Les vérités sur les rumeurs de vente de l’OM au milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal

Par Sebastien Denis
5 min.
 Le prince Al Walid ben Talal sur le perron de l'Elysée en 2016 @Maxppp

Depuis quelques jours, une folle rumeur enflamme les réseaux sociaux et le microcosme marseillais. Un milliardaire saoudien aurait pris contact avec Frank McCourt pour lui racheter l'OM contre 250 M€. Une information démentie depuis par l'entourage de l'hommes d'affaires bostonien propriétaire de l'OM. Le magazine Challenges a mené son enquête. Si quelques contacts ont été noués par différents intermédiaires, aucune offre sérieuse n'a été soumise, d'autant que plusieurs sources ont indiqué que le club phocéen n'était pas à vendre.

Depuis plusieurs mois et encore plus depuis que les difficultés financières de l’OM ont éclaté au grand jour, la vente du club phocéen est à nouveau évoquée. Et comme ce fut le cas il y a quelques mois, c’est la rumeur d’une vente à un riche homme d’affaires saoudien qui refait surface, telle un serpent de mer. Les timides démentis de Jacques-Henri Eyraud et de l’entourage de Frank McCourt n’ont d’ailleurs pas calmé les supporters du club phocéen qui se délectent de chaque nouvelle information sur le sujet, sans que l’on puisse vraiment savoir s’il existe réellement la possibilité de voir l’Arabie Saoudite prendre possession du club champion d’Europe 1993.

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Il n’en fallait pas plus pour qu’une rumeur lancée en Italie ne mette une fois encore le feu aux poudres. Le site TMW lançait le 9 mai qu'Al-Walid ben Talal négociait un rachat du club avec l'actuel propriétaire bostonien de l'OM, Frank McCourt, pour une opération estimée à plus de 250 M€. Le milliardaire saoudien de 65 ans viendrait avec des moyens illimités en vue de concurrencer le PSG dirigé par le Qatar. Une lutte au sommet PSG-OM avec en fond la rivalité exacerbée entre les deux ennemis historiques du Moyen-Orient, le Qatar et l'Arabie Saoudite.

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L'OM ne serait pas en vente

Pourtant, aucun suivi d'annonce ne confortait cette folle rumeur en dépit d'un court démenti de l'entourage du boss de l'OM dans les colonnes de la Provence. Mais d’où vient donc ce soudain emballement ? Challenges a mené l’enquête et en dévoile l’origine. Tout serait parti de deux hommes, Kacy Grine et Jean-Marc Forneri. Challenges explique tout d'abord que Grine, banquier d'affaires, fan de football et conseiller Al-Walid, a pris contact avec Frank McCourt via son ex-femme Jamie McCourt qui n'est autre que l'ambassadrice américaine en France. «Il y a eu un échange entre les deux hommes. Grine a agi en banquier d'affaires, il voulait voir s'il y avait une opportunité», explique le média financier. Autre homme important de l'opération, Jean-Marc Forneri, l'actuel président du conseil de surveillance du port maritime de Marseille-Fos, qui a lui aussi soumis l'idée au milliardaire saoudien de racheter le club phocéen. Interrogée par Challenges, une source a confirmé les dires de Jacques-Henri Eyraud en indiquant que l'OM n'était pas à vendre, mais que le prince Al-Walid dispose de plusieurs milliards de cash qu'il entend réinvestir.

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Bien que mis en prison en 2017 par son cousin, le prince héritier Mohammed ben Salmane, le milliardaire saoudien a été libéré en 2018 et s'est rangé derrière le prince héritier qu'il soutient dans sa politique de diversification économique. Un peu moins libre de ses décisions qu'auparavant, notamment au niveau de ses investissements, le prince Al-Walid dispose toujours d'une fortune colossale, lui qui possède le luxueux hôtel George V, 6 % du capital d'AccordHotels (par ailleurs sponsor majeur principal du PSG) et de nombreux intérêts et participations dans de nombreuses entreprises cotées en bourse. Peut-on l'imaginer investir son argent à l'OM ? Les différentes personnes interrogées par Challenges émettent quand même de sacrés doutes comme cette source proche de la Kingdom Holding Company (KHC), la société d'investissement du prince Al-Walid. «Malgré ses moyens et son côté parfois fantasque, Al-Walid est un financier rationnel, très américain dans son approche du business, il ne fera pas n'importe quoi. D'autant plus qu'il est moins libre que par le passé. Disons qu'il peut mener des projets tant que ceux-ci ne desservent pas les intérêts de MBS.»

Un investissement de l'Arabie Saoudite à l'OM soulève de nombreuses questions

Ensuite, d'autres problèmes plus conjoncturels peuvent laisser imaginer une sacrée complexité à mener l'opération rachat de l'OM à son terme. L'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi a laissé des traces dans l'opinion publique internationale et pose question à l'heure où Newcastle est lui aussi en passe de passer aux mains de l'Arabie Saoudite. Deuxième problème et il est de taille : la place et l’importance prise par le Qatar en France ces dernières années. Aussi bien au PSG que chez beIN Sports (plus gros détenteurs de droits TV au monde et acteur-clé du football en France), l’arrivée d’un milliardaire saoudien soutenant ouvertement le prince héritier Mohammed ben Salmane au sein du club phocéen ferait forcément grincer des dents… Enfin, le contexte économique compliqué régnant actuellement en Arabie Saoudite risque de ne rien arranger. En effet, le richissime pays du Moyen-Orient est dans le dur depuis plusieurs années et vient d’entrer dans une crise d’austérité sans précédent. Et la récente crise financière mondiale liée au coronavirus, qui a entraîné une chute des cours de l'or noir, principale source de revenus du pays, a plombé les finances de l'état pétrolier qui totalise aujourd’hui un déficit budgétaire dépassant les 112 milliards de dollars. Le rachat d’un club de football ne serait alors pas forcément bien vu pour les Saoudiens, invités de leur côté à se serrer la ceinture et à abandonner leurs nombreux avantages.

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À la lumière de tous ces éléments, le rachat de l’OM par le milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal a pris du plomb dans l'aile. S'il y a bien eu une approche auprès de Frank Mc Court, il n'y a pas eu à proprement parler d'offre concrète. Comme souvent ces dernières années, l’espoir et les rêves des supporters marseillais de disposer d’une puissance de frappe illimitée sur le mercato risquent à court terme d’être vains. Cela n’empêchera pas la rumeur de perdurer encore dans le temps, d'être de nouveau relancée et de continuer à alimenter les réseaux sociaux et les fantasmes les plus fous des supporters olympiens, qui espèrent toujours secrètement une issue heureuse et réelle à cette rumeur de rachat...

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