Alisha Lehmann, icône clivante du football féminin et star des réseaux sociaux
Alisha Lehmann fascine et divise. Avec près de 17 millions d’abonnés, elle mêle glamour, influence et football. Pourtant, sur le terrain, son rôle reste secondaire, créant un paradoxe entre son image médiatique et sa place dans la Nati.

Il fallait être présent au stade du Neufeld, à Berne, pour comprendre la ferveur. Sur le côté des dizaines de jeunes fans suisses scandent « Alisha, Alisha, Alisha » et réclament des photos. Où que joue l’équipe nationale suisse, tous les projecteurs sont braqués sur Alisha Lehmann. Suivie par près de 17 millions de personnes sur Instagram, la Bernoise dépasse largement le cadre du football, incarnant un mélange de glamour, d’influence et de sport de haut niveau. Pourtant, sur le terrain, sa place reste très secondaire. Comme le souligne le site d’information suisse Watson, « elle n’a intégré l’effectif de 23 joueuses pour l’Euro à domicile qu’à l’arraché », et dans le schéma tactique en 3-5-2, « elle est la cinquième option pour les ailes », voire « la doublure de la doublure » en attaque.
C’est en effet tout le paradoxe Lehmann. Le quotidien suisse Blick résume bien la situation en posant la question : « Joueuse ou influenceuse ? Alisha Lehmann divise. » Pour le journal helvète, « Alisha Lehmann ? Un nom qui polarise. Pour les uns, elle est une femme d’affaires géniale. Pour les autres, une footballeuse surestimée, et pour d’autres encore, une bénédiction pour l’équipe nationale. » Interrogée par le même média sur le fait qu’on la réduise trop souvent à son image sur les réseaux sociaux, Alisha Lehmann a exprimé un mélange d’agacement et de lucidité. « Je ne dirais pas que cela m’énerve. Chacun peut dire et penser ce qu’il veut », a-t-elle confié, avant de nuancer : « Après tout, nous ne montrons qu’une partie de notre vie sur les réseaux sociaux. Les gens ne voient pas tout ce que je fais d’autre toute la journée. » Une manière pour la joueuse de rappeler qu’au-delà des apparences et de la popularité numérique, son quotidien reste avant tout celui d’une athlète de haut niveau.
« Joueuse ou influenceuse ? »
Alisha Lehmann a commencé le football à neuf ans au FC Konolfingen, puis a poursuivi sa formation au BSC YB Frauen, où elle s’est entraînée régulièrement avec des équipes masculines. Durant l’hiver 2015-2016, elle a intégré l’équipe première en Ligue nationale A et s’y est rapidement imposée. Repérée lors de l’Euro U19 2018, elle a été recrutée par West Ham United, avant d’être prêtée à Everton début 2021, puis de rejoindre Aston Villa quelques mois plus tard. Lehmann a rejoint la Juventus en 2024, un transfert facilité, selon Blick, par la présence de son compagnon d’alors, Douglas Luiz. Sa valeur marchande actuelle est modeste (65 000 € selon Soccerdonna), mais ses revenus dépassent largement les standards habituels du football féminin, grâce à son image. Avec ses 16,7 millions d’abonnés sur Instagram, un simple post sponsorisé peut lui rapporter jusqu’à environ à 280 000 euros, selon plusieurs agences spécialisées.
Sur son site, elle vend aussi des produits dérivés à son effigie, parfois très suggestifs. Ce mélange de sport et de marketing dérange. Critiquée pour son exposition et son style, Lehmann revendique pourtant son statut de joueuse avant tout : « Je ne suis pas une influenceuse. Mon métier est footballeuse », rappelait-elle. Sa mère a même pris publiquement sa défense contre les attaques misogynes : « Elle joue depuis des années dans les meilleurs championnats. Ce n’est certainement pas parce qu’elle ne fait que se maquiller ». D’autres saluent son impact : « Alisha est un cadeau », affirme l’ex-internationale Kathrin Lehmann, qui loue son rôle dans la popularisation du football féminin.
Une chance pour la Nati
Alisha Lehmann joue également un rôle clé au sein de la Nati, faisant le lien entre la fraîcheur des jeunes talents comme Iman Beney ou Sydney Schertenleib, adeptes de TikTok, et l’expérience des cadres menées par la capitaine Lia Wälti, qui privilégient des soirées calmes autour d’un « jeu de société ». « Je m’entends bien avec tout le monde et je participe un peu à tout — que ce soit pour les danses TikTok ou une partie de Brändi Dog », confie la Bernoise à Watson. Aujourd’hui mieux intégrée que jamais, Lehmann est perçue comme une coéquipière engagée, prête à endosser un rôle de joker quand le besoin se fait sentir. « Je suis footballeuse à cent pour cent », insiste-t-elle. Trêve de polémique donc, place désormais au terrain, avec le coup d’envoi de l’euro féminin 2025, mercredi 2 juillet à 18h entre l’équipe d’Islande et la Finlande.
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