Comment l’USL Dunkerque prépare son grand retour en Ligue 2

Par Maxime Barbaud
6 min.
Blanchard, Mercadal et Pindi pour l'US Dunkerque @Maxppp

Revenu en Ligue 2 après 24 ans d'absence, l'USL Dunkerque doit bouleverser son existence en adoptant une structure professionnel. Nouvel entraineur, nouvel organigramme, élaboration de nouveaux projets, tout en gérant le mercato alors que la crise sanitaire et économique frappent, les Corsaires ont du faire face à un défi global cet été.

C'est ce qui s'appelle être servi. Pour son premier match de Ligue 2 depuis 24 ans, l'USL Dunkerque se rend à Toulouse. Un TFC qui lui revient à cet échelon depuis 2003. C'est un peu le choc des deux mondes entre le plus gros budget du championnat et le plus petit (19e ou 20e selon les classements). 2e de National en mars lorsque les compétitions hexagonales se sont stoppées nettes, le club du Nord a profité malgré lui de la pandémie de Covid-19. Même si les conditions sont inattendues, c'est la récompense d'un travail entamé il y a 6 ans maintenant, à l'arrivée du président Jean-Pierre Scouarnec. Avant le grand bain de la compétition, le patron de l'USLD a entamé la mue de son club. Changement d'entraîneur et de l'organigramme, renouvellement de l'effectif, mise aux normes du stade, c'est toute une structure qu'il faut transformer pour préparer le retour dans le monde professionnel. Un vrai défi en temps de crise économique et sanitaire.

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D'autant que les Corsaires reviennent de loin. Relégables à 5 journées de la fin du National 1 en avril 2019, ils parviennent à se maintenir au terme d'un joli sprint final, trois victoires et deux nuls, échappant de justesse à la descente sportive. «On vit encore un véritable ascenseur émotionnel, appuie Edwin Pindi. On ne serait pas forcément parvenu à faire cette saison-là, s'il n'y avait pas eu cette période très difficile il y a un an et demi.» Toujours sous le coaching de Claude Robin, cette saison se déroule bien mieux, au point de valider une montée dans des conditions particulières. «C'est une saison, certes tronquée, mais on a été parmi les 3 premiers pendant 25 matches. C’est largement mérité», estime le secrétaire général dunkerquois, qui occupe un rôle «transversal entre le sportif et l’administratif» dans un club dont le record de 30 saisons consécutives en Ligue 2 (entre 1966 et 1996) tient toujours.

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Mercadal et Blanchard pour tenter de pérenniser le club en L2

C'est alors qu'il faut tout changer ou presque. Malgré le succès, l'entraîneur et le club se séparent faute d'accord. En mai, Fabien Mercadal (48 ans) est choisi pour prendre la suite, malgré d'autres candidats comme Oswald Tanchot ou Didier Ollé-Nicolle. L'ancien coach du Stade Malherbe possède deux qualités. C'est un ancien de la maison (il a entraîné le club entre 2012 et 2016 avec un certain succès) et comme il le dit lui-même, c'est un habitué à jouer le maintien. Le profil colle et un contrat de deux saisons est paraphé en mai. «Il sait où il met les pieds, justifie Pindi. C’est un gain de temps mais pas une fin en soi. On avait des relations importantes depuis son premier passage mais tout le monde a évolué depuis. Il a nous convaincu dans sa présentation du projet.» La première étape de l'intersaison est terminée.

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Dunkerque peut passer à la suite et s'attaquer à la professionnalisation de sa structure. Jocelyn Blanchard (48 ans) est nommé directeur de la recherche et du développement ; un vaste intitulé pour une fonction toute neuve. L'ancien milieu de terrain, considéré comme l'un des plus grands joueurs de l'histoire de l'USLD, doit permettre à Dunkerque de passer de l'univers amateur à l'ambitieuse et incertaine dimension professionnelle. En d'autres termes, c'est lui qui a les clés du camion. Edwin Pindi : «Il a rôle stratégique. Il fait le lien ente le sportif et l’ensemble des sphères du club. Si on veut perdurer dans le monde professionnel, il nous faut un équilibre entre la formation et le centre d’entraînement ; une uniformisation de notre politique.» Un projet de post-formation doit par exemple rapidement voir le jour, permettant à des joueurs de 18 à 23 ans de taper à la porte de l'équipe première.

Un recrutement fait de joueurs libres

Il se dit aussi dans les médias locaux que l'ex-joueur de la Juventus version Zidane et Deschamps pourrait faire venir un investisseur extérieur, permettant une augmentation du capital et l'apport d'environ 1 M€ en trésorerie. «Pour l’instant, je donne un coup de main à Kevin Lesportes (le responsable du recrutement) et au staff. On définit la philosophie de l’équipe», tempérait Blanchard lors de sa présentation en mai dernier. Pour le moment, l'arrivée de ce nouvel actionnaire ne s'est pas concrétisée et n'est pas facilitée par le contexte économique. Avec un budget de 7 à 7,5 M€, le club nordiste a vu sa masse salariale être encadrée, lors de son passage devant la DNCG. «On s’y attendait. C'est classique pour un accédant. On est comme Chambly la saison dernière», se défend le secrétaire général, alors que Pau, l'autre promu, a lui échappé à cette restriction.

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Cette donnée ne change pas vraiment la politique du club en matière de recrutement. Il a fallu aller chercher des joueurs libres et donc peu coûteux. Harouna Sy (24 ans, latéral gauche), Ibrahim Cissé (24 ans, défenseur central), Redouane Kerrouche (26 ans, milieu de terrain), Jérémy Vachoux (26 ans, gardien), Benjamin Vérité (21 ans, latéral droit), Adon Gomis (27 ans, défenseur central), Kevin Rocheteau (27 ans, ailier-attaquant, malheureusement victime d'une rupture des ligaments croisés au genou), Alioune Ba (30 ans, défenseur central), Pierre Leverton (22 ans, milieu), et surtout Billy Ketkeophomphone (30 ans, ailier-attaquant) et Malik Tchokounté (31 ans, attaquant) s'engagent tous à l'USLD, qui parvient également à se faire prêter Illan Kebbal (21 ans), prometteur milieu offensif du Stade de Reims. «Le but, c’est d’avoir un bon amalgame. Ketkeophomphone a connu le niveau au-dessus en L1 mais il connaît aussi la L2. Il faut trouver le juste milieu entre joueurs d’expérience et joueurs adaptés au club. C’est important d’avoir des garçons qui peuvent nous apporter de la qualité et qui, sur le plan humain, doivent être conscients qu'il y a encore beaucoup de choses à construire», avance Edwin Pindi avec un seul et unique objectif sportif : rester en Ligue 2.

La mue de l'USLD ne fait que commencer

«La seule chose qu’on peut afficher, c’est le maintien. On débute à Toulouse, un club qui était dans l’élite pendant de nombreuses années. C’est un vrai défi. Il y a des équipes très ambitieuses, qui ont des moyens et des structures importantes. On est le Petit poucet mais on va défendre chèrement notre peau.» Revenu en Ligue 2 quelques mois seulement après avoir frôlé la descente en National 2, Dunkerque avance son défrichage. «C’est la richesse de la vie d’un club sportif. Ça a été une période constructive car on s’est rendu compte qu’on a fait des erreurs. Vous tirez les leçons de ces erreurs et c’est ce qui fait que le club et l’équipe progressent. Et aujourd’hui, nous sommes en L2», se félicite le dirigeant. En attendant la fin des travaux (prévus fin 2021), et l'homologation par la LFP du stade Tribut, c'est maintenant au terrain de parler. Et si les Corsaires parviennent à se pérenniser à ce niveau, ils ont déjà coché à leur agenda leur prochain projet : le lancement d'un centre de formation.

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