Ligue 1

Comment la mode du 3-5-2 s’empare de la Ligue 1

Depuis le début de la saison de plus en plus de clubs de l’élite évoluant dans un schéma en 3-5-2, avec trois stoppeurs et deux latéraux avancés. Avec une certaine réussite. Décryptage des différents modes d’utilisation de ce système autrefois banni en France et qui tend à se banaliser dans l'Hexagone.

Par Alexis Cimolino
4 min.
Le 3-5-2 de Nice impressionne depuis le début de saison comme ici face à Lyon Maxppp

Dimanche soir, l’Olympique de Marseille version Rudi Garcia décrochait un match nul au Parc des Princes. Une jolie performance pour un club qui n’avait plus pris le moindre point face au PSG depuis octobre 2012. Pour son baptême du feu sur le banc olympien, le nouvel entraîneur marseillais concoctait un 3-5-2 ultra-défensif. Une stratégie anti-footballistique, rétorqueront les adeptes du beau jeu, mais terriblement efficace pour cadenasser, avec un peu de réussite, les attaques parisiennes et préserver un résultat fondateur. Le 3-5-2 ne serait-il pas, d’ailleurs la recette «anti-PSG» pour ses adversaires français, moins bien armés et donc obligés de faire le choix de subir ? Sans aller jusque-là, cette tactique a en tout cas prouvé sa relative efficacité dans ce type de rencontre. Car l’OM n’est pas la seule équipe à faire un résultat à Paris dans ce schéma. Le 9 septembre dernier, Saint-Etienne, dans un dispositif similaire, arrachait miraculeusement un match nul (1-1) face au quadruple champion de France en titre. Avec, cette fois-ci, un peu plus d’expérience puisque Christophe Galtier l’utilise régulièrement. Fin août, Monaco, dans une organisation similaire (défense à quatre mais un latéral, Sidibé, aligné un cran plus haut), faisait chuter (3-1) les hommes d’Unai Emery au stade Louis-II. Le TFC de Pascal Dupraz, vainqueur 2-0 des Parisiens au Stadium un mois plus tard, évoluait en 4-4-2, mais avec quatre arrières latéraux de métier. D’autres équipes de Ligue 1 ont choisi, elles, d’aller plus loin en intégrant durablement ce schéma à leurs plans de jeu.

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Pourtant, ce n’était pas gagné. Début avril dernier, le Paris Saint-Germain sortait sans gloire de la Ligue des champions après sa défaite sur la pelouse de Manchester City (1-0). Une rencontre marquée notamment par l’expérimentation ratée de Laurent Blanc, qui, en l’absence de plusieurs cadres, avait décidé d’aligner une défense à 3. On pouvait alors penser que très peu d’équipes hexagonales s’aventureraient à utiliser un schéma tactique dans lequel baignent de nombreuses formations de Serie A italienne mais en revanche très peu maîtrisé en France. L’inverse s’est produit. Dans la lignée d’un Euro 2016 où quelques sélections (Italie, pays de Galles) ont effectué un bon parcours dans cette organisation, le 3-5-2 fait son trou en Ligue 1. Non pas qu’il n’existait pas auparavant mais il était beaucoup plus rare de le retrouver sur les pelouses françaises. Nice, et à un degré moindre Lyon, sont les meilleurs exemples de son utilisation régulière.

Nice, le modèle de réussite

L’OL l’a fait, au départ par la force des choses en raison des nombreuses blessures. Avec des résultats. Mais alors que retour du duo Lacazette-Fekir permet à Bruno Genesio de retrouver un schéma de jeu plus classique, ni le résultat ni la manière n’ont suivi. Alors que le club traverse une crise de résultats, ce dispositif permet à certains joueurs de se sentir plus à l’aise, et ce à des postes clés. Car il semble plus adapté au profil de latéraux offensifs comme Rafael et Rybus «J’ai déjà évolué dans ce dispositif lorsque je jouais en Russie donc je sais comment il fonctionne, notamment sur le plan défensif. Je pense qu’il me correspond car j’étais ailier par le passé. Je dois à la fois être devant mais aussi aider la défense, ce qui me convient», confiait notamment le Polonais sur le site du club. En attaque également, Fekir peut jouir de davantage de liberté au soutien de Lacazette. «Sur un côté, ce n'est pas là que je me sens le mieux. Je suis plus à l'aise autour d'un attaquant», expliquait mi-octobre l’international français au Progrès.

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Mais c’est bien un entraîneur étranger qui semble le mieux exploiter le 3-5-2. A Nice, Lucien Favre a articulé son équipe-type autour de ce schéma à partir du match face à l’OM, c’est-à-dire une fois les dernières recrues arrivées (Balotelli, Belhanda, Dante). Ce qui n’est pas étranger à la place de leader des Aiglons ainsi qu’à leur série d’invincibilité après 10 journées. La défense renforcée, avec trois centraux, est la base parfaite d’une maîtrise technique et tactique dans le cœur du jeu, tout en exploitant pleinement les qualités des latéraux Ricardo Pereira et Henrique Dalbert. Le match contre Lyon (victoire 2-0) en est la parfaite illustration. Toute l’intelligence du technicien suisse, qui a su s’adapter à sa nouvelle équipe alors qu’à Mönchengladbach, il évoluait dans un 4-4-2 plus classique. «Il est nécessaire de travailler plusieurs systèmes», a d’ailleurs répété l’Helvète en conférence de presse. «J’ai toujours dit qu’il faudrait trouver le meilleur système de jeu possible, le mieux adapté aux joueurs, s’il existe et si c’est possible. Moi, j’aimerais bien qu’on joue plus haut, qu’on presse plus haut. Pour ça il faut des gars qui se replient, il faut de l’intensité dans les sprints, il faut être compact». Une méthode qui, aujourd’hui, porte ses fruits sur la Côte d’Azur.

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