Mbappé nouveau 10 du Real Madrid : quand hériter d’un numéro devient un poids… ou une légende
La star du Real Madrid, Kylian Mbappé, devient officiellement le nouveau numéro 10 de la Maison Blanche. Un numéro chargé d’histoire, symbole de créativité, porté par Luka Modrić depuis le départ de James Rodriguez en 2017. L’occasion de se demander si ces héritages symboliques sont des bénédictions ou à l’inverse des fardeaux pour les joueurs ?
Kylian Mbappé n’a pas attendu de débuter sa seconde saison avec le Real Madrid pour marquer les esprits. Après avoir porté le numéro 9, anciennement celui de Karim Benzema, lors de sa première saison sous les couleurs madrilènes, le capitaine de l’équipe de France va désormais endosser un nouvel héritage : le numéro 10 laissé vacant par Luka Modrić, légende vivante du club. Une transmission symbolique qui a longuement divisé sur les réseaux sociaux. Ce changement de numéro dépasse le simple choix esthétique. En effet, le Real Madrid envoie un message clair : en donnant le 10 à Mbappé, le club désigne son nouveau dépositaire du jeu, son nouveau patron sur le terrain. On peut imaginer que c’est aussi une réponse à l’autre grande maison du football espagnol, le FC Barcelone qui a récemment attribué le numéro 10 de Léo Messi au jeune Lamine Yamal. Deux stars, deux clubs rivaux, deux numéros légendaires. Le duel est donc lancé pour l’exercice 2025-2026.
Depuis toujours, les numéros mythiques cristallisent l’histoire des clubs et les émotions des supporters. Au Real Madrid, le 7 de Cristiano, le 9 de Ronaldo Nazário, ou le 5 de Zinedine Zidane sont tellement historiques qu’il faut les honorer. Mais tout le monde ne parvient pas à marcher dans les pas des géants : Mariano Díaz, par exemple, n’a jamais assumé le 7 laissé par CR7. Malgré une saison pleine d’attentes (2018-2019), il ne marquera que quatre petits buts et ne sera titularisé qu’à quatre reprises, le prestige du numéro s’est transformé en fardeau pour lui. Il avait pourtant déclaré : « il était libre, c’est un numéro qui me plaît et c’est un objectif personnel. Je suis content de porter ce numéro qui a été porté par de nombreuses stars. » À l’inverse, Vinícius Jr, fervent admirateur de Cristiano Ronaldo, a ensuite fait de ce même numéro un symbole de sa propre ascension. En deux saisons, il s’est affirmé comme l’un des meilleurs ailiers du monde, devenant un homme fort de la Casa Blanca. Même constat du côté du numéro 9 : après Ronaldo Nazário, Soldado s’y est cassé les dents (0 but en 2007-2008). Mais des années plus tard, Kylian Mbappé, a brillé individuellement avec ce même flocage, inscrivant 44 buts toutes compétitions confondues pour sa première saison à Madrid.
Quand le poids du numéro pèse trop lourd
Ce phénomène dépasse les frontières espagnoles. À Barcelone, le 10 laissé par Messi a pesé lourd sur les épaules d’Ansu Fati. Le jeune prodige, présenté comme son successeur naturel, n’a jamais su confirmer les attentes. Freiné par les blessures, il a fini par s’éloigner de l’équipe première et s’est finalement engagé avec l’AS Monaco il y a quelques semaines. Désormais, c’est Lamine Yamal, 18 ans, qui récupère l’ancien numéro de Ronaldinho. À Manchester United, le numéro 7 incarne à lui seul l’histoire du club. De George Best à Cantona, ou encore de Beckham à CR7, il est devenu un vrai mythe. Mais depuis le départ du Portugais, nombreux sont ceux qui ont tenté de le reprendre sans convaincre. Alexis Sanchez, Memphis Depay, Mason Mount : des passages éclairs, ternis par l’écart entre l’attente et la réalité. C’est donc dans ce genre de cas que le poids de l’histoire peut écraser. Et pourtant, certains réussissent. Comme Harry Kane au Bayern Munich qui a repris avec succès le numéro 9 de Robert Lewandowski : meilleur buteur du championnat (26 buts), il a permis au club bavarois de soulever une nouvelle Bundesliga cette saison. Autre exemple brillant, Jude Bellingham, qui a osé récupérer le 5 de Zidane, son idole. Un geste fort, qui s’est traduit par une saison exceptionnelle où il a terminé troisième au Ballon d’Or 2024 derrière Rodri et Vinicius, il a remporté la Ligue des Champions, et il occupe désormais une place incontournable dans le milieu du Real.
Hériter d’un numéro emblématique est donc loin d’être anodin. Il y a les blessures, comme pour Ansu Fati ou Eden Hazard, qui ont empêché le talent de s’exprimer. Il y a la pression, trop forte pour certains, à l’image de David Alaba, qui a récupéré le 4 de Sergio Ramos au Real Madrid, ou encore Arthur Melo le 8 d’Iniesta au Barça, jamais vraiment à la hauteur de leurs illustres prédécesseurs. Et il y a les choix marketing, parfois trop forcés, qui manquent d’âme et finissent par décrédibiliser la symbolique du numéro dans le dos. À l’inverse, quand le lien est sincère, porté par l’envie de prolonger une histoire ou d’en écrire une nouvelle, le numéro peut sublimer une carrière. Comme pour Marcus Rashford au FC Barcelone ou Victor Gyökeres à Arsenal, qui porteront le mythique numéro 14 en hommage à Thierry Henry, légende d’Arsenal et du Barça.
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