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Coupe du monde 2022 : au Qatar, l'Arabie Saoudite d'Hervé Renard veut recréer l'exploit

À la tête de la sélection saoudienne depuis trois ans, Hervé Renard espère créer l'exploit en obtenant de bons résultats lors de ce Mondial au Qatar. La sélection s'y prépare depuis un long moment.

Par Hanif Ben Berkane
6 min.
Hervé Renard avec l'Arabie Saoudite @Maxppp

Depuis plusieurs années maintenant, l'Arabie Saoudite essaye de développer plus que jamais son football. L'objectif est clair : être un incontournable du continent asiatique et rester le leader du ballon rond dans les pays du Golfe. Si le Championnat saoudien est déjà très attractif, la sélection tente, elle aussi, de passer un cap en étant régulièrement en Coupe du monde, mais aussi en formant des joueurs de qualité. Alors forcément, depuis l'annonce en 2010 de l'attribution du Mondial au Qatar (le pays concurrent dans le Moyen-Orient), la fédération saoudienne a tout mis en place afin de ne pas être ridicule lors de la compétition. En 2018, lors du Mondial en Russie, l'Arabie Saoudite avait fait bonne figure avec 4 points et ceux malgré la défaite 5-0 lors du match d'ouverture face au pays hôte. Alors pour continuer sur cette lancée, les Faucons Verts ont décidé de miser sur un coach bien connu en France : Hervé Renard.

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Le "sorcier blanc", comme il est surnommé sur le Vieux Continent, est arrivé dans la peau d'un entraîneur à succès fort de ses expériences en Afrique et de sa qualification avec le Maroc au Mondial 2018. Malgré sa fin d'aventure décevante avec une CAN 2019 gâchée avec les Lions de l'Atlas, Hervé Renard a donc accepté de prendre les rênes de la sélection d'Arabie Saoudite avec l'objectif de participer à une nouvelle Coupe du monde. Son rêve ultime. C'est ce qu'il a réussi à faire en qualifiant assez facilement son pays en terminant premier devant le Japon ou encore l'Australie au troisième tour (il avait, avant cela, terminé premier au second tour devant l'Ouzbékistan). «Nous avons réalisé une campagne formidable. Je suis arrivé en poste en août 2019 et depuis, les joueurs m'ont donné entière satisfaction par leur engagement. Je n'ai absolument rien à leur reprocher. Nous nous sommes qualifiés en battant des équipes comme le Japon et l'Australie, ce n'est pas rien, mais le plus gros défi reste à venir», expliquait-il récemment dans un entretien à la FIFA.

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Une jeune génération intéressante

Pour obtenir des résultats rapidement, l'ancien sélectionneur du Maroc a eu le champ libre et la fédération saoudienne lui a laissé carte blanche. Outre les qualifications pour le Mondial, l'Arabie Saoudite a disputé plusieurs compétitions et notamment la Coupe Arabe l'année dernière au Qatar. Dans cette compétition qui a vu l'Algérie de Youcef Belaili l'emporter, les équipes présentes devaient être composées uniquement de joueurs locaux ou des pays du Golfe puisqu'en plein milieu de la saison dans les championnats européens. Si cela a forcément impacté des équipes comme le Maroc ou l'Algérie, cela n'a pas été le cas de l'Arabie Saoudite puisque tous les joueurs évoluent dans le Championnat local. Mais dans un désir de développement, Hervé Renard a décidé de ne convoquer que des U23 laissant ainsi les plus expérimentés à l'écart. La marche était par contre trop haute puisque l'équipe était sortie dès les phases de poules avec un seul petit point. Mais peu importe, l'essentiel était ailleurs. Ces matches ont permis à l'ancien coach de Sochaux de repérer des nouveaux joueurs pour la sélection.

Et cela a marché puisque l'équipe peut maintenant compter sur des jeunes talents comme par exemple Firas Al-Buraikan. Le jeune attaquant de 22 ans a remporté la Coupe d'Asie Espoirs en juin dernier avec l'Arabie saoudite. Il est désormais titulaire à la pointe de l'attaque et pourra être un atout de taille pour son équipe. Et la nouvelle génération pourra être épaulée par des anciens plus expérimentés qui ont connu 2018 comme Salem Al Dawsari. Hervé Renard ne manquait d'ailleurs pas d'éloges à son sujet. «Salem a beaucoup d'expérience au plus haut niveau en Asie et a remporté deux des trois dernières Ligue des champions de l'AFC avec Al Hilal. Salem et Salman Al Faraj comptent parmi les deux meilleurs joueurs des Faucons verts et ont tous les deux été décisifs pour leur club en Ligue des champions. Je leur ai dit que j'aimerais les voir au même niveau de forme sur la scène internationale, où les enjeux sont complètement différents. Ils vont devoir se préparer de la meilleure manière pour aider l'équipe à obtenir les meilleurs résultats possibles.»

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Des résultats positifs

Pour rapidement faire progresser la sélection, Hervé Renard s'est focalisé plusieurs mois sur le championnat saoudien. Pratique quand on sait que 100% de son effectif joue dans ce championnat. Le technicien français a rapidement su qu'il devait s'appuyer sur les cadres des gros clubs saoudiens comme Al Nassr ou Ittihad qui sont très compétitifs sur le continent asiatique. «L'avantage est que cela me donne la possibilité de suivre toute la saison saoudienne et de regarder chaque match. Nous sommes sept personnes dans l'encadrement technique et nous nous déplaçons dans tout le pays pour assister à chaque rencontre. Peut-être qu'un jour, il y aura un réel besoin pour les joueurs saoudiens d'évoluer à l'étranger, ce qui me conviendrait très bien, pour qu'ils se confrontent à un niveau plus élevé, par exemple en Ligue des champions. Mais à l'heure actuelle, je prends ça comme un avantage, même si cela signifie aussi que nous manquons un peu d'expérience contre des équipes plus compétitives comme celles qu'on peut trouver en Europe», avouait-il pour la FIFA.

Et pour l'instant, on peut dire que son travail paye. Plutôt bien même. La formation saoudienne n'a jamais paru aussi solide collectivement. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Depuis sa prise de fonction, Hervé Renard a disputé 32 matches pour seulement 5 petites défaites (16 victoires et 11 nuls). Lors du dernier match de préparation pour le Mondial, l'Arabie Saoudite s'est inclinée 1-0 face à la Croatie, mais en livrant un match très intéressant. Avant cela, les Faucons Verts restaient sur 6 matches sans défaite. Globalement, il n'y a que la Colombie, le Japon, le Venezuela qui ont réussi à faire tomber la bande à Hervé Renard. Le résultat d'un travail poussé avec l'aide aussi de Nasser Larguet. Ancien DTN du Maroc sous Hervé Renard, il avait quitté son poste de directeur du centre de formation de l'OM pour prendre la tête du projet saoudien il y a un an maintenant. Pour le moment, cela porte ses fruits. De quoi donc permettre de rêver lors de ce Mondial même si le groupe sera relevé avec la Pologne, le Mexique et l'Argentine. Mais l'ancien coach du LOSC y croit et veut réitérer l'exploit de 1994 (qualification en 8e). «L'heure est venue de redorer le blason de l'équipe nationale en atteignant de nouveaux les huitièmes de finale d'une Coupe du Monde. C'est arrivé pour la dernière fois dans les années 90, et notre objectif à la prochaine Coupe du Monde et celles qui suivront est de faire au moins aussi bien. (...) Même si nous sommes dans un groupe difficile, nous devons être ambitieux. Sans ambition, pas la peine de se présenter à une Coupe du Monde. Nous allons devoir nous pousser, croire en nos chances et essayer d'atteindre nos limites.» Première réponse ce mardi à 11h face à l'Argentine.

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