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Bakary Jaiteh, réfugié gambien devenu pro à l’AS Roma, rêve de reprendre le fil de sa belle histoire

Par Alexis Pereira
4 min.
Bakary Jaiteh, ici à droite au duel face à Maxime Gonalons à un entraînement de l'AS Roma, a les crocs @Maxppp

Libre de tout contrat depuis quelques mois, Bakary Jaiteh se cherche un nouveau challenge et pourquoi pas en France. L’occasion de revenir sur la trajectoire du milieu de terrain gambien, réfugié politique arrivé en bateau en Italie en 2013. Entretien.

Ecrire la suite de son conte de fées. Voilà l’objectif de Bakary Jaiteh (20 ans). Ce milieu de terrain avait fait parler de lui il y a quelques mois en Italie, au regard de son histoire particulière. Arrivé dans la Botte sur un bateau en 2013, à 14 ans, pour « fuir la situation compliquée en Gambie », le milieu de terrain avait d’abord tapé dans l’œil de la Lazio. Presque par hasard. « C’est vrai, la Lazio m’avait repéré alors que je faisais un match avec des amis dans un parc. Un scout de la Lazio m’a vu et m’a invité à passer un essai. Concluant. Je m’entraînais avec la Lazio, sous les ordres de Simone Inzaghi (aujourd’hui à la tête de l’équipe première), mais, comme je n’avais pas 18 ans et que j’étais extracommunautaire, je ne pouvais pas jouer de rencontres officielles », nous a-t-il raconté.

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Sa réputation et son surnom – le Pogba gambien – attirent la curiosité et, alors que la Lazio ne peut régulariser sa situation, l’AS Roma s’engouffre dans la brèche. Le rival giallorosso profite de l’aubaine, l’attire dans ses filets dès novembre 2016, et, à sa majorité, un an plus tard, lui offre un bail de 3 ans, officiellement paraphé début 2018. Une expérience forte qui lance sa carrière. « Eusebio Di Francesco, l’entraîneur de l’époque, m’aimait et me considérait beaucoup. J’ai beaucoup appris avec les professionnels de l’AS Roma. Ils te donnent beaucoup de conseils. Ce sont des étapes importantes pour un jeune, tu apprends tellement tactiquement et techniquement. Cela m’a permis de voir que j’avais le niveau pour arriver à être professionnel », nous a-t-il expliqué.

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Salah le grand frère

Seulement, des retards administratifs l’empêchent de savourer pleinement et de débuter en Serie A avec le club de la Louve. « J’ai manqué de chance. Ma licence n’a pas été validée et enregistrée à la Ligue avant mai 2018. Avant cela, je participais à toutes les séances normalement. Je pense que j’aurais pu avoir une chance de jouer avec l’équipe première cette saison-là», a-t-il regretté, remerciant plusieurs joueurs pour leur soutien. « Mohamed Salah m’a toujours soutenu. Il m’a tout de suite considéré comme un petit frère, mon histoire l’a marqué. Il m’a conseillé, m’a demandé des nouvelles de ma famille. Je pense aussi à Daniele De Rossi, Kevin Strootman ou Radja Nainggolan avec qui je suis encore en contact. Ils m’ont encouragé, ils m’ont transmis beaucoup de confiance », se souvient-il ému.

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Mais alors que tout semblait lancé, l’AS Roma le prête à l’été 2018. Direction Foggia, en Serie B. « J’ai été envoyé en prêt à Foggia. Un prêt qui est devenu un transfert définitif à l’issue de ma première saison, car tout avait changé à Rome, avec les départs du directeur sportif Monchi et du coach Di Francesco, je n’entrais plus dans les plans. Seulement, Foggia a fait faillite en juillet 2019 et tous les joueurs, moi y compris, ont été libérés de leurs contrats. J’ai eu beaucoup d’offres en Italie, je devais signer avec Trapani, en Serie B, tout était fait mais la direction a changé après un mauvais début de saison et cela a capoté au dernier moment. On m’a alors conseillé de quitter l’Italie pour poursuivre ma progression », nous a-t-il exposé.

Un avenir à écrire... en France ?

Désormais, représenté par World Football Consulting, il cherche le bon club pour écrire un nouveau chapitre de sa belle histoire. Et pourquoi pas en France. « Aujourd’hui, je suis à Paris, je m’entraîne sur les conseils d’un préparateur physique à distance depuis le début du confinement. Je suis bien ici. Rester en France me plairait beaucoup. Pour nous, les joueurs de couleur, la France est mieux que l’Italie pour m’amener au niveau que je souhaite. Je regarde beaucoup de joueurs, en France aussi, pour m’inspirer », nous a-t-il indiqué. Ambitieux, il n’entend pas se précipiter et attend la bonne proposition pour redémarrer sur les chapeaux de roue.

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« J’ai beaucoup d’offres de l’étranger, de destinations exotiques. Mais je veux rester en Europe. J’ai un objectif, je sais où je veux aller, ce dont je suis capable. C’est pour cela que je veux rester ici. Je ne pense pas à l’argent, simplement à mon avenir. Je dois jouer et montrer ma valeur. Je dois trouver le club juste pour arriver là où j’ambitionne d’aller. Il y a eu beaucoup d’équipes intéressées en Italie, au Qatar. J’ai un objectif en tête. Je dois tout faire pour y parvenir, bien calculer les étapes pour y parvenir. La sélection de Gambie est l’un de ces objectifs », nous a-t-il confié, désireux de vite reprendre le fil de son conte de fées. Et écrire beaucoup d’autres chapitres.

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