CAN

La prise de position forte de Medhi Benatia sur la polémique de la CAN 2025

À l’approche d’une CAN 2025 sous haute tension, Medhi Benatia s’est fermement positionné sur la question de la libération des internationaux africains, défendant les intérêts de l’OM tout en assumant un débat explosif entre clubs européens et sélections.

Par Valentin Feuillette
5 min.
Medhi Benatia sur le plateau de beIN Sports @Maxppp

À moins de trois semaines du coup d’envoi de la CAN 2025, la polémique autour de la mise à disposition des internationaux africains continue d’enfler, et Medhi Benatia s’y est invité avec une prise de position particulièrement tranchée. Invité exceptionnel de l’After Foot ce mardi sur RMC, le directeur sportif de l’OM n’a pas cherché à arrondir les angles. Pour lui, la priorité demeure sans ambiguïté les intérêts sportifs immédiats de l’Olympique de Marseille, malgré son statut d’ancien international marocain et ses quatre participations à la CAN. Dans un calendrier surchargé, l’OM doit affronter deux rendez-vous cruciaux pour boucler l’année 2025 : l’Union Saint-Gilloise en Ligue des champions le 9 décembre, puis Monaco en Ligue 1 le 14 décembre. Deux chocs déterminants dans lesquels Roberto De Zerbi pourrait être privé de plusieurs cadres, notamment Nayef Aguerd ou Pierre-Emerick Aubameyang, si les règles initiales de la CAF et de la FIFA sont appliquées à la lettre. Celles-ci prévoient en effet une libération des joueurs dès le 8 décembre.

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Mais l’OM veut pouvoir compter sur l’intégralité de son effectif jusqu’à la rencontre face à Monaco, même si cela signifie que les sélectionneurs africains devront revoir leurs plans à la dernière minute. Cette position, désormais partagée par de nombreux clubs européens, s’inscrit dans un contexte explosif qui alimente un vif sentiment d’injustice sur le continent africain. Alors que la CAN 2025, organisée du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc, est connue de longue date, les nations africaines ont organisé leurs stages à partir du 8 ou 9 décembre, programmé des amicaux et engagé des dépenses conséquentes. Mais un revirement majeur est intervenu puisqu’à la suite d’une réunion entre l’ECA et la FIFA le 29 novembre, les clubs auraient obtenu la possibilité de retenir leurs joueurs jusqu’au 15 décembre, un coup dur pour les sélectionneurs qui voient leur préparation voler en éclats.

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Benatia est optimiste pour une solution commune

«Tous les clubs sont en train de travailler dans le même sens pour essayer de garder un maximum les internationaux qui sont amenés à être appelés pour la CAN. On attend encore une réponse officielle. J’ai envie de croire qu’il va y avoir du bon sens et qu’on va pouvoir les garder jusqu’au 15. Pour nous, ce serait pour le match de Ligue des champions et pour le match de Monaco. On attend une réponse officielle. J’ai envie de croire que ça va aller dans la bonne direction. Je pense que parfois, il y a beaucoup de… Effectivement, j’ai fait quatre Coupes d’Afrique donc j’ai été confronté à ce problème. Parfois je pense que c’est toujours un problème d’intérêts», a d’abord précisé Medhi Benatia sur les ondes de RMC. Entre frustration, fatalisme et colère, beaucoup dénoncent un nouvel affront fait au football africain, victime collatérale d’un calendrier réorganisé pour laisser place à la Coupe du Monde des clubs. Malgré les protestations, les sélectionneurs concèdent qu’une telle décision n’aurait pas été communiquée sans garanties solides de la part de la FIFA.

Dans cette atmosphère tendue, la prise de parole de Benatia, qui défend ouvertement les intérêts de l’OM plutôt que ceux du football africain, vient cristalliser un débat déjà brûlant à J-19 d’une compétition pourtant censée être l’un des sommets de la saison mondiale : «je dis toujours, et pas plus tard que la semaine dernière quand j’ai rencontré quelques joueurs par rapport à ça et aux sélections, normalement l’intérêt c’est celui du joueur. Donc moi est-ce que je suis fier d’avoir des joueurs qui vont partie à la CAN ? Oui j’en suis fier. J’espère qu’ils vont, pourquoi pas, revenir avec la coupe. Et si c’est le Maroc, je serais content. On essaye de toujours chercher l’intérêt du joueur quand il y a des blessures, quand il y a des gestions. Je pense que quand tu as affaire à une sélection qui regarde les intérêts de son joueur, forcément, on sait que si le joueur est diminué c’est peut-être mieux de faire l’impasse sur des matchs amicaux. En revanche, nous aussi on doit jouer le jeu quand ce sont des matchs un peu… je ne dirais pas moins importants, parce qu’ils le sont tous à l’OM, on doit essayer de gérer pour avoir une gestion quotidienne de chaque joueur et surtout pour les internationaux».

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Bien conscient de l’impact potentiel de la CAN 2025 sur l’effectif marseillais, Medhi Benatia a révélé qu’il avait intégré cette contrainte dès la construction de l’équipe durant le mercato estival. Le directeur sportif de l’OM savait qu’il serait difficile de retenir longtemps ses cadres africains et a donc œuvré pour bâtir un groupe plus profond, capable d’absorber d’éventuelles absences au cœur de l’hiver : «encore une fois, la CAN tu le savais depuis le début. Moi au mercato je savais qu’ils allaient jouer la CAN. Ma première année, je crois qu’on avait perdu onze joueurs. Là, c’était compliqué pour faire l’équipe. On avait un match de Coupe de France en janvier et ça avait très compliqué parce qu’il y avait eu beaucoup de départs. Et sur des joueurs très importants pour l’équipe à ce moment. On n’avait déjà pas de résultats et quand onze étaient partis comme ça, c’était très très compliqué». Sans s’étendre sur les arbitrages précis effectués, Benatia a laissé entendre que plusieurs choix de recrutement répondaient directement à cette anticipation. Une manière pour lui d’affirmer que, malgré son souhait de conserver les internationaux jusqu’au choc face à Monaco, l’OM s’était préparé au pire scénario afin de ne pas voir sa dynamique brisée par une compétition qu’il savait incontournable.

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