Rudi Garcia au Napoli : diagnostic d’un échec cuisant et historique

Par Valentin Feuillette
7 min.
Rudi Garcia, l'entraîneur du Napoli @Maxppp

Rudi Garcia a été limogé de son poste d’entraîneur du Napoli, seulement cinq mois après son arrivée en grande pompe dans les travées du stade Diego Armando Maradona. Un mariage surprenant qui se conclut donc par un divorce plus que jamais attendu. Bilan d’un désastre total.

Rudi Garcia à Naples, c’est déjà fini. Certains tifosi napolitains diront même que l’aventure est enfin terminée. En effet, le revers contre Empoli (0-1) à domicile, lors de la 12ème journée de Serie A, a été la goutte de trop. Perdre face aux 19èmes du championnat italien a sonné le glas de Rudi Garcia sur le banc du Napoli. «Le Napoli a décidé de révoquer la nomination de Rudi Garcia en tant qu’entraîneur principal de l’équipe première. Nous tenons à le remercier, ainsi que son équipe, pour la collaboration dont ils ont fait preuve jusqu’à présent», est-il écrit dans le communiqué officiel publié ce mardi après-midi sur le site du club italien, annonçant ainsi le départ définitif de l’entraîneur français. Après la rencontre dimanche, le président Aurelio De Laurentiis avait déjà organisé une réunion avec les dirigeants Mauro Meluso, Maurizio Micheli et Antonio Sinicropi afin de décider qui sera le nouvel entraîneur du Napoli, à l’heure où la presse italienne avait annoncé le limogeage à venir de Rudi Garcia. Au final, c’est Walter Mazzarri qui est l’heureux élu.

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Avant de dresser le bilan de ce cataclysme retentissant, rembobinons un peu la cassette pour se rappeler de l’arrivée de Rudi Garcia en juin dernier. Après le départ de Luciano Spalletti, la direction napolitaine, portée par son mythique et folklorique président Aurelio De Laurentiis, a dû se mettre à la recherche d’un nouveau chef d’orchestre pour reprendre la barre des Partneopei, fraîchement auréolés d’un Scudetto historique après 33 longues années d’attente. Mais plus les mois estivaux passaient, plus les premiers doutes commençaient à ressortir à Naples car l’homme d’affaires italien de 74 ans enchaînait les entretiens au restaurant sans jamais officialiser son nouvel entraîneur, à l’heure où le remplaçant de Kim Min-jae, parti au Bayern, en défense centrale se faisait aussi attendre et le directeur sportif Cristiano Giuntoli quittait le navire pour les bureaux de la Juventus. Finalement, malgré les rumeurs impliquant Julian Nagelsmann, Vincenzo Italiano, Luis Enrique, Christophe Galtier, Thiago Motta ou encore Raffaele Palladino et Sérgio Conceição, c’est bien Rudi Garcia qui a été choisi pour prendre la relève de Luciano Spalletti, battant la concurrence d’une dizaine de noms mentionnés durant l’été.

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La disparition de la domination napolitaine

Il était une fois en Italie, au pied du Vésuve, une formidable équipe invincible créée des mains de Luciano Spalletti qui s’est lamentablement brisée au contact d’un seul homme : Rudi Garcia. La défaite à domicile contre Empoli dimanche est la quatrième de la saison, la troisième en championnat après les précédents revers contre la Fiorentina et la Lazio. La plus grande préoccupation d’Aurelio De Laurentiis est que tous ces échecs se sont produits directement sur la pelouse du Diego Armando Maradona, où l’année dernière sous la houlette de Spalletti, seules les équipes de la Lazio et de l’AC Milan ont pu repartir avec les trois points. La comparaison, qui se poursuit avec son prédécesseur, est encore plus alarmante pour Rudi Garcia : au 12 novembre, Naples a globalement perdu toutes compétitions confondues le même nombre de matches que lors de l’intégralité de la dernière campagne en championnat avec Spalletti. L’équipe championne d’Italie a perdu trois de ses cinq derniers matchs à domicile, soit le même nombre de défaites au cours des 25 rencontres précédentes.

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Même en regardant les chiffres dans le jeu, le Napoli de Rudi Garcia semble à des années lumières de celui de Luciano Spalletti, alors même que les cadres sont essentiellement les mêmes (hormis le départ de Kim Min-jae). Au même stade de la saison, les Partenopei avaient encaissé, sur l’exercice 22/23, un total de 12 buts avec l’actuel sélectionneur de la Nazionale aux commandes contre 13 buts avec Rudi Garcia cette saison, soit un de plus, symbole d’une arrière-garde bien moins solide et constante. Même son de cloche sur les lignes offensives : 37 buts inscrits par Naples au 12 novembre 2022 contre seulement 24 aujourd’hui. Toutes ces données reflètent également la différence de points au classement entre les deux années : la saison 22/23 était déjà dominée par le Napoli de Spalletti avec 41 points sans aucune défaite, contrairement à la saison actuelle sous Rudi Garcia, au cours de laquelle les Napolitains sont bloqués à 21. Soit une différence majeure de vingt unités de moins.

Des embrouilles internes avec les cadres

Au-delà de l’aspect purement sportif et du bilan comptable, la gestion du vestiaire et les relations qu’entretenait Rudi Garcia avec ses joueurs ont été plus d’une fois pointées du doigt en seulement cinq mois sur le banc de Naples. Plusieurs épisodes sont venus contrarier le début de saison, déjà bien compliqué, des Partenopei, à cause de frictions internes entre Rudi Garcia et certains de ses meilleurs joueurs comme Khvicha Kvaratskhelia. Lors du nul frustrant face au Genoa (2-2), l’ancien du Dinamo Batumi a été remplacé à la 89e minute alors qu’une victoire était encore à la portée du club de Campanie. Dans son désarroi, le Géorgien a fait un geste de la main qui semblait questionner et remettre en question le choix de l’ancien technicien de l’OL et de l’OM notamment. Mais ce n’est pas le seul orage avec Rudi Garcia.

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Quelques jours plus tard, alors que le Napoli était en déplacement à Bologne dans le cadre de la 5ème journée de Serie A, Victor Osimhen a également exprimé sa frustration au moment de quitter la pelouse. Moins de 15 minutes après avoir manqué un penalty, l’idole de la ville s’est vue être remplacée par Rudi Garcia. Un choix qui n’a pas plu à l’attaquant nigérian, très furieux au moment de s’assoir sur le banc de son équipe. Bis repetita avec Matteo Politano dans la défaite contre la Fiorentina. Auteur d’une belle prestation individuelle, l’international italien a été remplacé à la 56e minute du match et a fait part de sa colère après ce choix de Rudi Garcia. Il est sorti de l’autre côté du terrain, n’a pas serré la main de son coéquipier Jens Cajuste puis a fait un geste de la main vers son entraîneur.

Un avenir en pointillés pour Rudi Garcia

Et maintenant ? C’est la question qui fâche. Après avoir quitté l’Olympique Lyonnais et l’Olympique de Marseille en se mettant à dos la majorité des supporters des deux clubs, Rudi Garcia posait ses bagages en Italie pour son retour en Europe suite à sa pige en Arabie saoudite sur le banc d’Al-Nassr. Il retrouvait ainsi le championnat italien qu’il connait parfaitement puisqu’il avait fait les belles heures de l’AS Rome pendant trois saisons entre 2013 et 2016. Sous sa houlette, les Giallorossi avaient terminé à deux reprises à la 2ème position de Serie A en disputant même les 8es de finale de la Ligue Europa puis de la Ligue des Champions. Avant ce désastre total avec le Napoli, Rudi Garcia avait une réputation parfaite en Italie, un véritable statut et un respect fort de ses confrères entraîneurs, des journaux transalpins et de certains joueurs marquants. Mais en gâchant le très bon travail effectué par Luciano Spalletti chez les tenants du titre napolitains, le natif de Nemours a peut-être définitivement dit adieu à une possible suite de carrière en Italie. Une désillusion qui laissera des marques dans l’esprit des Italiens, surtout après la magnifique épopée romantique du Napoli la saison passée, de retour sur le toit de l’Italie après 33 ans d’attente et trois ans après le décès de Maradona : la chute est brutale à Naples.

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Considéré par beaucoup de tifosi napolitains comme l’un des pires entraîneurs récents du Napoli avec Roberto Donadoni (2009), compte tenu de la belle équipe qu’il a reçue à sa signature, Rudi Garcia voit un épais brouillard sur son avenir. Difficile de savoir ce que l’entraîneur français, qui aura bientôt 60 ans, fera dans les prochains mois ou dans les prochaines années. Un retour en Arabie saoudite pourrait peut-être être envisagé, mais la plupart des clubs du Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite (PIF) ont d’ores et déjà un entraîneur sur leur banc : Jorge Jesus à Al-Hilal, Matthias Jaissle à Al-Ahli et Luis Castro à Al-Nassr, auquel il faut ajouter Steven Gerrard à Al-Ettifaq. Seul le club d’Al-Ittihad, où évoluent les Français N’Golo Kanté et Karim Benzema, est à la recherche d’un nouveau tacticien après l’éviction de Nuno Espirito Santo. Mais selon la presse étrangère, l’Argentin Marcelo Gallardo est le grand favori. Autre possibilité pour Rudi Garcia : rester au Moyen-Orient et imiter Christophe Galtier en allant chercher un banc au Qatar.

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