Série A

La rétrogradation de l’OL en Ligue 2 met le feu à Botafogo et au Daring Bruxelles

L’annonce de la rétrogradation de l’OL en Ligue 2 a provoqué un séisme en France. Mais ce tremblement de terre a également des conséquences sur les autres clubs de la galaxie Eagle. Explications.

6 min.
John Textor @Maxppp

Le football français a vécu un véritable séisme hier soir. Déjà menacé de rétrogradation en Ligue 2 par la DNCG en janvier dernier, l’Olympique Lyonnais a vu le gendarme financier du football hexagonal confirmer la terrible sanction. Un coup de massue inattendu pour John Textor qui pensait avoir sauvé les Gones avec la vente de Rayan Cherki à Manchester City (42,5 M€) et celle de ses parts à Crystal Palace, censée rapporter environ 200 M€. «On est plutôt satisfait. La DNCG est au courant de ce qu’on a proposé. Vous pouvez le voir, notamment la vente de Crystal Palace. Tout s’est passé comme on avait prévu. On a aimé ce qu’il s’est passé cette année. On a amené beaucoup d’argent, on a fait notre boulot. J’ai assez d’argent pour assurer l’avenir», déclarait l’Américain hier, au sortir de son audition.

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Sonnés, Textor et l’OL ont immédiatement fait appel pour éviter de voir le club rhodanien évoluer dans l’antichambre de l’élite pour la première fois depuis 1983. En attendant de voir si les instances se montreront favorables ou non face au recours lyonnais, il convient de rappeler que cette nouvelle catastrophique ne fait pas uniquement trembler l’OL. Tous les clubs de la galaxie Eagle sont eux aussi menacés. Comme il l’a si souvent rappelé à l’époque, pour calmer le jeu concernant la situation alarmante de l’OL, Textor gère tous ses clubs selon un système de caisse commune. En clair, si l’une de ses équipes va mal financièrement, Textor lui injecte l’argent récolté par une formation en meilleure santé. Un tour de passe-passe régulièrement utilisé entre Botafogo et l’OL par exemple (gains de la Copa Libertadores reversés, tout comme une partie de la vente de Luiz Henrique au Zenit). Avec un OL en Ligue 2, la donne va radicalement changer. Pas pour Crystal Palace qui ne va bientôt plus faire partie d’Eagle. En revanche, ça risque d’être la soupe à la grimace pour Botafogo et le Daring Bruxelles (le nouveau nom de Molenbeek).

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La peur gagne le Brésil

Concernant le club brésilien, Globo nous apprend que le coup sera rude à plusieurs niveaux si la descente de l’OL est confirmée en appel. Du point de vue du mercato, Lyon était souvent un argument de choix proposé par le Glorioso à ses recrues les plus clinquantes. Comme il l’avait fait avec Luiz Henrique et Thiago Almada, le club carioca leur a vendu le projet d’utiliser la passerelle Eagle pour les envoyer très rapidement sur le tremplin nommé OL. C’est ainsi que le premier cité a préféré rejoindre le Fogão plutôt que Flamengo quand il a quitté le Betis, même s’il a finalement été vendu en Russie pour dégager du cash pour les Gones. En revanche, le second a bel et bien débarqué en France l’hiver dernier. Sans un club en Ligue 1, Botafogo va perdre un argument de poids, sans faire injure au Daring Bruxelles, et pourrait avoir du mal à convaincre des Sud-Américains cotés de les rejoindre.

Enfin, la relégation de l’OL en L2 aurait une conséquence logique : une réduction drastique des revenus. Même si les montants des droits TV de la L1 ne font pas vraiment rêver grand monde, un OL en L2 impliquerait forcément une forte baisse en ce qui concerne les revenus liés aux droits TV. Sans parler d’un rayonnement moins important du club rhodanien vis-à-vis de ses sponsors et des contrats potentiellement revus à la baisse. Le tout sans oublier le manque à gagner lié à l’absence de compétitions européennes. Un scénario qui, s’il se confirme, ferait automatiquement de Botafogo le club le plus rentable d’Eagle. Un nouveau statut qui mettrait bien plus de pression à la formation brésilienne qui deviendrait la principale machine à cash de Textor. Elle serait obligée de performer dans les compétitions les plus rémunératrices et c’est également elle qui devrait vendre ses meilleurs joueurs pour renflouer les caisses, en attendant un éventuel redressement de l’OL. Si des tensions sont à craindre au Brésil, c’est aussi le cas en Belgique.

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La Belgique réclame aussi la tête de Textor

Les turbulences à Molenbeek atteignent un paroxysme alors même que l’Olympique Lyonnais, autre club de John Textor, est frappé par la décision de la DNCG. Pour le Daring Bruxelles (RWDM), la saison était déjà compromise : le club a été recalé en Jupiler Pro League dès le mois d’avril en raison de garanties financières jugées insuffisantes, scellant une fin de parcours amère en play-offs. À ce naufrage sportif s’ajoute la vacance à la tête du banc depuis l’éviction de Yannick Ferrera, limogé en mai, plongeant l’effectif dans une incertitude tactique et psychologique accrue. Une double fracture — sportive et structurelle — qui fragilise encore davantage un club déjà ébranlé. Mais c’est sur le front identitaire que l’onde de choc est la plus sourde. Dès le 6 juin, Textor a imposé sans concertation un changement de nom historique : adieu RWDM, place à « Daring Brussels » et nouveau blason… provoquant une avalanche de colère. Depuis quinze jours, les rues de Molenbeek sont le théâtre d’une révolte véhémente : près de 400 manifestants ont défilé, brandissant des pancartes « Textor Out », tandis qu’une pétition a rassemblé jusqu’à 3 000 signatures — signataires parmi lesquels des figures belges comme Franky Vander Elst, Johan Boskamp, Hugo Broos ou Anthony Sadin. Les supporters dénoncent une « véritable trahison », reprochant à l’actionnaire américain de dénaturer « l’âme du club », enraciné dans la communauté molenbeekoise comme l’écrivaient les quotidiens Le Soir et Le Libre. Même la commune menace de rompre la convention d’occupation du Stade Edmond Machtens, jugeant le geste « profondément insultant » à l’endroit des habitants.

Dans ce contexte explosif, la relégation de l’OL sonne comme un coup de grâce pour Textor. Tandis que Lyon se débat avec une crise financière et sportive sans précédent, Molenbeek croule lui aussi sous les crises : pas de montée, pas de coach, défiance massive des supporters, tensions avec la municipalité, et identité en lambeaux. Acculer deux clubs à l’implosion en quelques jours, certes, révèle une gestion aveugle aux réalités de la passion et de l’histoire — un timing dramatique, et un signal alarmant que la logique financière ne peut suffire à dompter un héritage collectif. À Molenbeek comme à Lyon, les mêmes symptômes s’enchaînent : instabilité sportive, défiance populaire, finances vacillantes, décisions abruptes et communication unilatérale. Deux clubs, deux histoires, deux villes, mais un seul homme au centre du chaos : John Textor. Loin de ses promesses initiales de modernisation et de développement harmonieux, l’entrepreneur américain semble aujourd’hui précipiter ses projets dans un gouffre commun. À Lyon, la rétrogradation administrative par la DNCG a acté une faillite de gouvernance. À Molenbeek, c’est l’âme d’un club qui vacille, menacée de disparition symbolique sous les yeux de supporters trahis.

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