JO 2024 : l’infernal casse-tête offensif de Thierry Henry

Par Valentin Feuillette
6 min.
Thierry Henry, sélectionneur des Bleuets. @Maxppp

La France a enchaîné une deuxième défaite consécutive dans cette trêve internationale mais surtout un second match sans parvenir à faire trembler les filets. Une crise offensive qui semble inimaginable, compte tenu des talents évidents présents dans l’avant-garde mise à disposition du sélectionneur Thierry Henry pour composer ses Bleuets.

C’est l’une des grandes questions qui se posent au lendemain de la nouvelle défaite des Bleuets, la deuxième sous l’ère Thierry Henry mais aussi dans cette trêve internationale. Trois jours après le revers contre l’Autriche (2-0) à la Keine Sorgen Arena de Ried im Innkreis, les Espoirs ont lourdement chuté en match amical contre la Corée du Sud, sur la pelouse du stade Océane du Havre. Une véritable déroute (0-3) à domicile marquée notamment par une incapacité maladive à concrétiser les nombreuses occasions. Si la défense a fait quelques cadeaux aux jeunes joueurs de Seon-hong Hwang, c’est bien l’inefficacité des lignes offensives qui a été sur toutes les bouches lundi soir en Normandie. En effet, l’équipe de France Espoirs a été incapable face à la Corée du Sud de concrétiser ses nombreuses questions, malgré de belles combinaisons et des intentions offensives louables. Malheureusement, à huit mois des Jeux Olympiques de Paris (26 juillet au 11 août 2024) et compte tenu des attaquants disponibles pour composer la liste finale, les interrogations peuvent commencer à surgir. Quels éléments offensifs Thierry Henry doit-il appeler lors de la prochaine trêve internationale organisée en mars ? Et dans quel système tactique doit-il installer son jeu ?

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«On ne peut pas se permettre de prendre des buts comme ça, surtout les deux derniers qui sont assez comiques. Il n’y a pas besoin de faire faute sur le coup franc non plus, même si la frappe est belle. Dans le football, il faut savoir être réaliste : quand tu te crées autant d’occasions franches sans marquer, tu donnes la possibilité à l’adversaire de te punir. C’est comme ça, on apprend. Il y avait du mieux dans l’envie et la combativité par rapport au match en Autriche, même si ce n’était pas difficile. La finalité est la même et le résultat est horrible. Maintenant il va falloir récupérer, passer l’année et on se retrouvera avec le groupe des moins de 23 ans en mars», avait alors résumé Thierry Henry au micro de L’Équipe, avant de répéter et d’accentuer le même discours en conférence de presse quelques minutes plus tard.

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Une concurrence aux mille enjeux

Zéro but. C’est le triste bilan que les Bleuets tirent de cette trêve internationale du mois de novembre. Pourtant, la liste de l’armada offensive retenue par l’ancien coach de Monaco pour cette double confrontation était pour le moins alléchante sur le papier avec des joueurs tels que Arnaud Kalimuendo, Rayan Cherki, Elye Wahi, Bradley Barcola, Georginio Rutter ou encore Mathys Tel. D’ailleurs, le joueur du Bayern ne comprend pas cette inefficacité offensive dont ont souffert les protégés de Thierry Henry contre l’Autriche et la Corée du Sud : «toujours compliqué de ne pas pouvoir marquer de but malgré tous les essais que nous avions pu faire, même si cela arrive de rater des buts. Il ne faut pas relâcher et continuer à bosser et ça finira par payer un jour. Il manquait du réalisme mais on était bien en première mi-temps, on était solide, on a eu les occasions mais ça ne rentrait pas. Je pense qu’on a eu un grain de relâchement», a déclaré l’attaquant de 18 ans, si tranchant avec le Bayern Munich cette saison, en zone mixte lundi soir au Havre. Quant à Thierry Henry, le sélectionneur a conscience qu’il n’est jamais simple d’installer des automatismes collectifs dans un groupe en constante mutation : «en mars, ce sera le groupe des moins de 23, pas les moins de 21, donc on a dû cibler. Terminer l’année comme ça, ce n’est pas terrible, surtout après ce que nous avions fait avant. On n’est pas aussi fort, mais on n’est pas aussi nul. Je le dis encore et je le redirai. Ce n’est pas parce que tu as des joueurs que c’est facile de gagner des matchs. Il faut s’adapter avec les Espoirs, ça tourne parce qu’un joueur ne joue plus dans son club, des fois parce qu’il a trop joué, il y a de la fatigue, des blessures. Les équipes types ne sont pas souvent les mêmes», a-t-il expliqué en conférence de presse.

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Interrogé par La Chaîne L’Equipe à l’issue de la rencontre, Rayan Cherki a fait part de sa déception suite à ce résultat inquiétant à domicile contre les Sud-Coréens et n’a pas hésité à tirer la sonnette d’alarme : «c’est une défaite qui nous fait pas mal de mal. On avait à cœur de se rattraper par rapport au dernier match mais la performance est décevante, tant offensivement que défensivement. Il va falloir se remettre en question. Il faudra jouer avec plus d’envie, plus de hargne, pour gagner le plus de matchs possible». Le Lyonnais aussi a eu de nombreuses occasions lors de son entrée et s’il a su dynamiser le jeu en trouvant ses coéquipiers, il n’a pas pu trouver le chemin des filets. Désormais les places seront chères au prochain rassemblement, car contrairement à cette trêve, le mois de mars sera ouvert aux moins de 23 ans également donc la concurrence s’annonce tendue : «il faut qu’on se soutienne les uns les autres, on ne doit pas baisser les bras, une défaite fait partie du chemin. Le plus important c’est d’apprendre de ses erreurs pour les gommer et revenir plus fort. C’est ce qu’on devrait faire et c’est ce qu’on fera», a conclu Tel en zone mixte. Des occasions, il y en a eu beaucoup entre les frappes de Barcola (27e, 57e), les tentatives de Kalimuendo et de Tel, les loupés de Wahi (73e, 75e). Un manque criant de réussite pour les Bleuets.

Un problème de riche

Maintenant, avec la profondeur des joueurs disponibles, il est important de se demander qui sera du voyage pour les JO de Paris en juillet prochain. Parce qu’en plus des joueurs appelés durant cette trêve internationale, à savoir Arnaud Kalimuendo, Rayan Cherki, Elye Wahi, Bradley Barcola, Georginio Rutter et Mathys Tel, il faut également ajouter d’autres éléments primordiaux qui ont déjà été sélectionnés récemment comme Matthis Abline, Sékou Mara, Michael Olise, Wilson Odobert… Mais aussi et pourquoi pas Kylian Mbappé voire Antoine Griezmann qui peuvent faire partie des trois joueurs de plus de 23 ans appelés aux JO. Tant de profils différents et de solutions offensives s’offrent à Thierry Henry et son staff.

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Mais ce problème de riche devient un enjeu plus que majeur quand les Bleuets ne parviennent pas à gagner mais surtout à marquer contre les Espoirs autrichiens et sud-coréens. Inutile de rappeler que le vivier français est incroyable, voire même quasiment incomparable. Mais pour maximiser ce potentiel, il faudra assembler les meilleures pièces dans un système huilé mais surtout naturel pour les profils appelés. Et pour le moment, Thierry Henry navigue en eaux troubles, passant d’un 4-3-3 face à l’Autriche à un 3-4-3 contre la Corée du Sud. Pour rappel, il avait également employé un 4-2-3-1 contre la Bosnie en octobre dernier. Le nouveau staff des Bleuets se cherche encore mais les solutions se font attendre : les prochaines semaines et les réflexions à venir seront primordiales pour la bonne réussite de l’Equipe de France aux prochains Jeux Olympiques de Paris en 2024.

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