Donald Trump va tout faire pour empêcher l’exclusion d’Israël par la FIFA
Alors que la FIFA tente de se tenir à distance du tumulte géopolitique, Donald Trump a promis de tout faire pour empêcher l’exclusion d’Israël des compétitions internationales. Mais à mesure que la guerre à Gaza s’enlise, la pression monte sur Gianni Infantino et les instances du football mondial, accusées de deux poids, deux mesures.

En ouverture du conseil de la FIFA, réuni ce jeudi à Zurich, Gianni Infantino a cherché à calmer les tensions autour du dossier israélien. Tout en appelant à la « paix » à Gaza, le président de l’organisation mondiale du football a déclaré que la FIFA « ne peut résoudre les problèmes géopolitiques », renvoyant dos à dos les critiques et les partisans d’une suspension d’Israël. Derrière cette neutralité de façade, beaucoup y ont vu un message rassurant adressé à la fois à Jérusalem et à Washington, où l’administration Trump, revenue au pouvoir depuis un an, a promis de s’opposer frontalement à toute tentative d’exclusion d’Israël des compétitions internationales. Pourtant, malgré les mots d’apaisement d’Infantino, le dossier est loin d’être clos : le débat enfle dans les couloirs de l’UEFA et pourrait devenir l’un des plus explosifs avant la Coupe du monde 2026, co-organisée… aux États-Unis avec le Mexique et le Canada. Depuis plusieurs mois, les appels à sanctionner Israël se multiplient dans le monde du football. Le 16 septembre, une commission d’enquête des Nations unies a conclu que les autorités israéliennes et les forces de sécurité menaient à Gaza des opérations « avec une intention génocidaire ». Dans la foulée, quatre experts indépendants de l’ONU ont exhorté la FIFA et l’UEFA à suspendre Israël, estimant que « les instances sportives ne doivent pas fermer les yeux sur de graves violations des droits humains », alors que la Fédération israélienne est sortie du silence plus tôt dans la journée.
Le parallèle avec la décision prise contre la Russie en 2022, après l’invasion de l’Ukraine, est dans toutes les têtes. En quarante-huit heures, Moscou avait été bannie de toutes les compétitions internationales. Deux ans plus tard, alors que plus de 60 000 Palestiniens ont péri selon les autorités locales, ni la FIFA ni l’UEFA n’ont pris la moindre mesure à l’encontre d’Israël. Cette différence de traitement est devenue un symbole du « deux poids, deux mesures » dénoncé par de nombreux acteurs du football mondial. Lise Klaveness, présidente de la Fédération norvégienne, a été l’une des premières à briser le tabou : « Si la Russie est exclue, Israël devrait aussi l’être », a-t-elle déclaré publiquement, à quelques jours du match Norvège–Israël prévu le 11 octobre. D’autres dirigeants, notamment en Espagne, en Irlande ou en Afrique du Sud, partagent cette ligne. Même au sein de la FIFA, plusieurs délégués des fédérations arabes et africaines ont demandé que les deux enquêtes ouvertes sur le comportement de la Fédération israélienne soient accélérées. Mais jusqu’ici, les instances dirigées par Infantino temporisent, renvoyant les décisions à des commissions internes, une manœuvre qui rappelle à beaucoup la stratégie d’enlisement employée lors de précédents scandales éthiques.
Trump prêt à monter au créneau
De son côté, Donald Trump a choisi la fermeté. L’administration américaine a confirmé par la voix d’un porte-parole du département d’État qu’elle « fera tout pour empêcher toute tentative de bannir Israël de la Coupe du monde ». Washington redoute qu’une suspension d’Israël ne provoque une crise diplomatique majeure à quelques mois du tirage au sort du Mondial 2026, prévu à Washington D.C. en décembre. Pour Trump, il s’agit aussi d’un enjeu politique. Défendre Israël reste une pierre angulaire de sa base électorale et de sa politique étrangère. Selon plusieurs sources diplomatiques, la Maison-Blanche aurait déjà fait savoir à l’UEFA et à la FIFA qu’un bannissement serait perçu comme une « attaque politique contre un allié des États-Unis ». Ce soutien inconditionnel illustre la nouvelle convergence entre Zurich et Washington sur un dossier hautement inflammable. Mais le football européen n’échappe pas à la pression grandissante. Plusieurs clubs et joueurs se sont exprimés, à l’image de Mohamed Salah, qui a dénoncé « le massacre d’innocents » à Gaza, et plus récemment Pep Guardiola et Paul Pogba. En Norvège, la Fédération a décidé de reverser les recettes du match contre Israël à Médecins sans frontières, tandis que des supporters de différents pays prévoient des actions de boycott symboliques.
Les ONG de défense des droits humains, comme Fair Square ou Human Rights Watch, rappellent que la Fédération israélienne viole déjà les statuts de la FIFA en organisant des matches sur des terres palestiniennes occupées et en tolérant des actes de racisme répétés dans ses compétitions domestiques. Pour ces organisations, la question dépasse désormais la politique : il s’agit de l’intégrité même du système de gouvernance du football mondial. À mesure que l’on approche du Mondial 2026, la pression risque de s’intensifier. La prochaine réunion du comité exécutif de l’UEFA, prévue début décembre, pourrait aborder la question israélienne, même si elle n’est pas encore à l’ordre du jour. Dans les couloirs du siège de Nyon, certains évoquent déjà une possible fracture entre les fédérations occidentales et les pays du Sud global. Pour la FIFA, l’enjeu est colossal : maintenir son image d’organisation « apolitique » tout en défendant ses propres statuts qui interdisent toute discrimination ou violation des droits humains. Entre la diplomatie offensive de Donald Trump et les appels croissants à la suspension d’Israël, Gianni Infantino marche sur une ligne de crête. Et plus la guerre à Gaza s’enlise, plus il sera difficile, pour la FIFA comme pour l’UEFA, d’échapper à la tempête politique qui s’annonce.
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