Les agents donnent la tendance du mercato hivernal en Ligue 1

Les douze coups de minuit ont sonné et depuis quelques heures, les clubs peuvent désormais lancer officiellement leur mercato. Et comme chaque année, avant de vous faire vivre ce mois de tractations, FM a sondé divers acteurs du marché pour vous donner la tendance du mercato de Ligue 1. Faut-il s’attendre à voir un mois de janvier ultra agité, et pas seulement pour les gros calibres ? Ou bien le contexte d’un marché dit d’ajustement limitera les mouvements ? Pour l’agent de joueurs Christophe Hutteau, un facteur pourrait pousser une grande partie des formations de L1 à s’activer plus intensément que prévu.

« Le mercato d’hiver, je le vois dynamique pour plusieurs raisons et pour une raison principale, c’est que l’année prochaine, l’économie du football français va rentrer dans une nouvelle ère. Avec des droits TV que jamais les clubs français n’avaient pu rêver. Ce n’est pas le moment de redescendre en L2, car le manque à gagner va être phénoménal et va se chiffrer en dizaines de millions d’euros pour ceux qui vont descendre. Je vois donc toutes les équipes en difficulté investir pour renforcer leur équipe, et ce, même si elles n’en ont pas les moyens. Je pense que les présidents vont prendre des risques comme jamais ils n’ont pris pour cette raison-là. (...) Si je suis président, c’est ce que je fais. C’est l’année prochaine qu’il faut être en Ligue 1. Pour moi, un club comme Nîmes va investir d’autant qu’ils ont des moyens puisqu’ils ont beaucoup vendu l’été dernier sans vraiment recruter. Des clubs comme Toulouse ne peuvent pas rester en l’état. Le TFC ne peut pas se retrouver en L2 pour son président. Olivier Sadran est quelqu’un qui a de gros moyens. Du coup, je le vois bien prendre des risques pour sauver son club. Après, tu as d’autres clubs sans de gros moyens qui vont sans doute tenter quelques coups, comme Metz, Dijon et bien d’autres clubs de bas de tableau... »

L'OL attendu au tournant, mais...

Une version confirmée par un intermédiaire très actif sur le marché français qui précise toutefois qu'un autre facteur bien connu des clubs hexagonaux peut appuyer davantage ce constat. «Oui, c'est vrai que l'augmentation des droits TV rend encore plus vital le maintien en Ligue 1 pour certaines écuries habituées à la deuxième moitié de tableau qui vont donc chercher à se renforcer pour éviter la relégation. Mais comme chaque année, vous avez aussi les potentielles offensives anglaises qui peuvent tout changer». Mais en attendant de voir si les clubs de second rang vont réellement s'activer pour sauver leur peau dans l'élite, le club qui va sans doute cristalliser toute l'attention sera inévitablement l'Olympique Lyonnais. Privés de Memphis Depay et de Jeff Reine-Adélaïde jusqu'à la fin de la saison, sans oublier leurs problèmes de latéraux, les Gones sont dans l'obligation de recruter. Un constat confirmé par les décideurs rhodaniens, ainsi que par l'ensemble des observateurs.

«L’OL a besoin économiquement de la Ligue des Champions la saison prochaine, donc il faut qu’ils terminent dans les 3 obligatoirement. Du coup, l’OL va forcément être un animateur du marché hivernal de façon spectaculaire», indique Hutteau. Mais si la volonté des Lyonnais de se renforcer est certaine, certains dossiers tels que Lemar ou Gameiro prouvent qu'il sera très difficile pour l'OL d'engager du lourd pour retrouver une place conforme à son standing en L1. «En ce qui concerne l’Olympique Lyonnais, ils n’ont pas compensé le départ de Ferland Mendy, donc il y a un besoin à ce niveau-là. Apparemment, l’OL n’est pas satisfait du milieu de terrain, mais Lyon devrait attendre que Thiago Mendes possède plus de repères, car il a du talent. La défense centrale était performante la saison dernière, mais cette saison il y a les problèmes que l’on connaît. Et il y a également les blessures. J’entends parler de Gameiro ou de Lemar, mais il y a du monde et de la qualité à ces postes-là à Lyon avec Traoré, Cornet, Terrier, Dembélé... Les résultats ne sont pas bons, donc ils vont vouloir se rassurer en trouvant quelque chose au mercato. Mais il y a peu de joueurs disponibles et c’est très cher. Pourquoi ne pas faire revenir Mariano Diaz ? Il connaît la maison, le club, ça a très bien fonctionné pour lui à Lyon, il ne joue pas au Real...», tempère Yvan Le Mée.

L'inconnue OM

L'autre interrogation du mercato concernera l'autre Olympique, celui de Marseille. Deuxième du classement, l'équipe entraînée par André Villas-Boas a, il faut bien le dire, déjoué tous les pronostics. Un petit tour de force réalisé par l'entraîneur portugais qui dispose de moyens très limités depuis l'été dernier. Un constat qui a très rapidement annoncé la couleur au sujet de la teneur du recrutement. « Pour l’OM, cela peut être un marché de compensation. Si un joueur sort, il sera remplacé, mais c’est tout. L’équipe tourne bien donc il n’y a pas de raison de modifier quoi que ce soit. En football, il faut aussi un peu de stabilité. L’OM regarde sûrement ce qui s’est passé à l’OL aussi l’été dernier. Beaucoup de changements et peu de réussite au final », estime Le Mée.

Face à la bonne première moitié de saison du club phocéen, les dirigeants marseillais vont donc devoir bien réfléchir. Prendront-ils le risque de déstabiliser le groupe en vendant un ou deux éléments (type Morgan Sanson ou Florian Thauvin) si de belles offres se présentent ? Hutteau s'interroge. «Le principal renfort de l’Olympique de Marseille cet hiver sera Florian Thauvin. Ils sont deuxièmes en championnat, je ne vais pas dire que c’est inespéré puisque l’objectif était de finir dans les trois. Mais je suis sûr que si on leur avait dit en septembre qu’ils seraient deuxièmes à la trêve avec autant de points d’avance sur le quatrième, ils auraient signé tout de suite. Est-ce qu’ils vont pas prendre le risque de prendre un joueur supplémentaire pour assurer la qualification pour la Ligue des Champions ?»

Pas de folie au PSG ?

Enfin, à quoi s'attendre du côté du Paris Saint-Germain ? À l'heure actuelle, plusieurs joueurs tels que Julian Draxler (Séville, Hertha Berlin), Edinson Cavani (Atlético), Eric-Maxim Choupo-Moting (Fenerbahçe), Tanguy Kouassi (RB Leipzig) ou Layvin Kurzawa (Inter Milan) font beaucoup parler d'eux dans les gazettes. Sauf énorme surprise, le club de la capitale devra donc surtout gérer ses seconds couteaux ou tenter de récupérer de l'argent avec certains éléments libres de tout contrat en juin prochain. « Paris n’a besoin de rien aujourd’hui. Il faut juste gérer les fins de contrat. Meunier peut être amené à bouger et il faudra alors le remplacer en cas de départ. Mais le marché sera calme pour le PSG je pense, on se trouvera plus dans une situation d’achats de réaction, je pense », souligne Le Mée. Et encore.

«Avec Paris, on pourrait se dire qu'ils seraient tentés de profiter de ce mercato pour se débarrasser de joueurs libres en juin prochain. Mais chaque année, ils ne sont pas épargnés par les blessures, notamment quand la Ligue des Champions fait son retour au mois de février. Se délester de plusieurs éléments dès ce mois-ci pourrait donc être à double tranchant. Oui, vous récupérez de l'argent, mais vous risquez d'amoindrir un effectif qui aura sans doute besoin d'un turnover à certains moments-clés du calendrier. Donc à moins d'être sûr d'avoir verrouillé un ou plusieurs remplaçants dignes de ce nom, pas sûr qu'il faille vendre à tout prix», conclut un intermédiaire.