Que peut apporter Pablo Longoria à l’Olympique de Marseille ?

Par Max Franco Sanchez
6 min.
Centre d'entrainement de l'OM @Maxppp

Il est le "directeur général délégué chargé du football" de l'Olympique de Marseille. Le jeune Espagnol de 33 ans est bien connu en Espagne, mais pas forcément en France. Dans quelle mesure peut-il permettre au club phocéen de franchir un nouveau palier ?

De l'expérience dans les plus gros clubs européens

Il est encore jeune, du moins si on compare avec ses collègues occupant des postes équivalents dans d'autres formations huppées. Et pourtant, il a déjà connu des postes prestigieux comme celui de chef du scouting de l'Atalanta et de la Juventus, ou de directeur sportif à Valence, où il s'est révélé aux yeux des amateurs de Liga et de football européen en général, étant un peu plus sur le devant de la scène. Ses premières expériences, à Newcastle (2006/2007) notamment alors qu'il n'était qu'un adolescent lui ont permis de découvrir le fonctionnement des clubs, et à 24 ans il était déjà secrétaire technique du Recreativo de Huelva, à l'époque en Liga. Il avait réussi à frapper fort à l'époque, recrutant notamment Florent Sinama-Pongolle, qui brillera pendant deux saisons avant d'être vendu à l'Atlético de Madrid. Des aventures à l'étranger qui lui ont permis de se forger un réseau solide, tant auprès de ses collègues au sein des clubs que des agents. C'est en revanche la première fois qu'il va avoir un rôle aussi important, puisqu'il va désormais devoir s'atteler à d'autres tâches et responsabilités que celles qui sont liées au mercato ou à la gestion des contrats des joueurs.

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Des méthodes qui peuvent sortir de l'ordinaire

Tous ceux qui l'ont connu, des journalistes à ses collègues en passant par ses agents, sont unanimes sur un point : Longoria est un énorme bosseur. L'Espagnol, qui s'est initié au scouting sur les jeux vidéo comme Football Manager, avale des centaines et des centaines de rencontres et de vidéos, parle six langues couramment, voyage très régulièrement pour observer des joueurs et ne laisse rien au hasard dans son travail. On peut le dire, il fait parfois un travail qui incombe normalement à plusieurs employés. Il avait par exemple passé une semaine à Buenos Aires pour convaincre Rodrigo Bentancur de signer à la Juventus à l'époque. C'est un recruteur plutôt polyvalent, capable de boucler des dossiers assez importants tout en ayant cet œil pour dénicher des affaires à moindre coût. Il est aussi considéré comme très efficace dans le recrutement de jeunes pour faire de la post-formation, même si on a pas vraiment vu cette facette à Valence, le timing étant encore juste. C'est aussi quelqu'un qui met les relations humaines au cœur de son travail... du moins avec les gens avec lesquels il s'entend. Très important quand on sait qu'André Villas-Boas et lui s'apprécient déjà beaucoup, comme ce fut le cas avec Marcelino et le DG Mateu Alemany à Valence. D'autres retours sont en revanche un peu moins positifs quant à ses agissements avec d'autres membres du club, notamment ceux qu'il avait sous ses ordres. S'il se veut assez proche des gens qu'il connaît déjà, comme c'est le cas pour les joueurs qu'il recrute, il peut en revanche parfois avoir une politique assez agressive dans les négociations. Ce qui peut être utile, notamment dans le dossier Maxi Gomez qui avait pourtant des offres bien supérieures en Angleterre, comme cela peut coûter cher dans d'autres dossiers que l'on développera par la suite.

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Une politique qui se base sur l'achat-revente

Même si sportivement ça se passe plutôt bien à Marseille, et que les supporters olympiens peuvent penser à la saison à venir avec un certain optimisme, la réalité financière du club reste un énorme poids pour le potentiel développement de l'écurie du sud de la France. C'est peut-être en partie pour cette raison qu'il a été choisi. Longoria a effectivement toujours cherché à recruter en pensant à une rentabilité de l'investissement sur le moyen-long terme. Si on ne peut pas parler de politique de trading de joueurs, puisqu'il y a tout de même la volonté de recruter des joueurs performants et que l'équipe obtienne des résultats assez rapidement, les supporters marseillais ne devraient pas forcément trop s'attacher aux recrues made in Longoria puisqu'elles risquent de faire leurs valises au bout de deux ou trois saisons en Ligue 1. Certains risquent même de ne pas revêtir la tunique bleue et blanche. Les médias ibériques citent souvent l'exemple de Rolando Mandragora, recruté par la Juve pour 9 millions d'euros en 2016, puis vendu à l'Udinese pour 20 millions d'euros deux ans plus tard après des prêts réussis et en ayant défendu les couleurs de la Juventus qu'à une seule reprise. Voilà un exemple d'opération encore rare en France, mais fréquent chez les cadors du Vieux Continent, permettant de remplir les caisses de façon conséquente tous les étés.

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Il connaît le marché français

Ce qui est intéressant pour l'Olympique de Marseille dans son profil, c'est que contrairement à Andoni Zubizarreta, il connaît plutôt bien le marché français. En plus de parler la langue, il est déjà allé piocher en France à de nombreuses reprises. On l'a vu à Valence, où il est notamment allé chercher les jeunes Koba Koindredi à Lens et Noah Ndombasi à Bordeaux. Il faudra encore patienter pour voir si ces deux recrues sont de bons coups (le premier est souvent encensé par les journalistes suivant l'actualité des équipes de jeune de Valence), mais tout ça peut s'avérer très intéressant pour l'Olympique de Marseille dans le cadre de cette politique de captation de talents un peu partout en France et de post-formation. Il avait également tenté d'attirer d'autres joueurs évoluant en France pour l'équipe réserve, comme Lenny Pintor, qui s'est finalement engagé avec l'Olympique Lyonnais. Il devrait donc être comme un poisson dans l'eau dès sa prise de pouvoir, et nul doute qu'il connaît déjà les meilleures jeunes pousses de son nouveau club.

Mais tout n'est pas rose...

Si on fait le bilan des recrues réalisées par Valence depuis le mercato estival 2018, le bilan est loin d'être flamboyant. De nombreux joueurs ramenés par ses soins n'ont pas réussi à s'imposer ou ont eu un rendement moyen. Pour certains, on peut même parler de flops. C'est le cas de Michy Batshuayi, très vite reparti à Chelsea, de Jeison Murillo ou de Mouctar Diakhaby. Alors qu'au contraire, ce sont les joueurs déjà présents au club (Dani Parejo, José Luis Gaya, Gabriel Paulista, Francis Coquelin par exemple) et/ou les recrues estampillées Jorge Mendes (Rodrigo Moreno, Ezequiel Garay ou Gonçalo Guedes dans une moindre mesure) qui ont été à la clé des récents succès du club en Liga et en Copa del Rey. Chez les jeunes, il n'a pas vraiment eu de réussite. S'il faut tout de même encore attendre deux ou trois saisons pour avoir un avis définitif, les jeunes joueurs recrutés comme Jorge Saenz ou Manu Sobrino n'ont pas encore réussi à s'imposer, à Valence ou en prêt. Uros Racic lui sort d'une belle saison à Famalicão et sa valeur a plutôt bien augmenté. Et même s'il s'agit de cas mal gérés par le club dans son ensemble et pas uniquement par ses soins, les non-prolongations des deux pépites du club, Ferran Torres et Kang-In Lee (les discussions ont démarré bien avant son départ), sont un sacré coup dans son bilan, tout comme le dossier Gonzalo Villar, parti à la Roma. L'équipe réserve sort aussi de deux saisons où elle a frôlé la relégation en quatrième division. Il n'en est évidemment pas le seul responsable, mais tout cela vient un peu ternir un bilan qui reste tout de même, du moins au niveau du club de Liga, assez positif.

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