L’incroyable paradoxe Villarreal, dans la course au titre en Liga mais ridicule en Ligue des Champions
Suite à sa défaite contre Copenhague mercredi (3-2), le Sous-Marin Jaune est déjà virtuellement éliminé de la Ligue des Champions à deux journées de la fin.
Triste campagne européenne pour Villarreal. Avec un petit point pris en six journées seulement, le Sous-Marin Jaune a déjà dit adieu à une possible qualification pour les barrages et donc pour les huitièmes de finale de cette Ligue des Champions. Une énorme déception, et surtout, des résultats difficilement compréhensibles sur la scène européenne dans la mesure où, en Liga, le club est loin d’être plongé dans la crise. Bien au contraire même, puisque la bande de Nicolas Pépé carbure en Espagne. Villarreal est ainsi troisième au classement du championnat espagnol à cinq points du FC Barcelone, le leader, et à deux petits points du deuxième, le Real Madrid. Et les deux ogres ibériques ont un match en plus, ce qui, en cas de victoire dans ce match en moins, placerait Villarreal deuxième.
De là à imaginer l’équipe de Marcelino Garcia Toral remporter la Liga, il y a encore un monde, mais pour l’instant, factuellement, le club de la côte méditerranéenne est dans la course. Ce qui est certain aussi, c’est que ce parcours sur la scène nationale contraste totalement avec ce qu’on voit en Europe, et forcément, une question se pose : comment une équipe aussi redoutable en Liga galère-t-elle autant en Europe ? « Je ne sais pas ce qui se passe, mais on n’affiche pas la même efficacité qu’en Liga. Et en Europe on encaisse trop de buts, comme ça c’est impossible. Nous sommes une meilleure équipe que Copenhague, mais nous ne les avons pas battus. Pareil contre Pafos », expliquait Marcelino après le match, pointant donc des problèmes dans les deux surfaces comme principale justification.
Classement général Ligue des Champions UEFA
Peu de réussite
D’autres explications peuvent être trouvées. D’abord, si on met de côté ces rencontres face à Copenhague et Pafos, deux petits poucets que Villarreal aurait dû battre, le calendrier n’a pas été vraiment clément. Les Jaunes ont ainsi eu deux déplacements compliqués, à Dortmund et à Tottenham, et la réception de Manchester City et de la Juventus. Quatre rencontres face à des rivaux a priori supérieurs, pendant lesquelles les troupes de Marcelino n’ont d’ailleurs pas été ridicules du tout si on met de côté le match contre Dortmund. Le facteur malchance ou manque de réussite entre clairement en compte lorsqu’on évoque la campagne européenne de Villarreal ; puisqu’ils ont été bien supérieurs à Copenhague et Pafos, et même contre Manchester City ou contre la Juventus, ils ont dominé mais ont été surpassés par des adversaires plus efficaces et plus adroits dans le dernier geste.
Un manque de rigueur, de solidité défensive et d’efficacité face au but qu’on ne voit pas en Liga. Autre élément à prendre en compte, et qui n’est pas à négliger : le décalage entre le style de jeu en Liga et celui qu’on retrouve en Europe. En Espagne, actuellement, le rythme est généralement plus lent, avec des équipes qui tentent de jouer sur attaque placée avec le ballon, et des lignes de défense généralement basses. Tout le contraire de ce qui est à la mode ailleurs en Europe en ce moment : un jeu plus physique, intense, et surtout fait de transitions rapides. Si des équipes comme l’Atlético de Madrid savent s’adapter à merveille à ce style, bien aidées par leur façon de jouer et le profil de beaucoup de leurs joueurs majeurs, d’autres ont plus de mal, et Villarreal n’est pas la seule équipe dans ce cas-là puisque l’Athletic Club et le Barça, à moindre degré, ont aussi des difficultés. Le Sous-Marin Jaune a effectivement beaucoup de "joueurs de ballon", à l’image d’Alberto Moleiro ou de Santi Comesaña, ou même de l’attaquant Gerard Moreno, trois leaders techniques de l’équipe, et peu de joueurs de rupture, avec du coffre et qui sont à l’aise dans cette configuration européenne.
Un manque d’expérience flagrant
Enfin, même si l’effectif est très fourni que ce soit qualitativement ou quantitativement, l’équipe reste assez inexpérimentée à ce niveau. Parmi les joueurs les plus utilisés par Marcelino, très peu ont un certain bagage à ce niveau. Même les joueurs avec le plus d’expérience comme Nicolas Pépé, Thomas Partey, l’expérimenté Dani Parejo qui n’est plus vraiment titulaire, le taulier défensif Juan Foyth ou les attaquants "vétérans" Ayoze Pérez et Gerard Moreno, sont des joueurs qui n’ont pas de gros parcours dans la compétition à leur actif. Pour beaucoup d’autres joueurs assez importants, c’est leur première participation dans la compétition, comme Alberto Moleiro, Georges Mikautadze, le gardien Luiz Junior, les deux latéraux Santiago Mouriño et Sergi Cardona, et d’autres n’ont joué que quelques bouts de matchs comme Renato Veiga ou Pape Gueye.
Il ne s’agit donc pas d’un problème de niveau pur, mais clairement d’expérience, et nul doute que beaucoup de joueurs ont les jambes qui tremblent un peu quand la musique de la Ligue des Champions résonne dans le stade, tout comme ils ne savent pas (encore) gérer certaines situations. La théorie de l’effectif trop juste et de la fatigue qu’implique de jouer le week-end et en milieu de semaine n’est pas vraiment recevable tant l’effectif est large et les rotations nombreuses. De même pour l’explication qui cible les départs de joueurs comme Baena ou Pino l’été dernier, puisque ces derniers ont été remplacés et en Liga, l’équipe ne souffre pas de leur absence. Un mix de manque de réussite, de façon de jouer différente en Europe et de manque d’expérience à ce niveau qui explique ce parcours désastreux. Pour se consoler, Villarreal pourra se concentrer sur la Liga et, qui sait, espérer un miracle…
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