St-Cyr, le club de supporters lyonnais qui rêve d’éliminer l’OL en Coupe de France
Ce dimanche soir, Saint-Cyr, club de Régional 1 de la région lyonnaise, affronte l’OL au Groupama Stadium pour le compte des 32es de finale de la Coupe de France. Le match d’une vie pour le club de la région lyonnaise.
C’est aussi ça la magie de la Coupe de France. Même si ce terme a souvent été utilisé pour justifier les nombreux exploits de clubs amateurs contre des équipes professionnelles, il y a d’autres éléments qui rendent la compétition magique. Prenez un instant et imaginez : vous êtes fans d’un club depuis votre enfance et vous allez les affronter le temps d’un match dans leur stade de 60 000 places. Voilà globalement ce que va vivre la grande majorité de l’effectif de St-Cyr ce dimanche soir face à l’OL (21h) en 32es de finale de la Coupe de France. Une rencontre spéciale pour tout un département qui va vibrer devant la rencontre entre le mastodonte que tout le monde, ou presque, supporte contre le petit poucet de R1 qui rêve de créer l’exploit face à son voisin rhodanien.
St-Cyr, de supporters à adversaires en vingt jours
Le 1er décembre dernier, au moment du tirage au sort, le destin a très bien fait les choses. Alors que l’Olympique Lyonnais est la première équipe à être tirée au sort, la deuxième équipe à être révélée est St-Cyr. Dans les locaux du club, c’est l’extase. Les images des joueurs de Saint-Cyrôt en feu après l’annonce de cette nouvelle pullulent sur les réseaux sociaux. « C’était incroyable, c’était le premier tirage et c’est nous qui tombons en deuxième, nous a raconté Hamza Baali, milieu offensif de cette équipe de Régional 1. C’est le club qu’on supporte et qui est à côté de chez nous. C’est un rêve qui devient réalité. » Après ce tirage de rêve, c’est tout un club du sixième échelon de France qui a basculé dans la préparation de la rencontre d’une vie. Et à vingt jours de l’échéance, il ne fallait pas traîner.
Après avoir proposé de verser sa recette du match à l’OL pour l’aider à régler ses problèmes financiers, le club de R1 s’est activé tous azimuts pour organiser une telle rencontre dans les meilleures conditions. « Ensuite, très vite, il a fallu basculer sur l’organisation, nous a confié Clément Guillot, l’entraîneur de l’équipe rhodanienne. Après l’euphorie, il y a eu beaucoup de travail : trouver un stade, une date, gérer toute la logistique autour de l’événement. À ce titre, on remercie sincèrement l’Olympique Lyonnais de nous accueillir chez eux. » En effet, après quelques jours de tractation, la nouvelle est annoncée par Michele Kang, présidente de l’OL, en personne le 4 janvier : la rencontre se jouera au Groupama Stadium. De quoi rapporter encore plus de grandeur à cet événement pour le club amateur qui a des étoiles dans les yeux. Âgé de 22 ans, Hamza Baali a grandi toute sa vie à Lyon. Fan de l’OL, comme la plupart des joueurs de St-Cyr, il se rend souvent au Groupama Stadium en tant que supporter. Ce dimanche, il va fouler la pelouse du Groupama Stadium pour la première fois de sa vie.
Une opportunité inattendue face à son club de cœur qu’il ne réalise pas encore : « c’est une fois dans ma vie. Mes frères sont abonnés Bad Gones. Avoir l’opportunité de jouer dans ce stade, dans ma ville, devant toute ma famille… C’est incroyable. On n’est pas mal dans l’équipe à être supporters de l’OL mais il faut que l’on mette tous ces sentiments de côté. Il ne faut pas regarder le blason pendant 90 minutes. » Face à 22 000 supporters annoncés et des joueurs qu’il regarde à la télévision chaque week-end, il ne faudra pas céder à la pression pour réaliser une prestation qui pourrait être historique. Sursollicités médiatiquement et dans leur sphère privée ces derniers jours comme ils nous l’ont confié unanimement, joueurs et membres du staff vont donc devoir se focaliser sur ce moment qui pourrait définitivement être gravé dans la roche en cas de qualification. Pour ce faire, le club des Monts d’Or nous a révélé les clés de son plan pour essayer de réaliser l’impensable face au géant lyonnais.
L’exemple Bourgoin, la détermination et profiter du moment
La saison dernière, l’OL était déjà sorti par la petite porte en 16es de finale de la Coupe de France face à Bourgoin-Jallieu. Un traumatisme pour les joueurs lyonnais et Corentin Tolisso, qui a rappelé ce vendredi en conférence de presse à quel point il ne souhaitait pas vivre la même mésaventure cette saison : « j’étais là la saison dernière et je sais à quel point ça fait mal, ce sentiment de honte de perdre contre une équipe qui est beaucoup plus faible que nous. » Présent dans l’affiche de la rencontre faite par la FFF aux côtés de Corentin Tolisso, Hamza Baali, qui nous a avoué sa "fierté face à cette surprise inattendue", a avoué qu’il voulait marcher sur les pas de la formation iséroise. Ayant joué en jeunes à Vaulx-en-Velin dans la même génération qu’un certain Mehdi Moujetzky, bourreau des Gones la saison dernière, le milieu de 22 ans entend bien rééditer la performance de son ami : « Bourgoin nous a montré la voie. Ils nous ont donné envie de faire pareil. Tout le bonheur qu’ils ont donné pour leur ville et leur famille… On sait que ça va être dur, mais on ne s’enlève pas le droit de rêver. » De son côté, son entraîneur Clément Guillot s’est voulu plus mesuré à notre micro : « c’est une source d’inspiration. Mais paradoxalement, ça ne nous facilite pas la tâche. Cet exploit est encore dans les têtes de l’Olympique Lyonnais. Ils savent qu’ils sont passés à côté de leur match l’an dernier et ils n’ont sûrement pas envie de revivre ça. De plus, Bourgoin recevait l’OL, alors que nous, nous nous déplaçons au Groupama Stadium. La mission est donc encore plus compliquée. » Pour y parvenir, St-Cyr devra mettre les mêmes ingrédients que leurs voisins du 38 : détermination, persévérance et exploitation des moindres erreurs techniques commises par leurs adversaires.
Une direction claire pour une équipe qui n’a jamais été aussi loin dans la compétition et face à une équipe aussi forte que l’OL. Après avoir éliminé Thonon-Évian et Rhône Vallées lors des deux derniers tours, St-Cyr sait qu’il se frotte à une équipe d’un calibre totalement différent. Pour autant, St-Cyr veut tout donner pour croire à l’infime chance que le club dispose pour y arriver. « La clé sera la détermination, dissèque Baali. Il faut tout donner sur 90 minutes pour ne pas avoir de regrets. Ce sont des joueurs de Ligue 1. Après tout, c’est 90 minutes, ils ont deux bras, deux jambes. On va essayer de tout donner pour mettre le doute dans leurs têtes puis nous verrons ensuite ce que ça donne. » Et face à un rendez-vous d’une telle envergure, l’autre grande clé de cette rencontre pour le club de R1 sera la gestion de la pression. Présente forcément depuis des semaines, il va falloir trouver les bons mots du côté du staff pour empêcher que cette dernière n’inhibe totalement l’appétit du club saint-cyrôt. Il faudra également permettre aux joueurs de profiter de ce moment unique tout en leur rappelant qu’il y a l’histoire à marquer au bout en cas de qualification. Une gestion particulière comme nous l’a expliqué Clément Guillot : « c’est notre rôle, en tant que staff, d’aider les joueurs à rester concentrés. On essaie de bien séparer les choses : profiter avant, profiter après, mais pendant le match, être totalement dans l’instant présent. L’essentiel, c’est de ne pas avoir de regrets. Il faut jouer le match à fond. On va le préparer du mieux possible, tactiquement, mentalement et physiquement. Ensuite, tout dépendra de la physionomie du match. Mais ce qui compte, c’est de croquer pleinement dans cette aventure et de ne rien regretter. Il faudra être nous-mêmes. Et surtout, ne pas se laisser submerger par tout ce qui va se passer autour. On profite de l’événement avant et après, mais pendant le match, il faut être concentré à 100 % sur le terrain et sur le jeu. » Vous l’aurez compris, les membres du club de St-Cyr veulent profiter de l’occasion d’une vie, mais souhaitent avant tout marquer l’histoire avec une qualification face au club qu’ils admirent.
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