Fribourg, Baptiste Santamaria : « je voulais montrer que je n’étais pas qu’un bon joueur de Ligue 1 »

Par Cédric Rablat - Maxime Barbaud
6 min.
Baptiste Santamaria est devenu un élément déterminant à Fribourg @Maxppp

Inconnu à son arrivée en Allemagne l'été dernier, Baptiste Santamaria s'est déjà révélé. Titulaire indiscutable avec une équipe de Fribourg qui commence à enchaîner les bons résultats, l'ancien Angevin ne compte pas s'arrêter là. Il faut dire que dans son nouveau club, le milieu de terrain a trouvé des similitudes avec le SCO lui permettant de s'acclimater rapidement et de viser encore plus haut dans le futur.

«Le patron sans voix.» C'est comme cela que la télévision allemande locale SWR présentait Baptiste Santamaria le mois dernier. Arrivé sur la pointe des pieds l'été dernier malgré un transfert record pour Fribourg (10 M€), le milieu de terrain français s'est rapidement imposé dans sa nouvelle équipe. Même s'il ne maîtrise pas encore la langue, on le voit déjà comme le leader dans l'entrejeu. Dur sur l'homme, physique, infatigable, intelligent avec le ballon et utile à l'équipe, en six mois seulement il est carrément passé au statut de révélation de cette première partie de Bundesliga. Comme bon nombre de ses anciens partenaires avant lui, quand on quitte Angers pour l'étage du dessus, c'est souvent pour réussir.

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Dès son premier match de championnat face à Wolfsbourg (1-1), l'ancien Tourangeau a impressionné. «Rarement nous avons vu un début aussi réussi» s'enthousiasmait SWR. Sans doute a-t-il rendu une copie trop parfaite ce jour-là, car la suite a été un peu plus laborieuse, à l'image de l'équipe qui a connu une série compliquée de 9 matches sans victoire. Il a même parfois été remplacé en cours de rencontre. Digérer cette nouvelle vie se fait lentement mais sûrement, comme l'avait d'ailleurs reconnu son entraîneur Christian Streich. «Beaucoup de choses lui sont arrivées, un nouveau pays, une nouvelle langue et tactiquement aussi. S'il a mis en place quelques séances vidéo avec le reste du milieu de terrain, il a besoin de temps.» Dont acte.

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Des débuts remarqués

«J'avais fait un bon match contre Wolfsbourg. Après mes matchs ont été plutôt corrects. J'avais forcément envie d'être meilleur, mais j'étais un peu plus dans l'analyse, analyser le jeu parce que c'est vraiment différent, nous avoue le joueur, sentant les choses évoluer dans le bon sens. Au fil des matchs, je commençais vraiment à bien m'adapter. C'était de mieux en mieux par la suite, et cela s'est vu sur les résultats de l'équipe. C'est plutôt un bon début de saison, avec une montée en puissance.» Devenu cadre de l'équipe (15 titularisations) et bien entouré par l'autre Français Jonathan Schmid ou la légende Nils Petersen (meilleur buteur de l'histoire du club), Santamaria prend toujours plus de volume et participe au redressement des résultats.

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Après un bon mois de décembre, Fribourg est remonté au 9e rang du championnat à seulement 5 points du podium, et se complaît dans ce rôle de poil à gratter. Le spectre du maintien s'éloigne et la sérénité est vite revenue. Régulièrement utilisé devant la défense à Angers, le joueur de 25 ans prend plus d'épaisseur en Allemagne où Streich le fait évoluer un cran plus haut. Il a d'ailleurs délivré sa première passe décisive et marqué son premier but récemment. C'est surtout dans les stats moins visibles que Santamaria parvient à faire la différence, s'affirmant comme un rouage essentiel de cette belle machine collective. Il fait partie du top 10 des joueurs ayant parcouru le plus de kilomètres en Bundesliga, affiche l'un des meilleurs taux de passes réussies de son équipe et des duels remportés, et découvre avec bonheur l'intensité allemande.

Fribourg, le SCO d'Angers allemand

«Pour moi tous les feux sont au vert. En jouant plus haut aujourd'hui, je suis plus décisif, plus dangereux. Même si je pense que je peux faire mieux et qu'avec plus de réalisme, j'aurais pu avoir de meilleures statistiques. Mais cela montre aussi que je suis capable de faire marquer, et marquer des buts, et ça c'est très important. Cela permet de mettre plus en valeur mes qualités, mon jeu. Je suis peut-être un peu plus dans la lumière aujourd'hui. Quand on joue sentinelle on pense davantage à la sécurité de l'équipe. Dans un rôle plus avancé, je peux prendre plus de risques dans mon jeu et jouer instinctivement» nous explique celui qui est toujours propriétaire de chevaux en Anjou.

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Le contexte sanitaire ne se prête pas vraiment à une sortie à l'hippodrome ou au haras mais si Santamaria s'épanouit autant à Fribourg, c'est aussi parce qu'il a retrouvé un environnement proche de ce qu'il connaissait à Angers. Il y a d'abord le coach, Christian Streich. Le technicien de 55 ans tient quelques similitudes avec Stéphane Moulin. Présent au club depuis 1995, ce grand meneur d'hommes a gravi les échelons, démarrant comme entraîneur des U19, passant par un rôle d'adjoint avant de prendre les rênes de l'équipe première en 2012. Comme son homologue français, il est l'homme d'une équipe, et s'est forgé une solide réputation de formateur et de bâtisseur outre-Rhin. «C'est un perfectionniste, j'ai rarement vu ça, appuie le numéro 8. Mais pour moi c'est très enrichissant, on travaille sur le moindre détail. Des fois il me dit que je cours beaucoup, et que je devrais peut-être faire 20 mètres de moins, à une autre intensité. C'est le souci du détail, mais c'est ce qui fait que je progresse.»

Objectif équipe de France

Le club de Fribourg lui a aussi facilité la tâche. «Comme au SCO, c'est un club qui possède une structure très familiale.» Les échanges se font en anglais, le temps pour le joueur d'apprendre l'allemand (il prend régulièrement des cours). Les restrictions sanitaires n'ont pas freiné son adaptation dans ce nouveau cadre. Débarqué dans une équipe portée sur la force du collectif, un nouveau rappel à Angers, il est parvenu à se faire adopter rapidement. La frayeur d'une grosse blessure au genou (face au Bayern le 17 janvier dernier) passée, Baptiste Santamaria le besogneux n'hésite plus à se définir comme un élément ambitieux. Un départ à l'étranger à 25 ans est aussi le fruit d'une longue réflexion. Sous contrat jusqu'en 2024, l'enfant de Saint-Doulchard aspire à découvrir les niveaux encore au-dessus de lui et se prend à rêver tout haut d'équipe de France.

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«Je voulais me mettre en danger, je voulais montrer aussi que je n'étais pas simplement un bon joueur d'Angers et de Ligue 1. Je voulais montrer qu'en prenant une part de risques et qu'en jouant bien dans un autre grand championnat, en étant performant, cela pouvait davantage me donner des chances de pouvoir réaliser l'objectif de tout joueur, à savoir devenir international. C'était dans la part de risques aussi. C'était important de montrer que même à l'étranger, j'arrive à m'imposer. C'est un objectif avoué pour moi d'intégrer l'équipe de France» ambitionne un homme qui lentement se hâte. «Pour moi, c'est allé crescendo. Je suis passé de la Ligue 2 à la Ligue 1, maintenant la Bundesliga... Certaines personnes arrivent au sommet rapidement avant de tomber. Moi j'ai envie d'y aller doucement mais sûrement. Si j'ai la chance d'y aller rapidement, je ne la laisserais pas passer. Mon but c'est d'aller le plus haut possible, mais je ne mets pas de limite de temps. »

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