Ligue 2

Hakim Malek, entraîneur de Martigues : « je suis calibré pour m’asseoir n’importe où »

Nommé au pied levé en janvier pour remplacer Thierry Laurey à Martigues, Hakim Malek est passé proche du miracle. Derniers de Ligue 2 avec 9 unités de retard sur le premier non-relégable à son arrivée, les Martégaux sont finalement descendus pour un seul petit point. Aujourd’hui, l’entraîneur de 53 ans déborde d’ambition, malgré l’incertitude qui règne autour du club.

Par Jordan Pardon
4 min.
Hakim Malek @Maxppp

Son arrivée avait été escortée de doutes l’hiver dernier. Aujourd’hui, les supporters martégaux veulent bâtir un avenir avec lui. À 53 ans, Hakim Malek reste un personnage encore assez méconnu du grand public en France, moins en Algérie, où il s’est construit ces dernières années une solide réputation. Adjoint de Bernard Casoni au MC Mouloudia , cet entraîneur franco-algérien coachait encore à Alès (N3) la saison passée. Ce qui avait d’ailleurs pu effrayer certains supporters de Martigues, soucieux de voir débarquer en janvier un profil plus rodé au championnat de L2. « Je suis revenu en France pour passer mon BEPF. Mais beaucoup ignorent mes expériences passées. J’ai coaché deux fois en Ligue des Champions africaine, j’ai fait une demi-finale de Coupe Arabe. En 2010, j’étais numéro un en Algérie », rappelle-t-il.

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15 ans se sont écoulés, et c’est donc à Martigues, où il avait évolué en tant que joueur entre 1998 et 1999, que le cinquantenaire a posé ses valises pour ce qui était sa première expérience professionnelle en France. Un jeune dans la division, pas dans la profession. À son arrivée, Malek a en effet pu s’appuyer sur ses expériences passées pour remobiliser un vestiaire en souffrance, et frôler le miracle. « On a été mort, ressuscité, sauvé, pas sauvé, puis mort. On peut comparer ça à un hôpital et à un grand malade. On a été enterré, l’acte de décès a été signé, mais on essayait de respirer dans le cercueil », métaphore-t-il.

Un impact immédiat

Derniers de Ligue 2 avec 9 points de retard sur le premier non relégable à son arrivée, les Martégaux ont réveillé des ressources longtemps endormies pour entamer une ascension vertigineuse. « Quand tu formalises le maintien avec des chiffres et des objectifs à atteindre, ça devient moins pesant dans les têtes. Je n’ai pas senti un vestiaire fataliste. J’ai été clair avec les joueurs : il restait 15 matchs, soit 45 points à prendre. On était à 12 points et il aurait fallu en prendre 21. On en a finalement pris 20. Le regret, c’est de ne pas être arrivé plus tôt parce que si j’arrivais un mois plus tôt, je pense qu’on se maintenait. Même s’il y a 2 ou 3 matchs où on ne doit pas passer au travers, je m’autorise à le croire. »

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Les chiffres ne disent pas le contraire. Dans un monde où ses joueurs auraient maintenu le rythme affiché sous ses ordres d’août à mai (1,5 point par match, contre 0,5 avant son arrivée), le club aurait terminé sa saison avec environ 52 points, suffisant pour en faire un prétendant à la montée (Annecy a terminé 6e avec 51 points). « Je pense que je suis plus qu’au niveau dans ce championnat de Ligue 2. On a diminué le nombre de buts encaissés par 2 et on a multiplié quasiment par 3 les buts marqués (de 0,5 à 1,5). On est passé de la plus mauvaise équipe athlétiquement, à la 5e (en termes de km parcourus, de course à haute intensité). On a fini avec la 2e meilleure défense sur la période. »

Une volonté commune de poursuivre ensemble, mais des objectifs clairs

Aujourd’hui, il y a une volonté commune de prolonger la cohabitation, même si le club traverse des heures d’incertitude. « Je n’ai pas hésité à venir à Martigues. J’y ai joué en tant que joueur et je connais l’évolution du club. Je connais bien le directeur sportif Djamal Mohamed qui est très compétent, et qui n’est pas innocent aux 3 montées consécutives. » Un environnement sain dans lequel les responsabilités de chacun sont clairement définies, et qui lui facilite la vie avec son directeur sportif, mais aussi son président, pas du genre intrusif.

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Il faudra quand même suivre l’actualité administrative du club, qui aurait pu craindre une rétrogradation en National 2 cette semaine. Finalement, Martigues s’en est plutôt "bien sorti", puisque le club s’est vu proposer un maintien en National… avec le retrait du statut professionnel. Une saison qui pourrait permettre à Malek de confirmer, avant de peut-être aller voir ce qui se fait plus haut. « J’aimerais coacher en L1, ça reste l’objectif. Je n’ai aucune appréhension à me dire "demain ce sera difficile de coacher en L1". Je suis calibré pour pouvoir m’asseoir n’importe où, sans crainte et sans peur. Je me suis assis sur un banc où il y avait 115 000 supporters dans un stade, avec une pression trois fois supérieure », confie-t-il.

Mais même avec 15 ans de carrière d’entraîneur derrière lui, Malek s’interdit d’aller trop vite en besogne. Il mesure l’opportunité énorme qui lui a été offerte cette saison, même si le mérite d’avoir su la saisir lui revient entièrement. D’ailleurs, il regrette que certains de ses confrères d’en bas n’aient pas la même chance que lui : «mon parcours est très singulier, mais dans sa particularité, j’ai pu obtenir des atouts qui sont différents d’autres coachs. Beaucoup d’entraîneurs officiant dans des niveaux d’en dessous et qui étaient dans le même cas que moi, ne sont pas identifiés. Pourtant, ils ont autant de compétences que beaucoup d’entraîneurs d’en haut.»

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