L’Afrique du Sud baigne dans un énorme scandale raciste avant la CAN 2025
À la veille de la CAN 2025, l’Afrique du Sud est secouée par une affaire extra-sportive majeure. Le sélectionneur des Bafana Bafana, Hugo Broos, fait l’objet d’une plainte pour propos racistes et sexistes après une conférence de presse polémique. Un scandale retentissant dans un pays encore profondément marqué par l’héritage de l’Apartheid.
À quelques jours du coup d’envoi de la CAN 2025, l’Afrique du Sud se retrouve plongée dans une tourmente extra-sportive d’une rare intensité. Le sélectionneur des Bafana Bafana, Hugo Broos, est visé par une plainte pour propos racistes et sexistes déposée le jeudi 11 décembre par le United Democratic Movement, parti membre de la coalition gouvernementale, auprès de la Commission sud-africaine des Droits de l’homme. Une affaire explosive, d’autant plus sensible que les résultats sportifs sont au vert avec une qualification pour la Coupe du Monde 2026 - une première depuis 2010, et dynamique positive héritée de la médaille de bronze décrochée lors de la précédente CAN. Mais derrière cette réussite, la polémique enfle et menace de ternir l’image d’une sélection nationale qui, dans l’imaginaire collectif sud-africain, dépasse largement le simple cadre du football.
À l’origine du scandale, des propos tenus par le technicien belge de 73 ans en conférence de presse, à propos de son jeune défenseur Mbekezeli Mbokazi, coupable d’avoir manqué son vol pour rejoindre la sélection. Visiblement agacé, Hugo Broos s’est livré à une sortie verbale qui a immédiatement choqué. « Il nous a prévenu hier qu’il avait raté son vol depuis Durban. C’est un nouvel exemple du comportement peu professionnel de nombreux footballeurs sud-africains. C’est un garçon noir, mais il va quitter mon bureau comme un garçon blanc, car je ne peux pas l’accepter », a-t-il déclaré devant les médias. Une phrase lourde de sens, perçue par de nombreux observateurs comme une référence raciale inacceptable, ravivant des blessures historiques encore ouvertes dans un pays où la question de la couleur de peau demeure éminemment politique et sociale.
La Fédération a rapidement communiqué
L’affaire ne s’arrête pas là. Dans la foulée, Hugo Broos a également ciblé la manageuse du joueur, ajoutant une dimension sexiste à ses propos. « Je sais pourquoi tout cela arrive. Il se prend tout d’un coup pour une star. Cette petite femme est sa manageuse et pense connaître le football. Si elle était un peu plus intelligente, elle aurait attendu la fin de la Coupe d’Afrique et même celle de la Coupe du Monde pour recevoir des offres d’autres équipes. Que va-t-il faire à Chicago ? Ce n’est même pas une équipe du top aux États-Unis. Ce n’est pas un bon choix. » Dans un pays marqué à jamais par l’Apartheid, où le sport et le football en particulier ont longtemps été un outil de ségrégation avant de devenir un symbole de réconciliation sous l’impulsion de Nelson Mandela et Desmond Tutu, ces déclarations ont provoqué une onde de choc bien au-delà des terrains. Trente ans après la fin du régime raciste, l’Afrique du Sud reste hypersensible à toute parole pouvant rappeler les humiliations et les discriminations institutionnalisées du passé.
Face à l’ampleur de la polémique, la Fédération sud-africaine de football (SAFA) a réagi par un communiqué particulièrement étoffé, signe de la gravité de la situation. L’instance dirigeante y réfute catégoriquement toute accusation de racisme et de sexisme à l’encontre d’Hugo Broos, estimant que ses propos ont été « déformés et sortis » de leur contexte initial. Selon la SAFA, le sélectionneur belge s’exprimait exclusivement sur des questions de discipline, de professionnalisme et de gestion de carrière, dans un moment de frustration lié à la préparation de la CAN 2025. La Fédération évoque également « une barrière linguistique » ayant empêché Broos d’exprimer avec précision sa pensée, alimentant ainsi des malentendus rapidement amplifiés par les médias et la sphère politique. « Il est regrettable que ma vive réprimande du comportement du joueur et mes commentaires ultérieurs aient été interprétés à tort comme du racisme et du sexisme », a tenu à préciser l’intéressé, se dissociant formellement de toute intention discriminatoire.
La SAFA va plus loin en rappelant que, depuis sa prise de fonctions en mai 2021, Hugo Broos n’a jamais fait l’objet de la moindre plainte interne pour des faits de discrimination, ni de la part des joueurs, ni du staff technique. Au contraire, la Fédération met en avant son rôle déterminant dans la reconstruction des Bafana Bafana, saluant son exigence, son franc-parler et sa capacité à instaurer une discipline collective jugée essentielle au redressement de la sélection nationale. Concernant les propos visant l’agent de Mbekezeli Mbokazi, l’instance assure qu’ils visaient avant tout à dénoncer une logique de profit immédiat, au détriment du développement à long terme du joueur. Tout en appelant au calme et au soutien populaire à l’approche de la CAN, la SAFA réaffirme son soutien total à son sélectionneur. Mais dans un pays encore profondément marqué par l’héritage de l’Apartheid, beaucoup d’observateurs se demandent si cette défense institutionnelle suffira à éteindre un incendie où le football, une fois de plus, se retrouve au cœur des débats de société.
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