Le vestiaire du PSG est une bombe à retardement avant la Supercoupe d’Europe
À la veille de la Supercoupe d’Europe face à Tottenham, le PSG, auréolé d’une saison historique, doit composer avec quelques remous internes. Entre choix forts, ambitions individuelles et contexte sensible, le club parisien aborde ce rendez-vous prestigieux dans un équilibre à préserver.
À la veille de la Supercoupe d’Europe face à Tottenham à Udine, le Paris Saint-Germain aborde son premier grand rendez-vous de la saison avec un contexte interne délicat. Après un quadruplé historique, une finale de Coupe du monde des clubs et une dynamique positive entre Luis Enrique, Luis Campos et la direction, plusieurs tensions viennent fragiliser cet équilibre. Le club de la capitale, toujours ambitieux, se retrouve confronté à des décisions fortes qui, si elles sont assumées publiquement comme stratégiques, pourraient avoir des conséquences sur la cohésion du groupe. La non-convocation de Gianluigi Donnarumma, l’ego bousculé d’Achraf Hakimi et une cohabitation sensible entre deux joueurs aux nationalités en conflit rappellent que, derrière l’image triomphante, le vestiaire parisien reste traversé de potentielles lignes de fracture. Mais à ce stade, rien n’indique que ces secousses soient de nature à déstabiliser un PSG qui, malgré des vacances écourtées et une préparation réduite, s’avance avec ambition pour défier un Tottenham déjà au sommet de sa forme et de son rythme.
La situation autour de Gianluigi Donnarumma cristallise les tensions. Écarté pour cette finale au profit de Lucas Chevalier, récemment recruté, l’international italien paie à la fois l’incertitude sur son avenir et un bras de fer contractuel qui dure depuis plusieurs mois. Le PSG, marqué par l’épisode Mbappé et soucieux de ne pas perdre un joueur de grande valeur sans indemnité, a choisi de frapper fort, quitte à froisser l’un de ses cadres pour respecter la nouvelle grille salariale du club. L’ancien gardien de l’AC Milan, héros de la dernière campagne de Ligue des champions, vit cette mise à l’écart comme une injustice. En interne, certains coéquipiers redoutent un précédent : si un leader aussi performant peut être ainsi marginalisé, personne n’est à l’abri. Ce sentiment pourrait, à terme, fragiliser l’unité de l’effectif. Mais pour l’instant, la majorité du vestiaire garde la tête froide, consciente que le club doit anticiper l’avenir et que cette décision ne remet pas en cause la qualité des relations au sein du groupe, plus soudé qu’il ne l’a été depuis longtemps.
Un premier trophée pour éteindre la braise ?
Les propos d’Achraf Hakimi constituent un autre point sensible. En déclarant au micro de Canal + qu’il se sentait légitime pour remporter le Ballon d’Or 2025, le Marocain a affirmé ses ambitions personnelles avec un aplomb inhabituel pour un défenseur. Ses performances de la saison passée avec des buts inscrits en quart de finale, en demi-finale et en finale de Ligue des Champions lui donnent matière à revendiquer cette reconnaissance, surtout dans un poste rarement mis en avant pour ce type de récompense. Toutefois, cette sortie médiatique ne serait pas en parfaite adéquation avec la stratégie de communication du club, qui souhaite mettre en lumière Ousmane Dembélé comme figure de proue. Ce choix, motivé autant par les performances que par la nationalité française de l’attaquant, vise à effacer l’ombre laissée par le départ de Kylian Mbappé. La différence de traitement perçue entre deux joueurs clés pourrait alimenter des rivalités d’ego, d’autant que neuf Parisiens figurent parmi les finalistes du trophée, créant un terrain fertile pour des jalousies ou des frustrations internes. D’ailleurs, le journal L’Équipe a annoncé que le PSG, conscient que les déclarations d’Hakimi sur le Ballon d’Or pourraient faire réagir, avait tenté de censurer en vain ce passage. Reste que dans le vestiaire, l’ambiance demeure globalement saine : Hakimi reste apprécié et respecté, et ce genre de divergence n’a pour l’instant pas dépassé le cadre médiatique.
Enfin, l’arrivée d’Illia Zabarnyi apporte une dimension extra-sportive délicate. Le défenseur central ukrainien, transféré de Bournemouth, est attendu pour stabiliser l’arrière-garde parisienne, mais son intégration coïncide avec la présence dans l’effectif du gardien russe Matvey Safonov. Dans le contexte toujours brûlant de l’invasion russe en Ukraine, cette cohabitation soulève des questions, même si les deux hommes devraient adopter un profil bas en public. Zabarnyi n’a jamais caché son soutien à son pays, déclarant avoir contribué financièrement à l’effort de guerre et aidé directement des amis et familles touchés par le conflit. Ce passif pourrait rendre leurs interactions scrutées par les médias, mais aussi par l’opinion publique ukrainienne, où de simples gestes peuvent être interprétés comme une trahison. Des précédents existent, comme celui de Ruslan Malinovskyi à l’Atalanta, obligé de s’excuser après avoir célébré avec son coéquipier russe Aleksey Miranchuk ou serré la main à Aleksandr Golovin lors d’un OM-Monaco. Même si le PSG se veut concentré sur le terrain, la sensibilité du sujet pourrait, silencieusement, peser sur l’atmosphère d’un groupe déjà soumis à de fortes pressions sportives et médiatiques. Pourtant, en interne, la situation est pour l’instant gérée avec tact : le PSG a déjà prouvé sa capacité à intégrer des joueurs de cultures et d’horizons très différents, et rien n’indique à ce stade que cette cohabitation puisse peser sur un groupe qui vit sa meilleure période de cohésion depuis près de dix ans.
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