemple, avec seulement deux joueurs habituellement titulaires dont l'excellent Fernando Pacheco dans les cages, l'Alavés s'est imposé 4-2 chez le Sporting, rival direct dans la lutte pour le maintien.

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Quant au jeu prôné, on retrouve là aussi un savant mélange d'influence. Un jeu traditionnellement basque, à savoir un jeu assez rapide et en peu de touches de ballon, n'hésitant pas à passer par les côtés, dans lequel les "joueurs de ballon" - à savoir des milieux de terrain modernes capables de jouer à tous les postes entre le 6 et le 10 comme Victor Camarasa - s'épanouissent totalement. Autre force de l'équipe : sa défense particulièrement solide, surtout pour un promu. Elle n'affiche que 22 buts encaissés cette saison. Des chiffres qui en font la cinquième meilleure défense de Liga ! Seuls l'Atlético, Villarreal, le Barça et le Real Madrid font mieux. Autant dire que les doutes qui entouraient Mauricio Pellegrino ont déjà été réduits en fumée depuis quelque temps.

Et maintenant ?

Comme c'est habituel dans ces cas là, on refuse de s'enflammer. Hors de question de parler d'Europe. « Il y a encore plusieurs paliers à passer et l'objectif (le maintien) est loin d'être acquis », confiait Pellegrino fin janvier. Il semble peu probable d'évoquer une qualification pour l'Europa League cette saison, même si seulement cinq points séparent le 7e, Eibar, de son voisin l'Alavés. On peut cependant imaginer une trajectoire ascendante sur la scène nationale pour retrouver l'Europe d'ici un ou deux ans, à l'image de ce qu'a fait le Celta. Le maintien, sauf dégringolade a priori peu probable, devrait être acquis sans difficultés majeures.

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L'été prochain sera donc un nouveau moment charnière pour la cellule de recrutement du club. Les joueurs prêtés, comme Theo Hernandez ou Marcos Llorente, devraient revenir dans leur club d'origine et devront donc être remplacés astucieusement, et il est probable que des clubs plus huppés du championnat viennent faire leurs courses du côté de Mendizorroza. L'enceinte est d'ailleurs probablement le plus anglais des stades espagnols, et va être intégralement rénové dans les mois à venir. L'avenir s'annonce pour le moins enthousiasmant du côté de Vitoria, et les traumatismes du passé définitivement oubliés.

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