Premier League : comment Leicester peut se mêler à la course au titre

Par Aurélien Macedo
10 min.
Les joueurs de Leicester célébrant un but de Wilfred Ndidi contre Chelsea @Maxppp

Leader de Premier League suite à une victoire contre Chelsea (2-0), Leicester se voit ainsi récompensé par son bon début de saison. Régulier dans les résultats et travaillant bien en interne, le club champion d'Angleterre en 2016 s'affirme encore plus sur la scène nationale. Si bien que de voir les Foxes en tête du championnat n'a absolument rien d'une surprise. Leicester s'est aventuré dans la cour des grands.

En Angleterre, on a souvent parlé d'un Big 4 quand Arsenal, Chelsea, Liverpool et Manchester United dominaient la scène nationale dans le courant des années 2000. Depuis une dizaine d'années, l'émergence de Manchester City et le renouveau de Tottenham ont fait apparaitre une notion de Big 6 qui se constate depuis quelques années. Cependant une équipe est en mesure de bouleverser la hiérarchie et le prouve au fil des saisons, il s'agit de Leicester City. Promus dans l'élite anglaise en 2014, les Foxes ont remporté le titre en 2016 à la surprise générale et ont su capitaliser dessus. Les bases ont été posées sous la direction de Claude Puel et depuis l'arrivée de Brendan Rodgers, le club semble prendre une tout autre dimension.

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Leicester n'est plus une surprise

Déjà l'an dernier, Leicester avait surpris en caracolant dans les quatre premières places pendant 33 journées de championnat avant finalement de s'écrouler sur le fil à une belle cinquième place. Si on pouvait penser que les pensionnaires du King Power Stadium étaient en surrégime ou qu'ils ont profité des faillites d'Arsenal et de Tottenham la saison dernière, l'exercice actuel a vu les Foxes confirmer. Si bien qu'après 19 matches disputés, Leicester est leader du championnat avec 38 points acquis et 12 succès. Certes, Manchester United (1 match en retard, 1 point de moins) et Manchester City (2 matches en retard, 3 points de moins) sont virtuellement capables de vite reprendre la place de leader, mais force est de constater qu'il faudra compter sur Leicester cette saison.

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Ce qui impressionne avant tout c'est la capacité des Foxes à se mettre au niveau des grandes rencontres. Mis à part une défaite 3-0 contre Liverpool et un match nul 2-2 contre Manchester United, c'est carton plein face aux membres du fameux "Big 6". Manchester City (5-2), Arsenal (1-0), Tottenham (2-0) et désormais Chelsea (2-0) ont pris de plein fouet le réalisme de Leicester. Ce qui frappe c'est surtout l'évolution tactique de Leicester. Très offensif en début de saison dernière, plus dans le contrôle par la suite, cette équipe est depuis le début de saison un doux mélange de ce qu'a proposé Brendan Rodgers depuis son arrivée. Si le renard est l'emblème du club, le caméléon pourrait aussi lui correspondre quand on se concentre sur son jeu.

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Rusés comme des renards

Très bonne équipe de contre avec un Jamie Vardy qui est de nouveau parti sur de très hauts standards (11 buts et 5 passes décisives en 18 matches de Premier League), Leicester est ainsi capable de subir, mais aussi de confisquer le ballon pendant de longues minutes. Doués sur les attaques placées, les Foxes disposent donc de multiples facettes et désormais de nouvelles formules. Pouvant évoluer en 3-4-3 comme en début de saison, Leicester est désormais revenu au 4-2-3-1 (qui se transforme en 4-3-3 quand le jeu le demande). Des systèmes bien définis et bien compris par l'effectif qui offrent à Brendan Rodgers plus de possibilités et de certitudes dans son coaching. Et le moins que l'on puisse dire c'est que les joueurs adhèrent totalement à son style de jeu.

Excellent face à Chelsea hier (2-0), le second buteur James Maddison a loué au micro de Sky Sports le travail réalisé par son entraîneur : «vous ne jouez pas pour Brendan Rodgers si vous ne faites pas le sale boulot, c'est aussi simple que ça. Il nous répète toujours que c'est un jeu de course. Nous devons rester unis si nous voulons rester là-haut (au classement ndlr) tout au long de la saison. Il y a peut-être des équipes qui peuvent dépenser beaucoup plus d'argent que nous, apporter de la qualité de l'étranger et payer de gros salaires pour des grands joueurs, mais cet esprit d'équipe et cette solidarité qui est ici à Leicester que tout le monde peut voir se poursuivra et, espérons-le, nous maintiendra en haut du classement.»

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Dans un rôle hybride de meneur de jeu pouvant jouer aussi bien relayeur que numéro 10 ou bien que soutien de l'attaquant, James Maddison est comme Jamie Vardy l'un des acteurs clefs de Leicester. Auteur d'un début de saison en demi-teinte, il est désormais enfin de retour à son meilleur niveau et ce n'est pas étonnant de voir Leicester enchaîner les bonnes performances. Il a d'ailleurs marqué lors des trois derniers matches de son équipe (qui se sont soldés par trois victoires. «Nous sommes à la moitié de la saison maintenant, donc être leader est une grande réussite pour nous. Je ne pense pas que nous avons eu une performance plus complète de notre part cette saison. Jusqu'à présent, je devrais dire. Il y avait un peu de tout. Il y avait un peu de sens tactique, un peu de qualité là où c'était nécessaire. Nous travaillons à chaque fois à étouffer les menaces de l'adversaire et je pense que nous l'avons fait avec brio aujourd'hui» explique James Maddison qui salue la belle prestation des siens contre Chelsea.

Une belle continuité

Outre un collectif huilé, Leicester peut compter sur les hommes forts de la saison dernière, car seul Ben Chilwell a quitté le club cet été (pour Chelsea). En plus de Jamie Vardy (34 ans) et James Maddison (24 ans), Kasper Schmeichel (34 ans) et Johnny Evans (33 ans) restent des leaders de l'équipe. Ils apportent ainsi leur expérience ainsi qu'un niveau de performance élevé. Moins en vue ces dernières saisons, Marc Albrighton (31 ans) a retrouvé son meilleur niveau et un statut de titulaire. Blessé en seconde partie de saison dernière et dont l'absence n'était pas étrangère à la baisse de forme de Leicester, Wilfred Ndidi (24 ans) est revenu en force dans l'entrejeu. Il recompose un double-pivot très complémentaire avec Youri Tielemans (23 ans). Le Monégasque arrive enfin à se montrer très régulier et son jeu de passe vers l'avant brise souvent des lignes. Il est en train de changer doucement, mais sûrement de dimension.

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Parmi les belles progressions, on peut compter aussi sur James Justin (22 ans) qui s'est imposé dans l'équipe en seconde partie de saison dernière et a su apporter plus de rigueur dans son jeu. Il ne faut pas oublier Harvey Barnes dont les capacités de percussion et ses projections vers l'avant mettent souvent Jamie Vardy dans de bonnes conditions. Le néo-international anglais a déjà marqué 6 buts et délivré 2 passes décisives en 18 matches de Premier League. Leicester peut s'appuyer aussi sur un banc de touche de haute qualité avec le vétéran Christian Fuchs (34 ans), des cartouches comme Dennis Praet (26 ans), Nampalys Mendy (28 ans) et Hamza Choudhury (23 ans) dans l'entrejeu, mais aussi Cengiz Ünder (23 ans), Ayoze Pérez (27 ans) et Kelechi Iheanacho (24 ans) pour le secteur offensif. Sur le banc on retrouve aussi Ricardo Pereira (27 ans) et Çaglar Söyüncü (24 ans) qui reviennent de longues blessures. Deux joueurs qui seront précieux pour la suite de la saison, mais qui auront aussi fort à faire pour reprendre leur place de titulaire.

Des renforts de poids,

Car oui si Leicester est aussi performant, elle le doit aussi à ses deux recrues phares que sont Timothy Castagne (25 ans) et Wesley Fofana (20 ans). Ces deux joueurs ont parfaitement compensé les absences de leurs concurrents directs et vont offrir quelques casse-têtes à Brendan Rodgers. Très réguliers dans les performances, ils ont permis à Leicester de maintenir un haut niveau d'exigence tout en s'adaptant directement. Pouvant évoluer aussi bien à gauche qu'à droite tout comme son compère James Justin, Timothy Castagne apporte beaucoup de verticalité comme il a su le faire les saisons précédentes à l'Atalanta. Parti d'Italie, car doublé dans la hiérarchie par Robin Gosens et Hans Hateboer, il se montre à l'aise dans le championnat anglais. Mieux, quand il est positionné côté droit, il montre une belle complémentarité avec Marc Albrighton, mais surtout le milieu référent de sa zone qui est Youri Tielemans. Les deux compatriotes combinent beaucoup et offrent un circuit de jeu préférentiel.

Pour autant, voir Timothy Castagne réussir rapidement à Leicester n'est même pas une demi-surprise tant il avait montré de belles choses auparavant et que le champ lui était libre suite aux pépins de Ricardo Pereira. Pour Wesley Fofana, la situation était moins claire. Certes il est devenu le deuxième plus gros transfert du club derrière Youri Tielemans lors de son arrivée pour 35 millions d'euros en provenance de l'AS Saint-Étienne, mais la charnière Johnny Evans - Çaglar Söyüncü partait avec un petit train d'avance. Finalement, la blessure du second l'a amené à rapidement jouer et il n'a pas déçu. Déjà utilisé à 14 reprises en Premier League, il se montre impitoyable dans les duels et l'anticipation.

Parfaitement adapté au style du championnat, il a passé un nouveau cap dans sa carrière. «Je l'ai trouvé remarquable et nos supporters seront très heureux de le revoir à l’œuvre. Qu'il joue dans une défense à deux ou à trois, il a un potentiel énorme. Pour un défenseur aussi jeune, son sens de l’anticipation est si bon, il lit si bien le jeu. Il met une grosse agressivité dans ses duels aériens. C'est quelque chose dont vous avez besoin quand vous êtes un défenseur en Premier League. Il deviendra un grand joueur dans le futur. J'ai été déçu pour lui qu'il n'y ait pas eu de résultat positif à la fin, mais sa performance est encourageante» ne manquait pas de souligner Brendan Rodgers en octobre dernier. Avec autant de voyants au vert, Leicester est dans une position idéale.

Leicester peut rêver d'une belle saison

Leader, certes provisoirement, mais leader quand même, Leicester a donc envoyé un message en se mêlant pour l'instant à la course au titre et aux places qualificatives en Ligue des Champions. Si la triste fin de saison du dernier exercice peut amener à de la prudence, les Foxes sont cette fois mieux armés à la pression et entendent rester fidèles à leurs principes. «Nous ne sommes pas là par hasard. Nous sommes là parce que nous travaillons dur. Les gens pourraient parler de United, de Liverpool et de Tottenham, mais laissez-les parler. Nous ferons nos affaires en arrière-plan tout en espérant que nous serons dans le haut du classement» a affirmé avec ambition James Maddison qui est resté au club cet été malgré l'intérêt de plusieurs clubs.

Plus prudent, son coach Brendan Rodgers entend continuer ainsi : «nous l'avons vu toute la saison. Tottenham, il y a quelques semaines, était un concurrent sérieux pour le titre. Chelsea aussi il y a cinq, six semaines. Tout le monde en parlait. Les gens vont nous associer à eux parce que nous sommes premiers et que nous jouons bien. Il y a les qualités de Manchester City aussi. Liverpool, les champions, et Manchester United ont été formidables. Alors, voir Leicester City au niveau de ces équipes, bien sûr, me rend très heureux. Mais je comprends aussi que pour nous, rester là, ce sera un énorme défi. Mais nous sommes heureux de relever ce défi et c'est ce que nous allons chercher à faire.» En Championship il y a encore sept ans, Leicester nous a déjà fait vivre de très belles surprises en Premier League avec un titre en 2016. Travaillant très bien, les Foxes ne sont pas prêts de laisser leurs supporters au bout de leurs émotions.

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